Ce texte est le fruit mûr d'une vie. L'auteur y exprime toute sa raison ainsi que toute son âme. Il dit ce qu'il sait et ce qu'il sent. Il clame l'universalité de la vie et le péché de la plupart des hommes, qui ne voient en elle qu'un supermarché de la consommation de biens matériels sans percevoir l'importance de ceux qui, bien qu'immatériels, fondent leur propre existence, même s'ils demeurent cachés. Tout ce qui va suivre a déjà, sans aucun doute, été écrit ou dit par toute une foule de prophètes, de poètes, d'écrivains et même de gens ordinaires. Aussi, nous ne nous faisons pas faute d'en citer un certain nombre avec bonheur. Seule la vérité importe, quelle que soit la bouche qui la proclame ou la main qui la couche sur le papier ! Il y a des êtres qui ont un don et qui, sans doute, l'ont aussi patiemment travaillé. Dans un style concis, en quelques mots qu'ils savent admirablement faire chanter, ils ont le pouvoir de faire apparaître la réalité de la nature et de notre nature à travers la magie du verbe dont ils sont dépositaires, comme un cadeau des dieux. Alors pourquoi se priver de leur musique qui touche en plein coeur notre âme, sans effort et tout naturellement ? Certes, nous ne prétendons pas avoir tout dit. A-t'on d'ailleurs jamais tout dit ? Peut-on vraiment épuiser le développement d'une idée ? Nous essayons cependant d'exprimer l'essentiel sur un sujet aussi grave que celui de l'existence. Pour ce faire, nous n'avons pas peur de nous répéter, mais en changeant d'images ou en reprenant d'autres exemples pour mieux illustrer notre propos. En paroles, comme en musique sacrée, il faut savoir accentuer et user de constantes répétitions. C'est tout l'art du pédagogue qui a la prétention d'instruire sans lasser. Nous ne saurions trop conseiller de parcourir lentement, au pas du boeuf, cet article, car le grand galop ne lui convient pas. L'indigestion serait vite à la porte ! Ce n'est pas un texte romanesque, un récit de voyage (encore que !) ou une chronique sportive. Non, c'est une réflexion profonde qui appelle de fréquents arrêts pour méditer un peu plus en avant des vérités toutes simples et pourtant éternelles. Nous prévenons nos lecteurs que tout ce qui a été écrit dans les pages suivantes n'a pas la prétention de parler intégralement à chacun d'entre eux. A chaque personne de trouver ses affinités avec une partie ou une autre de celles-ci. Mais ce qui nous paraît important, c'est que l'essentiel soit entendu et que chaque être trouve son chemin pour repartir en nouveauté de vie avec une compréhension agrandie et un amour plus intelligent de l'existence. Nous avons tenté d'ajouter notre modeste pierre à ce temple vivant. St.Exupéry disait : "La pierre n'a point d'espoir d'être autre chose que pierre. Mais de collaborer, elle s'assemble et devient temple !" Ainsi avons-nous fait ! Alors, faisons fi de nos concepts usés, de notre égoïsme qui sacrifie l'avenir, de notre orgueil sot et insupportable qui accumule trop souvent un savoir faux et destructeur. Mutons dans l'humilité, dépouillons-nous de notre crasse, ainsi que des habits étriqués et rapidement usagés que la complexité de nos états psychomentaux, centrés sur nous-mêmes, nous fait constamment revêtir. Retranchés dans notre forteresse mentale, ce qui affecte nos relations avec le vivant, nous entretenons avec ce dernier un manque ou une mauvaise communication, ne tenant pas compte de l'essentiel. Notre comportement s'en trouve irrémé "diablement " troublé.... Notre "autocentrisme" sépare les autistes (1) que nous sommes, de la vie universelle. Au lieu de communiquer profondément avec la nature des êtres et des choses, donc avec la grande nature, au lieu de jeter un regard intérieur assez fin et omnidirectionnel dans leur substance même (ce qui constituerait une chance d'effriter le mur qui nous sépare de l'univers), nous prenons des téléscopes et des microscopes pour essayer de percer le mystère qui plane sur le monde. Au lieu d'étudier l'essence, nous étudions la matière. Soulevant ainsi plus de questions que nous ne trouvons de réponses, nous sommes obligés, pour survivre, de créer des substituts artificiels pour pallier à nos manques profonds. Ne soyons plus cette pauvre créature qui rampe sans jamais élever son regard vers les hauteurs universelles. L'homme, malade de lui-même, vit tel Peau-d'Ane, misérable et loqueteux, alors qu'il est né richard, que c'est un prince en puissance, doté d'un capital animique qu'il laisse dormir sans s'en servir. Pourquoi nous "carapaçonner"
dans un vêtement couleur de temps ou de lune, alors que
nous avons dans notre garde-robe une tunique couleur de soleil
? "Il était un pauvre serpent qui collectionnait toutes ses peaux. C'était l'homme !" (Jean Giraudoux) L' homme contemporain se pose beaucoup de questions mais rarement les bonnes... Aussi passe- t'il son temps à chercher des réponses qui n'amènent pas ou peu de qualité à son existence. On pourrait même dire, hélas, que les quelques fragments de réponses qu'il trouve l'aident plutôt à la détériorer. De toutes façons, chaque fois qu'il résoud un problème, une nouvelle énigme se pose à lui. C'est une course sans fin et sans fond. Les fruits pourris de la science matérialiste sont visibles partout. Ils ont pour nom : pollution des esprits, des âmes et des corps, pollution de la nature tout entière. En fait, que fait-il de sa vie, à quoi occupe-t'il son temps, ce temps vide et mortel auquel il dérobe parfois quelques minutes pour sa véritable vie ? Goethe disait déjà : "Une vie inutile est une mort anticipée." Et le Christ de conseiller à un de ses disciples : "Laisse les morts ensevelir les morts, mais toi, suis-moi !" (Mathieu Ch. 8, vers. 22). Qui étaient donc ces morts-vivants si ce n'est tous ceux qui n'avaient pas rallumé en eux la flamme de la JOIE D'ETRE ET DE LA CONSCIENCE D'EXISTER DANS UNE VIE UNITAIRE ? Dure vérité, terrible vérité ! L'homme, s'il n'est pas bridé dans ses élans, rend tout complexe et dénature tout. En cette fin d'ère, c'est le bouquet final de toutes les fleurs de son inconscience et de sa bêtise. Il ne sait plus se contenter d'une vie simple et harmonieuse en accord avec les lois de la création. St Exupéry écrivait avec justesse : "La vérité, vous le savez, c'est ce qui simplifie le monde et non ce qui crée le chaos. La vérité, c'est le langage qui dégage l'universel. La vérité, ce n'est point ce qui se démontre, c'est ce qui simplifie." Alors nous posons la question
: l'homme détient-il la vérité au vu de
ses oeuvres complexes et de la confusion de son esprit qui fragmente
le vivant et en inverse les valeurs ? Après son passage,
la vie s'est-t'elle enrichie ou bien s'est-elle appauvrie ? Laisse-t'il
à ses enfants une terre et une société plus
agréables à vivre, les problèmes existentiels
ont-ils diminué ou augmenté ? Sait-il au moins
ce que veut dire réellement exister ? Connaît-il
les vraies richesses, celles qui de tous temps sont garantes
de qualité de vie, tant matérielle que spirituelle,
ce qui n'entrave pas, bien au contraire, sa durée ? La présence de l'inutile doit peu à peu s'effacer . Le terrain redevenu vierge peut alors être ensemencé d'une nouvelle conception de vie, qui n'est qu'un retour à la vraie vie, celle que nous n'aurions jamais dû quitter. Dans un univers dépouillé du factice, notre âme vibre naturellement avec tout ce qui vit sur la terre comme au ciel et s'illumine en fusionnant avec eux. C'est la grande réconciliation ! Pris par l'intérieur et non prisonnniers d'une carapace qui nous limite, nous sommes dedans ! Et croyez-nous, ça change radicalement la vision des choses ! Auparavant désintégrés, nous nous sentons réintégrés à la nature, avec laquelle nous avons une source commune qui remonte aux origines même du fleuve de la vie. Sur terre, nous ne sommes qu'une goutte d'eau et polluer celle d'à côté, c'est ipso-facto nous polluer nous-mêmes ! Qu'on ne s'y méprenne pas ! Quand nous parlons de pollution de la nature, nous étendons ces termes tant à la vie spirituelle (d'où tout part et où tout revient) qu'à la vie matérielle. L'homme a "par nature" trois modes d'être : un physique, un animique et un spirituel. Fonder une communion complète, c'est l'étendre à la fois à l'immanence et à la transcendance de l'être, l'un n'allant pas sans l'autre, ou même plus exactement, l'un agissant sur l'autre dans une continuité. Comme les racines de l'arbre avec sa ramure, tout est lié et interdépendant. Nous qui nous disons intelligents, quand comprendrons-nous l'évidence que l'inter et l'exter sont les deux faces d'une même entité qui se reflètent mutuellement de la même manière que la peau est le miroir visible des intestins ? Peut-on d'ailleurs valablement fonder une réelle communion sans transcendance ? A suivre.... (1) - L'autisme est une maladie mentale dans laquelle l'individu s'isole totalement du monde environnant. Emmuré en lui-même, son âme semble insensible à tout et ne communique plus. |