Au programme :

MEXIQUE
L'arrivée au Mexique (21 sept 2002)
Les Tortillas
Ascencion (22 sept 2002)
Modif vélo (24 sept 2002)
Diarrhée à la caserne (25 sept 2002)
Camping près d'un collège (Chihuahua, 01/10/2002)
Sur les routes du Mexique
La police ? Trop gentil...
La célèbrité... bof. (3 oct 2002)
La faune et la flore.
Le monde en un village de 100 personnes
Guanajuato (22 oct 2002)
Mexico city (4 nov 2002)
Teotihuacán (9 nov 2002)
Puebla (12 nov 2002)
Gustavo accueille tous les grands cyclistes qui passeraient par Puebla. Son adresse : Raquel, Judith, Gustavito y Gustavo - Fresno 99 - Arboledas de Guadalupe - Puebla Puebla "Mexico" - C.P. 72260
Oaxaca (01 dec 2002)
Fox ?
Pacifique (8 dec 2002)
Qui répond à ma main levée sur les routes du Mexique ?
Fin Mexique (17 dec 2002)

GUATEMALA
Entrée fracassante (?, bof...) au Guatemala (18 dec 2002)
Le pays des 10%
La capitale Guatemala

SALVADOR
Remake mauvais accueil USA (29 déc 2002)
L'accident (29 déc 2002)

CONCLUSIONS SUR CETTE PREMIERE PARTIE DE TOUR DU MONDE
Le retour en France

Quoi de neuf en Yougoslavie ?
" Papa, pourrais-tu me parler de la politique ? "
Nouveau départ (31janv2003)
Le jeune gardien
Passage de police
Frontière Salvador-Honduras (3fev2003)

Honduras
L'insolation (3fev2003)
La "condición fisico"

Nicaragua
L'histoire en très bref
Frontière Honduras - Nicaragua (5fev2003)
Leon, 6 fev 2003
Sabado 8 febrero 2003, ça souffle...
Hector le cyclo-surfeur (9 fev2003)

Costa Rica
Très bref historique
Frontière Nicaragua - Costa-Rica (10fev2003)
Circulation
Le vent

Panama
Historique, et le Canal...
Panama city (23fev2003)
Recherche "barca"
Colon
Pour ceux qui partent
Evolution et réflexion sur mon voyage

http://risal.collectifs.net/



Le Mexique

 

Je ne vais pas trop vous parler de l'histoire du pays. Je crois qu'un historien le ferait mille fois mieux que moi. Puis il vous est assez facile d'emprunter un bon livre dans une bibliothèque.
Ce qu'il faut retenir quand même :
- Les premiers habitants du continent américain vinrent probablement de Sibérie (pont naturel) entre 60000 et 8000 avant notre ère.
- Puis se sont suivies au Mexique de nombreuses civilisations : Olméques, Monte Alban, Teotihuacan, Mayas, Zapotèques, Toltèques, Mixtèques, Chichimèques, Aztèques, etc.
- 1492, Christophe Colomb découvre l'Amérique. Croyant être arrivé en Inde, il appellera les autochtones les "indiens".
- En 2 ans (1519-1521), les civilisations mexicaines, qui avaient duré près de trois millénaires furent anéanties par les Espagnols. Ils introduirent de force une nouvelle religion et réduisirent à l'esclavage la population native.
- En 1810, c'est le début de la guerre d'indépendance et de la grande rébellion contre les Espagnols.
- Puis le pays doit se battre pour ses territoires frontaliers avec l'Amérique du Nord (1846-1848).
- Napoléon III est venu faire la guerre aussi au Mexique en 1861.
- Et vint le temps de la révolution mexicaine en 1910 (Pancho Villa, Zapata, etc.). 10 années de violente guerre civile qui ont fait disparaître 1,5 à 2 millions d'individus.
- Le président du Mexique aujourd'hui est Vicente Fox (ancien patron de Coca-Cola...). Il doit s'attaquer au problème de la drogue, au problème de la corruption et à la très inégale répartition des richesses du pays.

Voici un petit texte très intéressant de la lettre d'information d'Attac : Le Plan Puebla-Panama, prochaine étape de la mondialisation des sociétés.


L'arrivée au Mexique (21 sept 2002)

Comme je devais quitter les Etats-Unis au plus tard le 23 septembre 2002, ces dernières semaines, j'ai beaucoup roulé et abandonné, pour un temps, la rédaction des récits. A la frontière, j'ai vu le fameux mur que j'avais déjà vu à la télé (Envoyer Spécial, France 2). C'est pire que le mur de Berlin : un grillage, un canal, un grillage, une zone où patrouille la police, un grillage, un canal, un grillage, un autoroute ! [photo "116-1670"]
Pour sortir des US et entrer au Mexique pas de problème, personne ne me parle ou ne m'arrête, je ne fait même pas de tampon (normalement il faut remplir une carte de touriste). Par contre, de l'autre côté, pour ceux qui rentrent aux US, c'est la queue sous le regard de 10aine de caméras de surveillance !
Au Mexique les armes à feu sont interdites. Merci !
Après cette frontière, j'ai l'impression de me retrouver dans la banlieue de Dakar (j'y ai vécu 2 ans). Il y a des papiers/plastiques partout, les maisons sont en très mauvais état, les petits magasins sont peints de couleurs vives et joyeuses, les bus dégagent une épaisse fumée noire, les gens me regardent tous passer en parlant ou sifflant joyeusement, etc.
Bien sûr, dans cet immense souk aux routes défoncées et sans panneaux, je suis vite perdu. J'essaie de demander mon chemin, mais mon espagnol est encore trop mauvais, puis personne ne parle anglais, je m'arrête dans une station-service pour souffler... Comme par miracle, un jeune homme (de 30 ans env.) vient me parler spontanément en anglais ! Ouf, je suis sauvé ! Il m'explique la route que je dois prendre, puis quelques trucs sur le pays. Ici, pas la peine de changer mes US dollars, ils sont bien acceptés dans tout le Mexique (un problème en moins). D'après lui, l'eau est partout potable, mais d'après le Lonely planet toutes les nappes du nord du pays sont polluées (des entreprises américaines viennent d'ailleurs parfois déposer leurs déchets illégalement au Mexique).
Un petit texte intéressant pour mieux situer les lieux : Mexique : Femmes perdues dans l'arrière-cour de Satan (Gianni Proiettis)

Les Tortillas
Malheureusement ici, le pain de mie que j'achetais à 0,8 euros aux "Estados Unidos" est à 1,6 euros ! Et on ne trouve pas de vrai pain ou seulement dans les très grands supermarchés des grandes villes. Les gens ici mangent à longueur de journée (9h, 15h, 21h) des espèces de crêpes (pâte de farine de maïs écrasé, puis chauffée), appelées "tortillas". On y met à peu près tout : des haricots, de la viande hachée, du riz, etc. C'est une habitude qui date d'avant la conquête espagnole (civilisations Olmèques, Téotihuacan, Mayas, Toltèques, Aztèques, etc. Bien avant le 16ème siècle).
Comme j'ai un mois d'avance sur mon programme (pas fait la côte Ouest des Etats-Unis), et qu'il pleut encore beaucoup dans le sud du pays, je prends le temps tous les matins, comme dans beaucoup de familles mexicaines, de me faire mes tortillas/crêpes pour la journée.
Aussi, à mon grand regret, la vie n'est pas beaucoup moins cher qu'aux USA, il y a même des augmentations : essence (0,5euros au lieu de 0,3euros/l), sardines (souvent importées du Canada), etc.

Ascencion (22 sept 2002)
Ascencion, dans l'état du Chihuahua (il y a 31 états dans la république du Mexique), première "grande" ville mexicaine pour moi. En arrivant, je me fais bien sûr tout de suite repérer avec mon vélo bizarre, les gens rigolent, sifflent et des gamins me suivent avec leurs petits vélos de cross. Moi je cherche la tranquillité, et finis par la trouver un peu à l'extérieur de la ville, près du complexe sportif. Il y a un peu d'herbe, pas trop de monde, puis surtout un robinet d'eau potable (?). Je monte la tente, quelques curieux m'observent discrètement, mais ce sont des timides... Le gardien m'a vu aussi, mais il n'ose pas venir me parler, il viendra seulement le lendemain. Je vais rester 2 jours ici, pour normalement rattraper le retard dans les récits. Mais, il y a vite beaucoup de monde qui passe me voir. On me donne des pastèques (de 5Kg!), des tortillas, des pommes, etc. Je ne suis pas encore habitué à temps de gentillesse ; après la froideur des USA, ça fait bizarre. [un ami :photo 117-1705] Avant de quitter la ville, je trouverai un ordinateur pour transférer des fichiers sur mon PSION et améliorer encore le confort du vélo :

Modif vélo (24 sept 2002)
Avant le grand départ de France, j'avais redressé le siège de manière à laisser de la place pour caser derrière celui-ci ma poche à eau. Puis aux Etat-Unis, je me suis aperçu que cette nouvelle position me donnait moins de puissance dans les montées et le poids prolongé du haut du corps me faisait un peu mal au bout de quelques heures. Comme je savais qu'au Mexique, tout comme en Afrique, on me prêterait sans problème tous les outils possibles, j'ai attendu. Et aujourd'hui, à Ascencion, je me suis trouvé un petit réparateur de voiture. Je lui explique ce que je veux faire, et ensemble on bricole pendant plus d'1 heure et demie. J'en profite aussi pour me refaire une petite tablette-guidon. Bien sûr, toute la famille et les voisins viennent voir, et dès qu'il manque une pièce (par exemple un écrou), tout le monde se met à chercher partout. A la fin, je me propose de donner 5 dollars/euros ne serait-ce que pour payer l'électricité (perceuse+poste à souder), mais rien à faire, ils refusent ! "Nada" (rien). Impressionnant... [photo 117-1706]

Diarrhée à la caserne (25 sept 2002)
Ce soir, à Casas Grandes, alors que je m'apprêtais à planter ma tente près de la caserne de pompier (pas génial en cas de feu dans la ville, mais je n'avais pas trouvé mieux), des jeunes pompiers m'ont vu et proposé de passer le grillage pour profiter d'un beau parterre d'herbe, de leur douche, et de leur cuisine.
Depuis le temps que je m'inquiétais sur l'eau... je trouvais qu'elle avait un goût bizarre. Et cette nuit, c'est arrivé ! Après une bonne grosse plâtrée de pâtes aux légumes, la maladie ! Toute la nuit à vomir ! Quel gâchis ! (;-)) Du coup, j'ai arrêté de manger pendant 2 jours, j'avais tellement peur de revivre le même enfer !
Mais les pompiers m'ont facilement fait oublier ce problème intestinal. Avec un peu d'espagnol, d'anglais, et de français, on arrive à beaucoup discuter. Des journalistes aussi sont passés faire un petit reportage sur mon voyage.
Avant de quitter les Etats-Unis, j'avais mis une affiche "recherhe un graveur de cdroms" derrière mon vélo pour vider les cartes mèmoire de mon appareil photo numérique. Là-bas, pratiquement toutes les familles ont un graveur de cds, mais personne n'était près à m'aider... Ici, au Mexique et à Casas Grandes, c'est l'inverse : pratiquement personne a un graveur de cds, mais mes amis les pompiers (photo 117-1751) vont chercher partout et finiront par en trouver un à la grande bibliothèque de la ville. Superbe accueil, on reste jusqu'à plus de 21h, mais il n'y a pas de problème...
Quelques jours plus tard, je suis victime d'un fort vent qui m'empêchera encore de planter la tente. Je finis par trouver une place sur un péage d'autoroute [photo 118-1807], il y a 3 jeunes qui font du stop pour remonter vers le nord du Mexique afin de trouver un peu de travail. On discutera une bonne partie de la nuit en mangeant... des pâtes ; j'en ai un stock.

Camping près d'un collège (Chihuahua, 1 oct 2002)
Ce soir, j'arrive à Chihuahua. La nuit va bientôt tomber, il faut que je me trouve rapidement une place confortable pour planter ma tente. Je repère un bon endroit entre deux maisons, comme il y a quelqu'un en face dans la rue, je lui demande si je peux rester là pour la nuit. Évidemment, il n'y a pas de problème. Le monsieur en question s'appelle Luis, il est policier et est venu voir sa fille qui habite dans la rue. Il me tiendra compagnie un moment et me rapportera un gâteau à la noix de coco accompagné d'une bouteille de cola cola. A côté de mon nouveau terrain de camping, il y a aussi un vendeur de glace et bien sur, il m'en propose gratuitement... Je refuse le 1er jour, mais les jours suivant je finis par accepter. Puis enfin, dans le quartier, il y a un collège, avec de très nombreux collégiens/collégiennes qui passent me voir toute la journée [photo "118-1821"]. Je n'ai pas à me plaindre de la solitude ici...
Au Mexique les gens vivent beaucoup plus à l'extérieur. Et dès le vendredi soir, on entend de la musique un peu partout dans les petits villages.

Sur les routes du Mexique
Du côté de Toronto, j'avais rencontré sur la route un avocat juif qui faisait des petites randonnées à vélo pour essayer de diminuer un peu son excès de poids (photo 109-0955). Il avait voyagé surtout en Amérique du Sud, et en Chine. Pas du tout en Europe à cause du grand nombre d'antisémites, c'est ce qu'il me disait en rigolant... Il m'avait aussi déconseillé de poursuivre mon voyage vers le Mexique et l'Amérique du Sud en prétendant qu'il y a beaucoup plus de circulation et de camions sur les routes. Pour lui, c'était mieux que je prenne l'avion à Vancouver pour l'Australie. Mais qu'est-ce que j'aurais raté ! Comme quoi il ne faut jamais trop écouter ce qu'on vous dit ! Ici au Mexique, tout le monde me salue et vient me parler. Sur les routes, les coups de klaxons sont cette fois amicaux, et accompagnés d'une main grande ouverte qui monte très haut vers le ciel, c'est autre chose que l'index levé sur le volant que je voyais à peine.
Puis les camions, pour le moment il n'y en a pas plus qu'aux Etats-Unis. C'est vrai qu'ils sont souvent pressés, et qu'ici c'est plus les camions qui doublent les voitures, mais quand je me mets au milieu de la route pour les obliger à freiner car il y a quelqu'un en face et que je ne veux me faire frôler, ils ralentissent gentiment et attendent derrière moi le temps que le trafic opposé se vide, et je lève ma main pour les remercier. Ici, je mets mon écarte danger en permanence, et personne ne râle. Bref, c'est impressionnant comme deux populations si proches géographiquement peuvent être si différentes.
Au Mexique il y a parfois deux grosses routes parallèles : l'une gratuite (pleine de camions), et l'autre payante (autoroute, limitée à 90,100,110Km/h). Avec un peu de chance, on vous laisse rentrer à vélo sur la payante sans vous faire payer, et vous avez le droit de rouler tranquillement sur une route neuve et pratiquement vide. La police ici est un peu moins présente qu'aux Etats-Unis et elle me dit bonjours plutôt que de me dire que je n'ai pas le droit de rouler sur cette route...
En Amérique du Nord, j'avais noté une petite baisse de trafic sur les routes le week-end (surtout pour les camions), mais ici malheureusement ce n'est pas le cas.
Bref, la vie est beaucoup plus cool, et beaucoup moins stressante. Les gens prennent le temps de vivre, ils s'arrêtent facilement pour discuter. Les Mexicains sont aussi très curieux : régulièrement je vois des voitures s'arrêter devant moi pour me regarder passer. Ils font parfois semblant de vérifier leurs pneus ou se cachent discrètement derrière leur volant, mais quand je leur fais signe de la main en souriant, ils sourient et arrêtent leur comédie.
Il y a aussi une chose importante à faire quand on entame une discussion ici, c'est de dire que l'on n'est pas américain (pas un "gringo"). Quand je dis la phrase magique "Soy Francés", les gens deviennent encore plus gentils...
Enfin, tout ce que vous venez de lire, je l'ai écrit quand j'étais au Nord du Mexique. Et plus je me rapproche de Mexico ("la ciudad de Mexico", ou "Distrito Federal"), plus il y a de trafic et de gros camions partout. A suivre...

La police ? Trop gentil...
La police au Mexique ne m'embête pas du tout, sauf peut-être cette nuit... J'avais trouvé une bonne place, assez éloignée du bruit de la ville avec quelques maisons aux alentours (il y a toujours des enfants qui viennent me parler). Puis vers 22h, une voiture de police s'arrête près de ma tente. Un homme me questionne, je lui explique mon histoire, lui dit que je suis la juste pour une nuit et que je ne veux pas sortir à cause des moustiques. C'est bon, il part en me souhaitant une bonne nuit ! Puis 10mn après, une autre voiture de police arrive, je sors de la tente, ils me disent que c'est dangereux de rester ici, et qu'il faut ("por favor") que je les accompagne. Ils appellent et demandent à un autre 4×4 de venir me chercher, puis me conduisent à la mairie du village où il y a aussi le poste de police. Là, je pourrais planter ma tente sur de l'herbe bien fraîche et dans un silence de plomb. Le lendemain matin, le maire vient me serrer la main et me propose son aide en cas de besoin. La police ne m'a jamais demandé mes papiers. Ils voulaient juste me conduire dans un lieu plus confortable. Etrange...

La célèbrité... bof. (3 oct 2002)
J'ai du mal à comprendre pourquoi tant de gens rêvent d'être célèbre...
Je roulais tranquillement en direction de Delicias (la ville des journalistes). Une voiture me double et s'arrête au loin. Probablement pour me regarder passer, me dis-je. Situation classique... Mais une femme sort de cette voiture et commence à faire des signes au bord de la route, me demandant de m'arrêter.
Bon, je m'arrête. Puis commence l'interrogatoire journalistique auquel je me plie gentiment. Elle appelle un photographe qui arrive quelques minutes plus tard dans sa vieille coccinelle. Après quelques photos, on repart chacun dans son véhicule. Véhicules bruyants et sales pour eux, véhicule silencieux et 100% propre pour moi. Le photographe me suivra jusque dans la ville.
Dans cette ville, je vais à la bibliothèque municipale afin de me connecter à internet à moindres frais. Malheureusement, c'est payant... J'explique mon problème et l'on me dirige vers la mairie où quelqu'un accepte de me prêter son ordinateur pour 1h. Arrivé à la mairie, je tombe dans un guet-apens de journalistes. Et c'est à nouveau l'interrogatoire journalistique pendant presque une heure !
Mais les plus gros problèmes seront pour les jours suivants. Avec cette publicité (journaux et radios, voir dans la partie Médias), sur la route, je vais passer mon temps à dire bonjour ou à m'arrêter pour me faire prendre en photo avec la famille...
Et même sur l'autoroute, lancés à plus de 100Km/h, des conducteurs s'arrêtent brutalement pour me serrer la main ! J'en ai même vu un faire marche arrière... Vous vous imaginez faire marche arrière sur plus de 300m au milieu de l'autoroute ? Enfin... Heureusement il n'y avait personne d'autre.

La faune et la flore
Avant le Mexique et du côté de Washington et Montreal, je voyais surtout beaucoup de marmottes, des corbeaux, puis aussi parfois des aigles (photo1, photo2).
Au Colorado, les marmottes ont disparu. Le climat était trop chaud pour elles... Et ce sont les serpents qui les ont remplacés. Au Nouveau-Mexique, j'ai pu observer encore plus d'aigles et des corbeaux de large envergure.
Arrivée au Mexique, je commence à voir des cactus partout et découvre beaucoup d'insectes.
Comme le dit si bien le guide LonelyPlanet, le Mexique est l'un des pays du monde qui possède les richesses biologiques les plus variées. Y sont représentés 1041 espèces d'oiseaux, 439 mammifères, 989 amphibiens et reptiles (nombreuses tortues de mer) et 26000 espèces végétales (presque toutes les espèces connues de cactus). Le Mexique fait partie de la douzaine de pays tropicaux où sont concentrés les deux tiers des espèces végétales et animales de la planète.
Bien sûr, pour voir toutes ces merveilles, il vaut mieux aller dans des parcs nationaux ou des réserves des biosphères. Pour ma part, je me contente principalement d'observer les aigles qui passent, intrigués, au dessus de mon bent. Parfois, j'aperçois aussi des espèces de lézards le long des routes [photo 117-1712], ou découvre de nouvelles espèces d'insectes, des sortes de mouches [photo 119-1947], de grands milles pattes [photo 118-1805, 25cm], ou de grandes araignées style mygale [photo 117-1795]. J'ai découvert aussi une nouvelle sorte de sauterelle : les "sauretelles reines". Elles sont toutes noires avec le dessous des ailes rouges [photo 117-1719, photo 117-1729]. J'ai vu aussi beaucoup de sauterelles qui se mangent entres-elles [photo 118-1801]. Puis des lièvres à oreilles géantes.

Le monde en un village de 100 personnes
Je vous fais part ici de ce qu'un copain m'a envoyé par internet. Ca me paraît intéressant :
Si on pouvait réduire la population du monde en un village de 100 personnes tout en maintenant les proportions de tous les peuples existants sur la terre, ce village serait composé ainsi :
- 57 asiatiques
- 21 européens
- 14 américains (nord, centre et sud)
- 8 africains

Il y aurait aussi :
- 52 femmes et 48 hommes
- 30 blancs et 70 non blancs
- 30 chrétiens et 70 non chrétiens
- 89 hétérosexuels et 11 homosexuels
- 6 personnes posséderaient 59 % de la richesse totale et tous seraient originaires des USA
- 80 vivraient dans de mauvaises maisons
- 70 seraient analphabètes
- 50 souffriraient de malnutrition
- 1 serait en train de mourir et 1 en train de naître
- 1 possèderait un ordinateur
- 1 (oui, un seulement) possèderait un diplome universitaire

Guanajuato (22 oct 2002) [photo panoramique, 3Mo]
Guanajuato est une ancienne (1559) riche ville coloniale qui tient sa richesse des nombreuses mines d'argent et d'or (parmi les plus riches du monde à l'époque). La majorité des édifices coloniaux, sont demeurés intacts, ce qui fait de Guanajuato un monument vivant (inscrit au Patrimoine mondiale de l'UNESCO) au passé prospère. Mais la richesse actuelle de Guanajuato est aussi due à son université (+ de 21000 étudiants), réputée pour son enseignement artistique et aussi au fameux Festival Internacional Cervantino qui se déroule tous les ans en octobre.
Par chance, et j'en ai beaucoup, en arrivant à Guanajuato j'ai été accueilli par une famille mexicaine. Je roulais assez rapidement en direction de la ville, une mère de famille (Lys) et ces enfants, en voiture, ont vu ce véhicule bizarre qu'est mon vélo avec à l'arrière "El mundo para la bicicleta". Ils m'ont suivi. Je me suis arrêté dans une station-service Pemex (Petrole du Mexique) pour faire le plein d'eau, et Lys en a profité pour me parler et m'inviter chez elle.
Je vais rester une semaine à Guanajuato ; jusqu'à la fin du festival. La ville est superbe. Avec, comme souvent au Mexique, beaucoup de couleurs.
Lys, qui parle très bien l'anglais, et son mari Enrique qui parle un peu français (étude d'il y a 25 ans), vont me présenter à beaucoup d'amis francophones ou anglophones. Ce qui me permettra d'en apprendre encore plus sur le Mexique et sur les Mexicains. En fait, le pays est beaucoup plus riche que ce que l'on pourrait penser. Mais la richesse est encore très très mal répartie. Puis il n'y a pratiquement pas d'aide de l'état, pas de système de retraite, pratiquement pas de système d'assurance maladie, etc. On rencontre beaucoup de familles avec 2, 3 voir 4 voitures et une superbe villa avec pleins d'employés. Mais en même temps, on voit des enfants sans chaussure, et des familles qui vivent dans des baraques en bois et qui n'ont pas souvent l'occasion d'acheter une boite de sardine à 0,8 euros (un enfant m'a une fois fait la remarque...).
Les repas se prennent à 7-8h, 14-15h et 21-22h. La nourriture ici, ça n'a bien sur rien à voir avec les Mc Do des EU... C'est bon et varié.
On a été très marqué ici aussi par les attentats des twins towers de New-York. Mais en général, personne n'y comprend rien. La population est très catholique, il n'y a pas de musulman, le gouvernement américain a terrain libre pour sa propagande.
Après cette semaine de repos, entre des visites de musées, des concerts gratuits, et des rencontres avec des amis de Lys et Enrique, je suis reparti les muscles amenuisés sur les collines en direction de Dolores Hidalgo (plus de 20Km à 5-12%, passage de 1900m à 2600m d'alt., journée très difficile), où j'ai dormi chez les parents de Lys. Puis 100Km plus bas, à Quéretaro, j'ai dormi chez le frère de Lys. En sortant de San Miguel de Allende [photo 122-2211, photo 122-2213], je me fais klaxonner par un nord américain qui juge que je prends trop de place avec mon écarte danger. On ne change pas ses habitudes, même quand on change de pays... Mais j'ai pris un risque, ils y a énormément d'"étatsuniens" à San Miguel, je le savais en y allant.

Mexico city (4 nov 2002)
En arrivant à Quéretaro, le trafic s'est, comme dans toutes les grandes villes, amplifié. J'ai donc sortie mon casque et mon petit masque qui filtre les plus grosses particules, puis mis une affiche "Je suis fatigué de votre pollution" ("Estoy cansado de su contaminacion") à l'arrière du bent.
Ensuite, entre Quéretaro et Mexico DF, j'ai vécu l'enfer sur plus de 250Km... Une autoroute saturée de 2×3, 2×4, et 2×5 voies en arrivant à Mexico ! Enfin, j'avais toujours ma musique, heu...? quand j'arrivais à l'entendre...
Maintenant, les voies d'arrêt d'urgence, s'il y en a, sont utilisées pour doubler tout le monde... Je garde les yeux collés au rétroviseur...
A Mexico, il pleuvait souvent. Il n'y avait donc pas trop de pollution.
Après une nuit dans un petit bosquet de la banlieue nord où la police est venue me demander de partir (et oui, ici aussi... mais c'était un quartier riche). J'avais espéré trouver de l'aide à l'alliance française, afin de dégoter une petite place tranquille pour planter ma tente et passer une semaine à visiter la ville tout en mettant le site internet à jour (surtout pour rajouter des photos car le cdrom que j'ai envoyé en France est arrivé en mauvais état). Mais, je n'ai pas eu la chance de rencontrer des Français hospitaliers. Pas évident...
Une certaine Sylvie (responsable de l'alliance) m'a gentiment proposé d'aller voir à l'office du tourisme le plus proche. Je crois qu'elles auraient pu faire un petit effort et que des jeunes comme moi qui font un tour du monde à vélo, elle ne doit pas en voir souvent ! 4m² m'auraient suffi... Mais bon... Vous savez que le monde est à refaire... et beaucoup de gens sont à refaire...
Donc, j'ai passé ma deuxième nuit dans la banlieue sud de Mexico entre deux terrains de sport. A ma gauche un petit match de foot dans la boue que j'ai pu apprécier en mangeant ma ration de pâte sous l'éclairage public. Et à ma droite des terrains de basket, où le lendemain matin des étudiants jouaient. Sans m'en apercevoir, j'ai encore dormi à côté d'une école...
Dans la ville, il y a des jeunes qui ont monté une petite entreprise de taxis écologiques. C'est des vélos (évidemment, ...qui dit écologie dit vélo) qui tirent une petite charrette de 2-3 personnes. Et je dois avouer qu'ils sont certainement plus courageux que moi. Car se battre avec les voitures toute la journée pour trouver un chemin où rouler et dans cette pollution... faut être solide ! Ils n'ont peut-être pas le choix...
Au Mexique, une certaine confusion règne autour de l'Ecologie :
Les panneaux des autoroutes (les grosses routes bien sales) sont verts. Les couleurs de la PEMEX (société nationale de pétrole) c'est le vert. Les employés de la PEMEX portent des casquettes où l'on peut lire parfois quelque chose du style "service écologique". Puis on appelle les périphériques "periférico ecológico" ! ([photo 122-2262] N'en parlez pas à Chirac..., il pourrait nous le faire à Paris).
Ma 3ème nuit à Mexico, je l'ai passé dans un petit parc tranquille où personne n'est venu m'embêter. Le lendemain, j'essaie de trouver un cybercafé vide qui accepte de me laisser travailler une 10aine d'heures gratuitement sur un PC inutilisé, mais ce n'est pas possible... (remarque : je n'avais pas de budget internet à l'époque)
Donc je quitte cette capitale en affrontant de nouveau l'énorme trafic et la pollution (le soleil est présent).

Teotihuacán (9 nov 2002)
Ah, les fameuses pyramides de Teotihuacán !

Teotihuacán abrita vraisemblablement à son apogée (entre 250 et 600) 125 000 habitants et dirigea ce qui fut sans doute le plus grand empire précolombien du Mexique.
Son édifice le plus considérable (70m de haut), la Pirámide del Sol (du soleil, photo 122-2244), 2ème du Mexique par la taille et 3ème au Monde (après Cholula et Khéops en Egypte), date des années 150.
Au 7ème siècle, la cité de Teotihuacán fut incendiée, pillée et abandonnée. L'affaiblissement de l'empire qui annonçait cette disparition s'explique soit par l'émergence de pouvoirs rivaux dans le Centre du Mexique, soit par un dessèchement de la végétation dû au déboisement des reliefs voisins.

Puebla (12 nov 2002)
En quittant Teotihuacan j'ai mis le cap plein Est pour me rendre à Véracruz (sur la côte Atlantique). Il parait que c'est une belle ville. Mais sur mon chemin, Gustavo (mexicain de 50 ans environ) s'est arrêté en voiture pour me parler et m'inviter chez lui à Puebla. Donc j'ai fait un petit détour à Puebla. Gustavo est radiologiste et sa femme, ou plutôt sa campagne (pas mariés), est chirurgienne en ophtalmologie. Ils ont deux enfants et, comme dans toutes les familles où la mère travaille, une employée de maison le matin.
A Puebla, il y avait, tout comme à Guanajuato (voir plus haut), un festival international. Donc j'en ai profité pour assister à beaucoup de spectacles/concerts gratuits (photo). Un soir, alors que j'admirais un ballet "folklorico de Rusia" avec mon fidèle compagnon (le Bent) que je suis dans tous ses déplacements, Francisco, jeune homme de 32 ans, m'a abordé et invité chez lui à une réunion d'amis où j'ai rencontré des jeunes d'Italie, d'Allemagne, de Belgique, de Finlande, de Suède, de France, etc. Tous ces jeunes européens sont arrivés au Mexique pour aider volontairement et gratuitement une association qui s'occupe des "enfants de la rue". Après ce premier soir, tous les jours je suivis Francisco qui m'invitait un peu partout avec ces nombreux amis. Un dimanche, je suis monté à 4500m d'altitude, en haut de la Malinche, 4ème montagne du Mexique (photos : 123-2327, 123-2330, 123-2373). Ce jour là j'ai été surpris de mon excellente condition physique ! Mais bon, quand je pense à toutes les petites montagnes que je grimpe à vélo depuis 5 mois, c'est normal, j'ai de l'entraînement...
Je suis allé voir aussi la plus grande pyramide du monde : la pyramide Tepanapa (4ème siècle). Encore plus grande que Kheops en Egype. Malheureusement elle est en majeure partie recouverte de terre qui lui gâche sa notoriété. En haut de cette pyramide, comme souvent dans la région, il y a une belle église... Après plusieurs siècles de travail acharné par les anciennes civilisations, les conquistadors sont arrivés pour imposer leur religion... Un rien sarcastique ! (photo 123-2372)
Le festival international de Puebla s'est terminé. Cela faisait déjà 2 semaines que je vivais confortablement dans la caravane de Gustavo et Judith. Il était temps de partir. Mais après toutes ces agréables et enrichissantes rencontres, ça n'a pas été facile...
La souffrance physique que je rencontre en grimpant les montagnes n'est rien à côté de la souffrance morale qu'on ressent quand il faut quitter des gens qui vous donne énormément et que vous ne reverrez certainement jamais.
Au fait, Gustavo accueille tous les grands cyclistes qui passeraient par Puebla. Son adresse :

Raquel, Judith, Gustavito y Gustavo
Fresno 99 - Arboledas de Guadalupe
Puebla Puebla "Mexico"
C.P. 72260

Oaxaca (01 dec 2002)
Heureusement, la nature a su me faire oublier mes peines sentimentales. Il faut dire aussi que j'ai bien choisi la route : la plus dur, mais la moins encombrée. Ca montait et descendait sans arrêt (entre 1100m et 2400m). Je crois que c'est la partie la plus dure, avec le nord de Québec ville, que j'ai traversé pour le moment.
A Oaxaca (capitale de l'état de Oaxaca), j'ai vu la plus belle église (intérieur) depuis mon départ de France le 24 juin 2002 : l'église de Santo Domingo (photo : 124-2439, 124-2440, 124-2441. 124-2443). Dans cette grande ville, encore bien polluée, je logeais chez des amis de Judith et Gustavo (de Puebla), docteurs aussi...

Fox ?
Quand je demande aux gens ce qu'ils pensent de leur président Fox, les réponses sont : "il a changé après les élections", "il est honnête", "la politique qu'il mène ne profite qu'aux plus riches".
J'ai appris aussi que c'est depuis longtemps un grand copain intime de Bush... Fox était aussi patron de Coca-Cola.
Dans une rue de Oaxaca : photo 124-2444. Fox est passé en France en nov 2002, si vous suivez un peu les actualités, vous pouvez comprendre. Il a fait un beau discours en soutenant G.Bush.
Bref, les réponses des gens sont plutôt négatives. Avant Fox, c'était un gouvernement de gauche, socialiste, mais les gens en ont eu marre... Et maintenant... #!%$*

Pacifique (8 dec 2002)
Après Oaxaca, ca a monté, monté, monté, et encore monté (5-12%). De 1300m à 2800m. Puis arrivé à 2800m, ca a redescendu vers 1500m, pour remonter encore à 2500m. Puis finalement, ca a descendu, en montant de temps en temps, jusqu'à 300m. Dans cette ultime descente, j'ai traversé la couche nuageuse pendant une quarantaine de minutes. On y voyait plus rien. Le climat est devenu très humide. J'avais du mal à respirer. C'était comme dans les films quand les conquistadors marchent dans la jungle embrumée. En contrebas de la montagne, dans cet énorme trou rendu invisible par les nuages, j'imaginais un grand bateau de pirate ou une gigantesque pyramide Aztéque. C'est un moment que je vais garder longtemps en mémoire....
Sinon, les descentes c'est bien, mais il faut avoir des bons freins ! Et sur mon bent de 140Kg, j'ai pas de freins à disques, à tambours ou de frein-moteur. J'ai juste des petits freins de caoutchouc... Même en freinant de façon sec et rapide (les pneus souffrent), ça chauffe très vite. Donc je m'arrête régulièrement pour asperger les jantes d'eau. Et parfois, quelle chance, j'aperçois des petites rigoles sur le côté de la route, où coule l'eau fraîche de la montagne : refroidissement assuré en 5mn.
Comme Vaco Nunez de Balboa qui fut en 1513 le premier européen à apercevoir le Pacifique (depuis le Panama, sources Lonely-Planet), je voie aujourd'hui, dimanche 8 décembre 2002 à 12h32, pour la première fois de ma vie le Pacifique.

Qui répond à ma main levée sur les routes du Mexique ? Jeu de main...
Les plus réactifs sont les hommes entre 35ans et 70ans. Après il y a les garçons entre 10ans et 16ans. De 16 à 30ans, ils sont plus méfiant, puis ils me prennent certainement aussi, avec un fond de jalousie, pour un "gringo" (nord américain). Les jeunes filles aussi entre 10 ans et 18 ans me salut facilement, c'est l'âge où elles n'ont peur de rien. Malheureusement, après cet age et dès qu'elles se marient pour avoir des enfants, les femmes s'enferment dans le cocon familial, ont peur de tout, et ne répondent pratiquement plus ou alors très timidement à un grand barbue sur un vélo bizarre qui leur fait signe de la main... "Et pourquoi il me fait signe celui-là d'ailleurs ?". Juste pour créer dans leurs esprits comme un Amour des cyclistes et de la bicyclette... On peut rêver...

Fin Mexique (17 dec 2002)
Beaucoup de Mexicains m'avaient dit que Oaxaca était très beau, que la côte aussi était très belle. Mais j'avoue que j'ai été assez déçu. C'est vrai aussi qu'à vélo, on a pas la même vision, puis je ne suis pas un fan de plages.
J'avais prévu de continuer mon chemin jusqu'à San Cristobal de las Casas et Palenque, il parait que c'est beau aussi... Mais pour finir, je vais rejoindre le Guatemala au plus vite. J'ai passé beaucoup de temps au Mexique. Mon délais de 3 mois se termine le 22 décembre 2002. Si je monte (c'est à nouveau des montagnes, passage de 50m à 2500m...), jusque San Cristobal de las Casas, je vais devoir me presser pour ralier la frontière.

Petit proverbe chinois :
"Il faut faire vite ce qui ne presse pas pour pouvoir faire lentement ce qui presse."


Allez-y ! Vous ne serez pas déçu ! Il y a beaucoup de chose à voir. C'est un grand pays avec toutes sortes de paysages et de climats (désertique, équatorial, etc.). Et les gens ont le sens de l'accueil !


 

L'Amérique Centrale est la région la plus volcanique de toutes les Amériques (2/4 de volcans dormant, 1/4 éteints, et 1/4 actifs). C'est aussi une région où se forme beaucoup d'ouragans (Mitch, etc.)

 




Le Guatemala

" La terre des arbres ", c'est ce que signifie Goathemala en mayatoltèque.

Entrée fracassante (?, bof...) au Guatemala (18 dec 2002)
Le passage à la frontière fut très très facile. A l'entrée du Mexique je n'avais pas pris la peine de passer par le poste et de faire faire la carte touristique. Et bien en sortant, ca ne m'a pas posé de problème... Je suis quand même passé dire bonjour à l'employé Guatémaltèque. Il m'a demandé si j'avais de l'argent, des Quetzals ou des Pesos (je crois qu'il en voulait), mais je lui ai répondu "tengo nada", je n'ai rien. Ce qui était vrai puisque ma carte bancaire n'était pas encore rentrée dans un distributeur Guatémaltèque et que j'avais liquidé tous mes pesos au Mexique. J'avais juste quelques dollars bien planqués. Bref, les frontières ici c'est très très cool...
D'ailleurs, je ne sais pas pourquoi je m'y arrête. Juste pour dire bonjour !
Ici les gens sont encore très gentils, un peu timides, et polis. Le Guatemala, c'est le pays des Mayas, mais aussi parfois :

Le pays des 10%
A peine arrivé au pays j'ai fait l'erreur de passer par Panajachel et le "Lago de Atitlan". C'était très beau mais vraiment impraticable à vélo : des montées de 10% pendant plusieurs dizaines de kilomètres. Parfois du 15-18% ! Avec les 140Kg (20Kg vélo, 50Kg bagages, 70Kg moi) que je tire, à partir de 10% je pousse le vélo sinon je casse beaucoup de rayons (2 de cassés pendant ce parcours) et ça abime énormément la transmission (chaine, pignons). Donc j'ai passé 2 jours à pousser le vélo (20Km/jour), et c'est encore plus dur que de pédaler... Puis le troisième jour j'ai un peu descendu (toujours à -10%, les pneus allaient exploser avec le freinage) pour monter ensuite (+15%), ... bien installé dans un 4×4 (je deviens un peu moins stupide parfois).
Je suis allé à Antigua, une superbe ancienne ville coloniale (voir partie photo 2).
Dans les montagnes, j'ai plusieurs fois aperçu des gens qui s'enfuyaient en me voyant. Surtout les femmes et les enfants. Des gens qui vivent comme au moyen-age. Il y a un robinet pour tout le village. La journée tout le monde part travailler durement dans les montagnes (les femmes/filles cueillent les fruits, les hommes préparent la terre et coupent le bois). Je croise souvent des hommes (parfois des enfants) portant jusqu'à 10-12 grosses bûches dans le dos ! Le repas du soir (soupe) est fait par plusieurs femmes pour tout le village et dans de grands fûts posées sur de larges feux de bois.
Vous ne verrez bien-sûr pas de photos de ces scènes, je suis trop respectueux et je sais que ça les gênerait...


La capitale Guatemala
C'est l'une des rares capitales que j'ai aimé. Il y avait comme toujours beaucoup de voitures et de pollution, mais c'était la veille de Noël. Sur la grande place en face du palais présidentiel et de la cathédrale (voir photos), il y avait un très grand marché d'habits traditionnels et de nourriture (où j'ai pu satisfaire ma faim). Je m'y suis baladé plus d'une heure en écoutant tous les petits groupes de musique. Je n'ai vu aucun touriste. J'étais le seul étranger mais ça n'avait pas l'air de déranger. Une excellente soirée...
La nuit est tombée. Je me suis trouvé une bonne place dans un parc appartenant à la société des eaux. Le gardien était d'accord bien-sûr, on n'est plus aux Etats-Unis ici ...

 

Un petit texte sur la CIA au Guatemala.




Le Salvador

trajet.gif

Je n'ai pas trop aimé le Salvador. Ici, les habits traditionnels n'existent plus, tout le monde est en jeans. Toutes les entreprises que je voyais aux USA, je les retrouve ici (chaines de restauration, supermarchés, stations services, etc.). Mais comment ça se fait ?

Je crois qu'une grande partie de la population est plus étatsunienne que latino-américaine (voir "mauvais accueil ci-dessous").
Ici tout le monde me prend pour un américain (si vous avez lu le début de ces aventures, vous pouvez imaginer ma joie !?). Quand on m'adresse la parole, c'est en anglais ! (adieux l'agréable sonorité de l'espagnol). Et quand je réponds en espagnol, ça surprend plus qu'ailleurs. En fait, j'ai l'impression que sur cette vaste planète Terre, pour les salvadoriens, il y a les Etats-Unis puis le Salvador. C'est tout !

Remake mauvais accueil USA (29 déc 2002)
A Santa Tecla, juste avant la capitale San Salvador, je me trouve une petite place au bout d'un trottoir, sur une petite bande d'herbe. C'est juste à côté d'une zone résidentielle entourée de barbelés, comme j'en voyais beaucoup aux US. Il y a un gardien au portail, je lui dis bonjour, il ne répond pas. Et rapidement, je comprends mieux ce que je sentais déjà depuis quelques jours : ce nord-américanisme ambiant... En fait, beaucoup de Salvadorien vont travailler aux Etats-Unis pour faire de l'argent et quand ils reviennent, ils sont comme les étasuniens. Ils vivent dans des villas/lotissements, ont les mêmes grosses voitures, et ont perdus tout sens de l'hospitalité. Je déballe donc mon matériel sous les yeux du gardien, plante la tente, commence à manger. Des enfants du quartier pauvre d'à côté, ce qui vivent dans les cabanes et qui n'ont pas de voiture, viennent gentiment me parler. Soudain le gardien arrive et me dit que je n'ai pas le droit de rester ici ! Ça fait plus de 3 mois que je n'ai pas entendu ça (depuis les US) ! Ça me fait très bizarre...
Bon, j'essaie de discuter tranquillement de manière à infléchir sa décision, mais je comprend vite que ce n'est pas sa décision mais celle d'une femme d'un immeuble qui est venu lui demander discrètement (à l'"étasuniennes", de façon hypocrite) de me virer. En clair, si je ne pars pas, il perd son boulot. Donc, je remballe mes affaires. Là les "enfants pauvres" insistent pour me faire dormir dans la cité d'en face. Il y a, parait-il, une femme qui accepte que je plante ma tente sur le parking à voiture. Comme il fait déjà noir et que je ne peux décevoir des enfants qui veulent m'aider, j'accepte. Mais, même si la femme est d'accord, les autres locataires à côté n'ont pas l'air du tout d'accord... En plantant ma tente, j'ai un peu touché du doigt leur voiture (pour prendre appui). Un garçon de mon âge vient vérifier si je n'ai rien abîmé... Puis le père vient me demander dans un parfait anglais ce que je fais là. Il ne me demande pas d'où je viens, où je vais, de quelle nationalité je suis, mais juste qui m'a autorisé à dormir ici en face de chez lui ! Peu de temps après, la mère rentre du travail. Elle me regarde méchamment en sortant de sa grosse voiture tout en disant "qu'est-ce que c'est que ça !". Elle demande à son mari, il se fait engueuler, etc. Heureusement, ce n'est pas la même police qu'aux Etats-Unis, sinon celle-ci serait déjà là en train de contrôler mes papiers en me demandant de partir. Malheureusement, quand les enfants "pauvres" viennent me voir pour discuter, il y a toujours un adulte "riche" pour les chasser (remarquez le non sens des mots pauvre et riche, le pauvre est en fait plus riche humainement, et le riche très pauvre d'esprit). Les pauvres n'ont pas le droit d'entrer dans le lotissement des riches, c'est l'amérique des USA. Chacun son ghetto. On me dit que ces enfants là sont dangereux, qu'ils vont me voler, mais c'est eux qui ont déménagés tout mon matériel il y a une dizaine de minutes, là c'était facile de me voler, ils avaient déjà tout dans les mains... Donc je passe la soirée tout seul sous le regard des gens d'en face qui bien-sûr m'observent cachés derrière leurs carreaux et ne viendront jamais me parler.
Je croyais vraiment qu'en quittant les USA j'en avais terminé avec cette mentalité du chacun chez soi qui génère un climat d'insécurité. Quand on discute avec ces voisins, son entourage et même des inconnus de passage qu'on apprend à connaître, on a beaucoup moins peur, on a plus confiance entre-nous et l'on forme comme un bouclier par rapport aux voleurs. Dans le métro parisien par exemple, quand une dame se fait voler son sac, le voleur se sauve sans problème puisque personne ne bouge et que personne d'ailleurs ne connaît cette pauvre dame et ne lui a jamais parlé et que c'est la politique du chacun chez soi/ chacun pour soi. Mais par exemple, à Dakar, au Sénégal, on vit beaucoup plus en communauté, et quand un voleur se fait prendre, tout le monde se met à le poursuivre et à le cogner. Pas la peine de vous dire que les voleurs on très peurs de voler...

Dit en passant, augmenter le nombre de policier pour combattre l'insécurité (ce que fait la droite évidemment) est peu efficace car on ne pourra jamais mettre un policier derrière tout le monde. Puis cela aggrave le climat de peur et de délation. Ce qu'il faut c'est créer un esprit communautaire, qui fait que l'on se connait, que l'on s'entraide, et qu'en cas d'agression (de toute sorte d'ailleurs), l'on s'unisse pour combattre l'agresseur. Comme à Dakar. Et j'imagine comme avant en France... Mais je crois que les gens aimaient se faire peur aussi avant, en entretenant la psychose et en se concentrant sur les malheurs.


L'accident (29 déc 2002)

En arrivant à la frontière Salvador - Honduras (après 13 700Km depuis Washington), j'ai eu un très grave accident dont je me suis tout de même très bien sorti.

Schema de l'accident au Salvador


Dans un petit virage, juste devant le poste frontalier, je me suis garé sur ma droite, sur le "trottoir", un gros camion (style du camion : photo) est arrivé en face (15Km/h) et n'a tout simplement pas regardé à l'intérieur du virage ! J'étais encore sur le vélo en train de mettre mon frein à main et ma béquille, prêt à descendre. J'ai vu arriver la remorque de plus en plus vers moi (virage à droite pour moi et gauche pour lui). La première roue de la remorque a renversé le vélo qui s'est mis sous celle-ci (il n'aurait de toutes facons pas pu tomber à droite car il n'y avait plus de place..., je ne pouvais pas me mettre plus à droite). Mon pied gauche s'est tout de suite retrouvé bloqué entre la roue avant du vélo et la roue du camion. Au début, sa roue a juste poussé le vélo sur une 10aine de mètres (en écrasant la sacoche droite, celle où il y a tout le matériel important). Puis la roue du camion est montée sur le vélo (pédalier, fourche, roue avant). Heureusement, depuis Mexico city, j'ai un gros sifflet de police autour du cou. J'ai donc soufflé de toutes mes forces avant que la deuxième roue n'atteigne mon genou (c'est un virage, la remorque avance de plus en plus vers moi...). Le camion s'est enfin arrêté, sur le bas de ma jambe gauche (pied + cheville) coincée avec la roue avant et les dents du pédalier... Il m'a enfin vu dans son rétro, je lui ai demandé de faire marche arrière, il a fait marche arrière, et j'ai alors pu retirer mon pied (10s après...). Puis par chance, à côte, il y avait un vieux seau, j'ai demandais qu'on m'apporte de l'eau glacée. La police est arrivée, puis 2h après nous sommes enfin allés à l'hôpital pour faire un petit nettoyage (tout petit,q ue j'ai refait moi-même plus tard) de ma jambe.
En fait, sans le sifflet, j'aurais eu la jambe (ou les jambes d'ailleurs) complètement démolie car la deuxième roue, à cause du virage, se rapprochait du haut du corps et arrivait sur le genou. Les gens pouvaient toujours crier pour prévenir le conducteur, il était dans une montée, en pleine accélération, son camion faisait un boucan d'enfer, et petit à petit ça devenait impossible pour lui de me voir (j'étais de plus en plus sous la remorque). Le sifflet de police est vraiment la meilleure solution dans ce cas. Avec un gros klaxon par exemple, le chauffeur peut croire que c'est des ados qui jouent dans la rue...

Les dégâts

- Moi ça va. J'ai des os et des articulations très très durs !!! Et je crois que le fait d'avoir eu la jambe sur la roue du vélo, avec les rayons (qui ont pas mal cassés), ça a diminué un peu les dégâts (ma cheville a écrasé la fourche). J'ai juste le pied et la cheville gonflée, puis les muscles bien écrasés. Je marche douloureusement et lentement (mais ça n'a duré que deux semaines).
- Le vélo est foutu, tout est plié dans tous les sens sauf la roue et la fourche arrière. Le tube central était en alu surdimensionné, aucune soudure n'a bougé (c'était du solide !). (photo1, photo2, photo3)
- Le Canon EOS 100QD avec objectif 28-80 cassé (300euros). L'appareil numérique Canon S30 (679euros), et le PSION (100euros à Denver). Le portefeuille a été râpé, mais le passeport, par miracle (et ça facilite beaucoup les choses), est presque intact (une carte de crédit VISA foutue).
Au total, ça fait environ 2 500euros (16 400FF) de dégâts ! Enfin, ça aurait pu être pire....
Après vérification entre docteurs Salvadoriens et Francais, l'assurance (
GMF qui sous-traite à Fidelia) prend en charge le rapatriement de Santa Rosa de Lima, Salvador (poste de police où je dormais dans ma tente, ce sont des amis maintenant) jusqu'à Bouvignies (chez mes parents, près de Lille). Malgré l'extrême fatigue du chauffeur de taxi (il est 6h du matin, et il travaille depuis 14h la veille...) qui m'a conduit trop rapidement (!) à San Salvador, tout c'est dangereusement bien passé... 3 jours après l'accident j'étais chez mes parents en France.

Les leçons de cet accident : PORTEZ UN SIFFLET DE POLICE AUTOUR DU COU (on ne peut plus efficace). L'assurance bagages c'est quand même intéressant en cas d'accident comme celui-ci... Cela dit, le vélo est tombé pile sur la sacoche la plus importante. Et d'habitude, quand je tombe, elle se décroche... Bravo Murphy... L'assurance rapatriement, indispensable !

Je compte sur vous pour informer tous les cyclistes de la grande utilité à porter un sifflet autour du coup.

J'ai bien sûr l'intention de repartir. J'ai encore pas mal d'économie, mais pas assez pour reprendre trop l'avion ou racheter un nouveau vélo couché. Donc je vais essayer de remplacer juste le cadre et le guidon (achat pièce détacher ou fabrication artisanale) du bent. Je ne pourrais de toutes façons pas repartir en vélo classique. Quand on connaît le confort et tous les avantages du Bent, on ne peut plus s'en passer. Pour les photos, je partirais simplement avec un appareil numérique, tant pis pour les oiseaux avec le 300mm. Le PSION est déjà réparé ; avec les deux cassés, celui de France et celui de Denver, j'en ai refait un "nouveau".

CONCLUSIONS SUR CETTE PREMIERE
PARTIE DE TOUR DU MONDE.

Comme on peut s'en douter, en 6 mois, j'ai appris énormément de choses aussi bien sur les pays visités, les gens, mais aussi le fonctionnement du monde dont peu de personnes malheureusement ne comprennent et ne cherchent à comprendre. Un exemple de l'état d'esprit que j'ai pu voir : à Atlanta, en attendant l'avion de retour pour Paris (rapatriement après mon accident), j'ai discuté avec un nigérien qui vit aux Etats-Unis. Quand je lui demande ce qu'il pense de la politique du gouvernement Bush, il me dit que ça ne l'intéresse pas, "je suis là pour faire de l'argent et pour vivre, le reste à côté on s'en fou..." Chacun prend sa part du gâteau égoïstement. Et la CIA s'occupe de la désinformation (cf. Vénézuela en ce moment).

Je garde surtout d'excellents souvenirs du Québec (génial à vélo), Mexique et Guatemala.

Au niveau technique du vélo, j'ai encore appris beaucoup sur les pneus, l'usure, etc. J'essaierai de transmettre mes connaissances dans la partie "Equipement" de ce site. Le vélo, au moment de l'accident avait 15 700Kmvélo ! Et je n'ai pas eu de problème particulier. Juste des changements de pneus et de chaines.

Les chiffres :

- USA / Canada = 8 502 Km en 93jours. Dépenses = 867euros (rappel vaccin non compris). Ce qui fait 867euros/93j = 9.3 euros par jour. (soit 1 890FF/mois).
- Mexique / Guatemala / Salvador = 5 002 Km en 96 jours. Dépenses = 459euros (tout compris). 4,8 euros / jour. (soit 1 000FF/mois).
 

On s'apercois tout de suite que le coup de la vie est nettement moins cher quand on descend vers le sud. L'avantage de l'Amérique du sud aussi pour un français, c'est qu'il n'y a pas de visa (presque pas la peine de s'arrêter aux frontières...).


Le retour en France
Je suis passé d'un superbe soleil (40ºC) Salvadorien, au froid (-5ºC, janvier) et à la pluie française. Mais ça a été. Dans l'autre sens ce sera plus dur, voir plus bas...
J'ai rapidement écrit au fabricant du vélo "Challenge" (basé au Pays-Bas) en lui expliquant l'accident et en lui faisant un rapport détaillé sur le vélo depuis mon départ de Washington. Il m'a très rapidement (le lendemain, un dimanche) répondu en me disant qu'il allait m'offrir les pièces pour réparer le vélo. Pour finir, comme j'avais un avion 3 semaines après (l'assurance rapatriement avait achetée un billet aller-retour que j'ai pu récupérer) et que Challenge n'avait pas les pièces en stock, Manu, de Ligfiets (vendeur de vélos-couchés à Gent en Belgique), s'est proposé de me donner un vélo complet.
Donc, grâce à Ligfiets Gent le problème du vélo était résolu ! Il ne restait plus qu'à récupérer l'appareil photo numérique qui était parti en garantie. Et là encore j'ai eu pas mal de chance puisque grâce à Camara Orchies, je l'ai récupéré tout neuf la veille de mon départ.

Budget :
+300$ amende du conducteur salvadorien
-144euros déplacement date avion
-387euros réparation appareil photo numérique
-130euros sacoche vélo arrachée (se vend par paire)
-50euros frais divers

Ce qui fait un trou dans mon budget de 411 euros à cause de cet accident. Ca aurait pu être bien pire... Mais ça fait quand même 4-5 mois de voyage en moins.
Je ne remplace pas le gros appareil photo avec zoom 300mm (tant pis pour les photos d'oiseaux et de portraits). Plutôt que de partir avec 2 paires de chaussures (une légère et une lourde), je repars avec une seule paire de chaussures de randonnée étanches mais pas trop lourde. J'ajoute aussi à mon équipement un vieux poste (que j'allège en enlevant le transfo et le HP) qui reçoit les fréquences SW pour écouter RadioFranceInternational partout dans le monde (remarque : les nouveaux petits postes "made in China" reçoivent souvent très mal). À tout ça, je fais aussi le plein de musique : 16 cassettes dont le dernier album "Utopie d'occase" de Zebda que je vous conseille.

Quoi de neuf en Yougoslavie ?
J'ai encore recu un excellent texte de Michel Collon que
vous devez lire à tout prix !
Ca vous aidera beaucoup à mieux comprendre le monde dans lequel vous vivez et que vous faites vivre...

Extraits :
"Au Kosovo, juste à côté de la route du pétrole, les Etats-Unis ont installé une gigantesque base militaire : Camp Bondsteel. Un poste stratégique pour intervenir au Moyen-Orient, dans le Caucase, voire, un jour, contre Moscou. Qui a construit cette énorme base, qui la gêre, qui en empoche les énormes bénéfices ? Brown & Root Services. C'est une filiale de la firme US de services pétroliers Halliburton, le plus gros pourvoyeur de biens et services à l'industrie pétrolière. Un marché énorme. A la tête d'Halliburton, on retrouve Dick Cheney, actuel vice-président des Etats-Unis.
Brown & Root, spécialisée dans les fournitures à l'armée US, a pris de l'importance en 1992 lorsque Dick Cheney, alors secrétaire à la Défense du gouvernement Bush senior lui attribua son premier contrat de soutien logistique aux opérations extérieures de l'US Army. Entre 1995 et 2000, Cheney abandonna la politique et entra à la Halliburton Corporation. La fortune de cette entreprise a grimpé parallèlement à la montée du militarisme des Etats-Unis.
En 1992, B & R construit et entretient les bases de l'US Army en Somalie. Elle y empoche 62 millions de dollars. Montant doublé en 1994 : 133 millions de dollars grâce aux bases et aux soutiens logistiques fournis pour 18.000 hommes à Haiti. En 1999, la société se voit attribuer un contrat de 180 millions de dollars, pour construire des installations militaires en Hongrie, Croatie et Bosnie. Mais c'est Camp Bondsteel qui va constituer "la perle des contrats", comme l'explique Paul Stuarte :
"A Camp Bondsteel, c'est Brown & Root qui assure tout : la fourniture de 2500 m3 d'eau par jour, de l'électricité nécessaire à une ville de 25.000 habitants, le lavage de 1.200 sacs de linge, le service de 18.000 repas par jour et 95% des liaisons ferroviaires et aériennes, plus le service incendie. Avec 5.000 employés kosovars albanais et 15.000 venus d'ailleurs, B & R est le premier employeur du Kosovo." Confirmation par David Capouya, son directeur : "Nous y faisons tout ce qui ne nécessite pas de porter un fusil". Effectivement, la firme de Houston fournit tout, du petit déjeuner aux pièces détachées pour blindés. La guerre grossit directement le portefeuille de Monsieur Cheney.
Et de plus en plus : l'occupation de l'Afghanistan a aussi procuré de juteux contrats à Brown & Root."
[...]
"On sait que la drogue est, avec les armements et la publicité, un des trois secteurs économiques les plus importants de la société capitaliste actuelle. On sait aussi que la CIA a, un peu partout sur la planète, mis en place des trafics ou des trocs armes, drogue, pétrole, et cela en complicité avec les pires groupes maffieux."

N'attendez pas des médias "classiques" qu'ils vous expliquent tout ce que vous pourrez lire dans cet article. La majorité des journalistes savent se contenter d'informations fausses pourvu que les gens achètent. Puis de toutes façons, une large majorité des gens s'en foutent... voir le sketch de Coluche (MP3 d'1,8Mo) dans la partie "Pourquoi" de ce site.
En mettant ce texte de Michel Collon sur mon site, je sais très bien que la plupart des gens ne prendront pas la peine de le lire... Et un des gros problème du monde est aussi là. Enfin, c'est vous qui voyez...

Le texte à lire au format .html (cliquez) ou au format .rtf (cliquez).


" Papa, pourrais-tu me parler de la politique ? "
"J'ai un devoir à rendre là-dessus pour demain." Après un instant d'hésitation, le père répondit : "Bien, je pense que la meilleure méthode pour t'expliquer tout cela est de faire une analogie avec notre famille : je suis le capitalisme, car je suis celui qui apporte de quoi nourrir et faire vivre la famille, ta mère est le gouvernement, car elle gère et régente chaque chose de notre famille, la bonne est la classe ouvrière, car elle travaille pour nous, toi tu es le peuple et ton frère est la future génération. L'ensemble constitue la politique au sens étymologique du terme (La vie de la cité)."
"Merci Papa" dit Petit Jean, "je ne comprends pas tout, mais je vais y réfléchir."
Dans la nuit, Petit Jean est réveillé par les cris de son petit frère ; il constate que ses couches sont sales. Il se rend dans la chambre de ses parents et essaie de réveiller sa mère sans succès ; il remarque cependant que la place du père est vide et il retrouve son père dans le lit de la bonne.
En désespoir de cause, il retourne se coucher.
Le matin suivant, au petit déjeuner, Petit Jean dit à son père: " Papa, cette nuit, je crois que j'ai tout compris sur la politique ".
" Excellent mon garçon et qu'as-tu appris ? "
" J'ai appris que pendant que le capitalisme baise la classe ouvrière, le gouvernement roupille, ignorant le peuple et laissant la génération future dans la merde. "

Nouveau départ (31 janvier 2003)
A Roissy Charles de Gaulle, j'ai encore été obligé d'acheter un billet retour pour la France (que j'envoie après en France pour me le faire rembourser). C'est la règle, le gouvernement des EU l'exige, même pour un petit transit par Miami. Donc c'est parti pour un vol Paris-Miami en confort Air France. A Miami, à peine sorti de l'avion, passage à l'immigration toujours musclé ici. Des drapeaux américains partout et des policiers partout qui nous engueulent dès que l'on fait un pas de trop... Quelle ambiance ! Silence, tout le monde a peur.
Puis je prends un vol très cool (1h de retard) Miami - San Salvador avec AirSalvador. Ambiance joyeuse (gros contraste avec les EU).
Arrivée à 21h à San Salvador. Après avoir remonté le vélo sous le regard du personnel très intéressé, je sors de l'aéroport, il fait noir complet, pas de lune. Je tourne un peu en cherchant une place tranquille où planter ma tente, mais c'est pas facile... Au bout d'une heure, je finis par demander à des gens dehors si je peux mettre ma tente près de chez eux. Le lendemain matin, grand soleil, très grosse chaleur, quel choc par rapport au climat d'un mois de janvier du Nord de la France. Et ça ne va pas se passer tout seul...
Donc je roule, en prenant la route du sud qui va vers l'Honduras. Avant l'accident, j'avais pris la route du nord, un peu plus dure, plus montagneuse et avec une portion de piste.

Le jeune gardien
Un matin, alors que j'avais passé une bonne nuit au milieu de quelques prairies éloignées de la route, un gardien s'approche doucement. Il est assez jeune, uniforme bleu et grosse carabine dans les mains, qu'il tient de manière très crispé, près à tirer. Je me lève en m'approchant un peu pour lui expliquer ce que je fais là. Il recule. Je lui fais peur. Puis le patron de la ferme arrive, tout s'arrange.
Je suis pas méchant mais c'est vrai qu'on dit qu'une grande bête peut manger une petite bête...

Passage de police
Le lendemain, alors que la nuit était tombée, je plante ma tente devant une usine, seul endroit correct que je trouve. Le proprio appelle la police. Alors que je dors profondément, ils arrivent à vélo silencieusement. Puis l'un d'eux s'approche de ma tente, touche le fil de nylon qui relie celle-ci au vélo et déclenche l'alarme. Je me réveille en sursaut. Eux aussi ont dû sursauter. Puis je leur explique ce que je fais là en leur montrant mon passeport. Le fonctionnement de l'alarme les intéresse beaucoup. Ils repartent amusés. Je me rendors.

Frontière Salvador-Honduras (3fev2003)
En repassant sur les lieux de l'accident à la frontière Salvador-Honduras, je vais voir le commissariat où j'avais passé trois jours. Mais c'est une autre équipe, pas un que je connais. Je laisse un mot.
Au fameux virage avant le poste frontalier, je prends quelques photos mais quelques jours plus tard ma carte numérique rend l'âme, pas de chance...
Enfin, il y a encore beaucoup, beaucoup, beaucoup trop de camions.

 


Honduras


L'insolation (3fev2003)
Je passe donc la frontière Salvador-Honduras sans souci cette fois ci. S'en suit une très longue ligne droite (3km) légèrement montante et un peu trop ensoleillée. J'avance avec peine, j'ai un peu de mal à respirer et mal au ventre. A la fin de cette longue ligne droite, il y a un grand virage avec une dernière baraque. Je la passe mais m'arrête juste après car je crains de tomber seul dans le coma perdu dans la nature. Malgré mon inactivité, ma respiration est anormalement rapide, puis j'ai envie de vomir. Je comprends vite que je n'irais pas plus loin aujourd'hui. Après une heure de lutte avec ce mal à l'asperger d'eau pour me refroidir, je fais demi-tour pour demander à la fameuse dernière maison si je peux rester devant chez eux à l'ombre pour la nuit. J'étends ma bâche, mes matelas de mousse, m'allonge et m'asperge d'eau en attendant que ça passe. Peu de temps après j'irais me faire vomir pour accélérer les choses. La nuit sous la tente sera correcte. On peut regretter le manque d'hospitalité des gens. Mais heureusement une petite fille de 12 ans s'occupera bien de moi. Elle me raconte froidement que son père est parti avec une autre femme comme tous les hommes ici, que le monsieur là qui passe et qui marche difficilement, il a 76 ans, a bu toute sa vie mais est encore en vie. Les enfants ici n'ont pour jouet que les cailloux, ils traînent par terre avec les poules, les chiens et les détritus.
Les jours qui suivent, je m'asperge toute la journée d'eau (du poids en plus à emporter sur le vélo), mais je finis par me réhabituer à la chaleur et abandonne cette technique extrême de refroidissement du cycliste. Je supporte maintenant à nouveau des 45ºC sans m'asperger.
2 jours après cette insolation (5fev2003), j'attrape un très gros rhume accompagné d'un sérieux mal de tête. C'est les conséquences de mes sorties à vélo sous la pluie en France...
Bref, mon organisme a mal supporté la différence de climat.

La "condición fisico"
Malgré quelques sorties sous la pluie pendant ce mois passé en France, mes jambes se sont un peu "affaiblies" (!?). Mais la puissance revient vite. Je me réhabitue assez rapidement à la position sur le vélo et retrouve mon confort. Les premiers jours, j'ai eu des petits problèmes de circulation du sang dans le pied gauche. Avec ce qu'il avait reçu, c'est un peu normal... Mais pas de crampe, je ne sais pas ce que c'est d'ailleurs.
Je roule entre 10h et 17h30 en faisant environ 10mn de pose toutes les heures. Ce qui fait entre 70Km et 120Km par jour suivant le terrain (plat, descente, montée) et l'orientation du vent. J'ai profité du passage en France pour m'équiper de bons pneus. Donc pour les crevaisons, c'est environ 2 par mois.




Nicaragua

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L'histoire en très bref
On a trouvé des traces d'habitation d'homme datant de 6000 ans du côté du Lago de Nicaragua.
Le Nicaragua fut découvert par l'espagnol Gil Gonzalez en 1522. Il donna au pays le nom de la tribu la plus peuplée vivant au sud du Lago de Nicaragua, les "Nicarao".
1838, indépendance du pays. Avec le départ des Espagnols, la Grande Bretagne et les USA se sont intéressés au Nicaragua pour construire un canal reliant l'Océan Pacifique à Atlantique.
1893, le dictateur Zelaya est au pouvoir.
En 1914, un traité garantit aux USA l'exclusivité de construire un canal et l'établissement de bases militaires américaines.
1937, à nouveau un grand dictateur au pouvoir : Somoza Garcia. Il est aidé par les USA (la CIA utilise le Nicaragua pour ses bases d'entraînement : renversement en 1954 du leader Guatémaltèque, 1961 invasion de Cuba, etc.).
1972, gros tremblement de terre qui dévaste Managua (+6 000 morts, 300 000 sans logement). L'aide international est détournée par Anastasio Somoza (nouveau président dictateur, frère de Garcia).
19 juillet 1979, les sandinistes (ou FSLN, libérateurs démocratiques) finissent de prendre le pouvoir (révolution qui fit env. 50 000 morts).
Dans les années 80, Ronald Reagan (président US) suspend toute aide avec le Nicaragua et finance un groupe paramilitaire appelé "Contras" (conterrevolutionary), qui est formé principalement d'anciens soldats du dictateur Somoza.
Quelques embargos des USA du même style qu'en Irak...
Chamorro devient en 1996 le nouveau président (financé par les USA). Mais les promesses ne sont pas tenues. Aujourd'hui c'est Ortega qui préside.
(sources LonelyPlanet, je vous laisse emprunter un bon livre dans une bibliothèque pour plus d'infos.)

Comparés au Salvador et Honduras, les gens ont l'air plus chaleureux au Nicaragua. Les femmes répondent pratiquement toutes à mes bonjours. Mais l'hospitalité n'est rien par rapport à ce que j'ai connu en Afrique (Sénégal, Mali).
La pauvreté y est encore plus visible (beaucoup de mendiants dans les villes). Mais il y a aussi de gros beaux 4×4 climatisés conduits par des états-uniens ou par des nicaraguayens ayant travaillés aux USA et qui reviennent au pays porter la bonne parole ("vive les USA"). C'est ainsi que l'on voit fleurir des drapeaux états-uniens un peu partout (même sur les vélos !).

Frontière Honduras - Nicaragua (5fev2003)
Normalement quand vous entrez dans un pays, il faut passer au poste pour que l'on vous mette sur votre passeport le "tampon d'entrée". Et quand vous sortez, il faut faire faire le "tampon de sortie".
Comme à mon habitude depuis le Mexique, je quitte l'Honduras sans tampons, ça m'évite les queues, les achats de "cartes de touriste" (il n'y a pas de visa mais ils arrivent toujours à vous faire payer autre chose) et surtout les problèmes de fonctionnaires qui veulent me voler. Mais en rentrant au Nicaragua ça pose problème (1er fois). Donc je retourne au poste Honduras pour avoir le tampon de sortie, là on me fait payer une amende de 6euros car je n'ai pas le tampon d'entrée Honduras. Côté Nicaragua, je paye la carte de touriste à 7 euros. Puis à la dernière "barrière", on veut me faire payer des papiers pour le vélo (!?). Je fais semblant de m'énerver et d'être scandalisé en leur disant que c'est trop facile de toujours vouloir sous-tirer de l'argent aux touristes, etc. Merci, au revoir, je pars sans rien payer de plus.

Leon, 6 fev 2003
Après une piste difficile (plein de trou partout et beaucoup de poussière aux passages des camions/voitures) mais stimulante, j'arrive à Léon. Ancienne et encore belle ville coloniale, fondée en 1524 par Francisco Fernandez de Cordoba. Là, en me baladant dans le marché, Mauricio vient me parler en francais (il a vu mon petit drapeau à l'arrière du vélo). Mauricio a l'air d'avoir 20 ans (petite taille, petites mains) mais il en a 36 ! Il vit chez sa mère et donne des cours d'espagnol, italien, français, anglais et allemand. Rapidement, il m'invite chez lui après m'avoir proposé un hôtel pas cher que je refuse. On mangera ensemble dans un petit restaurent le soir (1,5$ l'assiette de riz avec de la viande). Il connaît pratiquement tous les étrangers de la ville. Il veut la politique libérale et est d'accord avec le projet des US qui veulent créer une zone de marché libre jusqu'au Panama et même plus bas. Comme tous les gens, il pense à l'argent que ça pourrait lui ramener. Et tant pis si la politique libérale aggrave les inégalités. Tant que ça marche pour lui...
Après une petite visite du musée Ruben Dario, je quitte la ville.
Le soir, je me trouverai une bonne petite place dans la brousse, très loin de la route et du bruit de la "civilisation". Bref dans la Nature. Lendemain matin, réveil par des cavaliers (ou cow-boy) qui me donnent une tortilla (crêpe) avec du "Queso" (fromage) en guise de déjeuner.

Sabado 8 febrero 2003, ça souffle...
Je passe à 5Km de la capitale Managua sans y rentrer, j'ai pas le courage d'affronter le bruit et la pollution. Mais je vais affronter une dure montagne. Passage de 80m d'altitude à 1055m en 3-4h ! Après ces 30Km de souffrance, j'arrive enfin en haut, il fait noir et c'est la tempête. On me dit qu'il y a toujours autant de vent ici. C'est bruyant comme endroit ! Je me mets dans un jardin, un peu à l'abri du vent. Heureusement le sol est un peu humide, ce qui me permet de bien accrocher la tente. Toute la nuit ça va souffler très fort. Le lendemain matin, j'ouvre les yeux, ma petite maison à une forme bizarre... encore un tube qui a cassé ! C'est réparable.

Hector le cyclo-surfeur (9 fev2003)
Avant de quitter le Nicaragua, je croise un gars de 28 ans environ sur un VTT allongé par un très gros chargement (90Kg!) qui roule en sens opposé au mien. On se dit bonjour, puis je le rattrape pour discuter. Hector vit aux EU, a pris l'avion jusqu'à Panama city et compte remonter jusqu'aux US à vélo en longeant le plus possible les plages car il aime surfer sur les vagues. Il ne visite pas les grosses villes ; pas si bête. C'est sa première expérience de grande randonnée à vélo. On échange des conseils sur le matériel et sur les pays que l'on vient de traverser. Il est bien sûr très intéressé par mon système de panneau solaire. Il me dit qu'il s'est fait arracher son rétroviseur par un gros camion au Cost-Rica. Je lui montre mon écarte danger. (photo 126-2639_img.jpg)

 



Costa Rica

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Très bref historique
Le premier européen à toucher le sol du Costa-Rica fut Christophe Columbe, durant son 4ème et dernier voyage. Il remarque que les autochtones ont des décorations en or, d'où le nom qu'il donne au pays : "Côte riche". (mais le pays ne sera pas riche...)
L'histoire du Costa-Rica n'a pas l'air trop agitée et c'est un pays qui n'a pas suscité trop d'invasions extérieures. C'est peut-être pour ça que le pays fonctionne mieux et est plus riche que ses voisins.
Une petite révolution quand même : aux élections de 1948, l'ex-président Calderon refuse sa défaite face à Otilio Ulate. S'en suit une guerre civile qui fera plus de 2 000 morts, puis un nouvel état démocratique dirigé par Figueres. 1949 marque la formation de la constitution actuelle du Costa-Rica, les femmes et les noirs peuvent voter, l'armée est abolie, le président n'a droit qu'à un seul mandat.
(sources LonelyPlanet, je vous conseille toujours l'empreint d'un bon livre dans une bibliothèque pour plus d'infos.)

Frontière Nicaragua - Costa-Rica (10fev2003)
Juste avant la frontière, comme à mon habitude, j'essaye de me débarrasser de la monnaie du pays. Je mange avec des assassins armés de gros camions. Ils sont toujours autant crevés, contours des yeux tout bleus/noirs. Ils me conseillent une route un peu moins dure que celle qui passe par San José, la capitale du Costa-Rica, et d'éviter "El cerro de la muerte" (le col de la mort).
Passage frontalier sans problème. Au Nicaragua, il faut même payer pour sortir (3$). Avec les 7$ à l'entrée, pour moi c'est un pays qui abuse...
Costa-Rica, rien à payer, le fonctionnaire oublie de me faire le tampon, je fais bien de vérifier...
Après c'est des montagnes (5-10%), sans arrêt on monte et on descend, Hector m'avait prévenu.

Circulation
Déjà, au Nicaragua, la circulation se faisait plus dangereuse, mais ici c'est l'apogée !
Après m'être fait dangereusement frôler par plusieurs camions/bus, j'ai redoublé de précautions. Désormais, à chaque fois que je voie arriver un gros véhicule (bus ou camion), c'est vous dire si j'ai la tête en permanence dans le rétro..., je me mets au milieu de la route en zigzagant. Là, en général ils se mettent à klaxonner comme des dingues, mais ils ralentissent (enfin...dans la majorité des cas). S'il n'y a personne en face, je me rabats légèrement pour mieux les laisser passer. Si un mobile arrive en face, je reste au premier tiers de la route en leur bloquant le passage. Il n'y a pas la place pour 3 et dans ces cas là c'est moi, le plus petit, qu'on éjecte. Donc je me défends. Je suis sympa, pour ceux qui restent bloqués derrière moi, j'ai mis un peu de lecture sur la pancarte de mon vélo : "voitures, camion= 1500morts/jour, pollution, guerre du pétrole (Irak, Yugoslavia, Afghanistan, Irak,...)". Je n'ai jamais eu de mauvaise réaction comme aux USA...
Et les précautions que je prends sont souvent vitales : Cette après-midi, un camion m'a doublé tout en perdant sur sa droite de grandes barres de bois placées sous sa remorque. Elles dépassaient de plus d'1,5m sous le côté droit de la remorque, et si je ne l'avais pas forcé à s'écarter de moi, il m'aurait fauché à plus de 70Km/h ! Et croyez qu'en voyant le problème, il ne s'est pas arrêté ! Il a continué toujours plus vite en espérant que ça tienne encore longtemps. Ce qui ne fut pas le cas puisque je l'ai retrouvé plus loin bloquant toute la route et ramassant ses barres de bois dans le fossé.
J'ai souvent l'impression que les bus et les camions font ici un rallye. Mais les voitures c'est pas mieux. Encore cette après-midi, dans une montée pour moi. Je vois en face une longue file de camions et voitures descendre à toute allure. Donc je me mets un peu plus sur ma gauche pour éviter qu'un imbécile ne tente un dépassement très dangereux. Et ça ne rate pas ! Une voiture sort violemment de la file, j'ai tout juste le temps de me rabattre le plus possible sur ma droite, mais elle vient quand même éclater le catadioptre de mon écarte danger, qui vole en mille morceaux (photo 126-2679_img.jpg). Sans l'écarte danger qu'est-ce que ça aurait été ? Le rétroviseur (ce qui est arrivé à Hector, voir plus haut) ? Et après ? Moi ?... Du coup, je rajoute une branche avec un chiffon rouge pour le remplacer.


Le vent
Depuis le sud du Nicaragua et mon entrée au Costa Rica, j'ai droit à un vent très fort (venant du nord ou de l'est). Parfois de face, le plus souvent de côté. La journée, il m'éjecte parfois sur la chaussée. Mais le soir et la nuit ça devient invivable. Je suis devenu expert pour planter la tente sous la tempête ! Mais il y a encore parfois de la casse (comme une fois aux USA) : barre qui casse, je fais un plâtre. Le plus gênant c'est pour dormir. Même avec les boules quiets, j'entends encore les rafales de vent hurler. Est-ce que je hurle moi ? Un peu de respect pour ceux qui veulent dormir !

Le Costa-Rica, c'est très très touristique, surtout le long des côtés. Autant le Salvador était un pays colonisé par les entreprises étasuniennes, autant le Costa-Rica est colonisé par les touristes étasuniens. C'est aussi le pays le plus cher d'Amérique centrale.
L'hospitalité, j'ai pas eu la chance de la rencontrer, donc je ne peux pas vous en parler...
J'ai eu quelques contacts avec la police aussi... pas vraiment gentille...

 



Panama

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Historique, et le Canal...
Il y a plus de 11 000 ans, des gens vivaient déjà au Panama.
Avant que les espagnols arrivent, la population était certainement aussi grande qu'aujourd'hui, mais elle a été rapidement décimée.
"Panama" vient d'un mot indien qui veut dire "abondance de poissons".
Quand les puissances du monde ont apprit que l'isthme de Panama était le point le plus étroit entre l'Atlantique et le Pacifique, ils se sont tous intéressés à cette région.
Au début le transport de marchandise entre les deux côtes se faisait par la terre (à pieds, mules, puis trains). Tout ceci attirait de nombreux pirates anglais, français, allemands, etc.
En 1739, les anglais détruisent Portobelo (port de l'Atlantique où commençait le transport des marchandises), ce qui oblige les espagnols à réutiliser la route du Cap Horn (sud de l'Amérique du Sud).
En 1821, le Panama fait parti de la "Gran Colombia" avec la Bolivie, l'Equateur, le Pérou, et le Venezuela, qu'avait longtemps rêvé Simon Bolivar. Comme ce projet échoue, Panama devient une province de la Colombie (de la petite Colombie).
1846, la Colombie signe un traité permettant aux USA de construire une voie ferrée à travers l'Isthme du Panama (le long du futur canal). Ce traité garantit aux USA le droit de libre transport et autorise l'installation de bases militaires US le long de l'Isthme. La construction de la ligne de chemin fer dure de 1850 à 1855. Durant cette période, la province du Panama change 20 fois de gouverneur !
L'idée de construire un canal date de 1524 avec le roi Charles V d'Espagne. En 1878, le gouvernement colombien autorise Lucien NB Wyse à cette construction. Wyse vend la concession au diplomate français Ferdinand de Lesseps qui c'était déjà occupé du Canal de Suez. La compagnie de Lesseps échouera (fièvre jaune et malaria tueront 22 000 travailleurs). Un autre français, Philippe Bunau-Varilla, essayera sans succès. Il veut vendre la concession aux USA mais la Colombie refuse. La politique du "diviser pour mieux régner" va alors prendre place : En 1903, une junte révolutionnaire soutenue par les US déclare le Panama indépendant de la Colombie. La Colombie envoie des troupes au Panama, mais les bateaux US protègent déjà le nouveau pays. La Colombie ne reconnaîtra le Panama comme une nation séparée qu'en 1921, où les Etats-Unis donnent 25 millions de dollars en compensation.
Le 18 novembre 1903, avant que la délégation panaméenne n'arrive à Washington DC, un traité est signé entre le français Bunau-Varilla (détenteur de la dernière concession) et l'état des Etats-Unis. Ce traité donne à perpétuité aux USA une aire de 8Km de chaque côté du canal. Malgré les protestations du Panama, le traité est ratifié.
La construction du canal par les USA commence en 1904 et dure 10 ans (plus de 75 000 travailleurs). 15 août 1914, le premier bateau traverse. La zone du canal devient une grande colonie militaire américaine qui ne cessera d'intervenir dans les affaires politiques du Panama.
En 1977, un nouveau traité est signé par Jimmy Carter (président US) et Torrijos (président du Panama). Il prévoit la fin du contrôle du canal par les USA le 31 dec 1999.
En 1981, Torrijos meurt dans un accident d'avion (pas de chance...). Le dictateur Noriega prend le pouvoir. C'est un ancien de la CIA. En 1987, il est accusé publiquement d'implication dans un trafic de drogue, mais il s'accroche au pouvoir en truquant les élections. Mars 1988, les USA imposent en représailles au Panama des sanctions économiques. Peu de temps après, Noriega annonce que le Panama est en guerre avec les EU. L'opération "Just Cause" sera la réponse des USA : des avions, des tanks, et 26 000 soldats attaquent Panama city (officiellement 540morts, mais en réalité plus de 4 000). C'est George Bush père qui est alors président des Etats-Unis... Aujourd'hui, Noriega vit dans une prison en Floride.
Après tous ces problèmes, le pays est en très mauvais état (dégâts matériels, pillages, etc.). En 1999, Mireya Moscoso est élue présidente. Elle compte, entre autres, utiliser le procédé des privatisations pour réduire la dette de l'état...
Les entraînements militaires US le long du canal ont laissés environ 105 000 bombes non explosées dans 3200 hectares de forêt vierge ! Faites attention où vous mettez les pieds si vous y allez...
(sources LonelyPlanet "Central America".)

37% des panaméens vivent sous le seuil de pauvreté et 21% en extrême pauvreté.
Comme le dit si bien le LoneyPlanet, l'espagnol du Panama est un peu différent et difficile à comprendre au début.


Panama city (23fev2003) (Panoramique de Panama city - 120Ko)
Juste avant la capitale, je dors dans le jardin d'une famille plutôt pauvre de 3 enfants dont le père est policier (il rentrera du boulot à 20h et viendra me saluer). La mère de famille a tout de suite acceptée ma demande pour camper dans son jardin, ce qui m'a beaucoup surpris mais enchanté. Je discute le soir avec les enfants du quartier tout en me faisant une bonne omelette.
Panama ciudad, 700 000 habitants, une partie ville à l'américaine avec des grandes tours, et d'autres parties avec des vieux batiments coloniaux abandonnés aux pauvres. Il y a une petite "Plaza de Francia" aussi, dédicacée à la mémoire des 22 000 travailleurs (la plupart de France, mais aussi de Guadeloupe et Martinique) morts dans la construction d'un début de canal. Avec un buste de Carlos J Finlay qui a aidé à l'éradication de la fièvre jaune.
J'arrive à Panama city un dimanche. Pas trop de voitures, parfait pour visiter la ville tranquillement. Mais c'est quand même un peu dangereux. En arrivant je traverse les quartiers très pauvres (le Bronx de Panama). Puis finis par m'arrêter dans un endroit tranquille pour lire mon plan. J'en profite pour manger (quand la demande se fait, ça n'attend pas...) en laissant bien en évidence mon couteau au cas où. Puis 3 gars arrivent, tous d'une vingtaine d'années, un grand noir et deux moyens dont un asiatique. Tandis que deux me tournent autour en regardant au loin pour voir si personne ne peut nous voir, l'asiatique fait semblant d'appeler quelqu'un à une porte près de moi. Je lui dis que les gens qu'il semble chercher sont dans le jardin. Il ne va pas les voir et s'approche de moi. Puis je lui explique tranquillement les particularités du vélo, d'où je viens, ou je vais, etc. Il me demande le prix du vélo, je réponds que je l'ai eu gratis pour la publicité, mais qu'il doit coûter dans les 500$ (1500$ en réalité). Il s'intéresse aussi au compteur kilométrique. Ma sacoche importante est bien fermée, et j'ai toujours la main assez proche de mon couteau. Il n'ira pas plus loin, me serre la main, et part avec ces compagnons. Je crois bien que si j'avais été plus petit et si j'avais montré une quelconque inquiétude, ils serraient passés à l'acte. Deux minutes après un gars passe me dire qu'il ne faut pas rester ici car c'est dangereux. Oui, en effet...


Recherche "barca"
Premièrement, pourquoi rechercher un bateau ? Le problème est simple, au sud de l'Amérique centrale, entre le Panama et la Colombie, il n'y a plus aucune route. C'est la jungle, les serpents, les mygales, les maladies, et surtout la guérilla avec les Forces Armées Révolutionnaires Colombiennes (FARC) (texte sur la Colombie). L'armée étasunienne est aussi présente à la frontière panaméenne-colombienne, comme presque partout dans le monde... Officiellement, il n'y a pas de route parce que ça pourrait ramener la guérilla colombienne au Panama (mais la guérilla vient déjà de temps en temps côté Panama, massacrer quelques villages). La vérité pourrait être aussi que les deux gouvernements, Panama et Colombie, ou les forces qui les dirigent (mafia), refusent de faire une route car ça faciliterait grandement le contrôle du trafic de drogue. Bref, pour tous les voyageurs terrestres comme moi, c'est un gros problème puisque l'on est obligé de prendre l'avion qui est bien sûr beaucoup plus cher qu'ailleurs : 200$ pour Cartegena (Colombie), ou 300$ pour Quito capitale de l'Equateur. Les compagnies le savent qu'on est obligé...
L'autre solution c'est de prendre un bateau. Pour les gros cargos de transport, c'est de plus en plus difficile, soi-disant pour des problèmes d'assurance. Mais je crois qu'il y a encore moyen de discuter ça avec une "bonne agence de voyage", moyennant 1000$ ! Ah ! Avec l'argent, on peut vraiment tout faire ! Personnellement, je connais des gars qui ont essayé d'aller directement sur les cargos / paquebos pour parler avec le capitaine du bateau, mais c'est pas possible... Serait-ce une autre forme de Mafia ?
Une autre solution aussi consiste à prendre des petits bateaux de pêche le long de la côte jusqu'à ce qu'il y ait une route côté Colombie. C'est assez risqué puisque l'on ne sait rien à l'avance (y aura-t-il d'autres bateaux pour continuer ?). Puis compte tenu des pratiques ici, où pour beaucoup de Panaméens, un blanc est systématiquement un distributeur de billets verts, ça pourrait vite devenir plus cher que l'avion. Donc, personnellement, après avoir cherché 1 semaine côté Panama où j'ai vite compris que tout était bloqué, je suis monté à vélo jusqu'à Colon, côté Atlantique du Canal où il y a beaucoup de petits voiliers qui attendent pour passer le canal.

Colon
Ville en décadence depuis déjà une dizaine d'années, et depuis le départ des nord américains en 2000, ça s'aggrave, ça s'aggrave... En fait, c'est comme beaucoup de villes colonisées dans le monde où quand les colons s'en vont, les étasuniens dans le cas présent, l'entretien n'est plus fait et tout se dégrade rapidement (photo : 2882.jpg). J'ai déjà vu le même phénomène à Dakar. Mais il n'y a pas que les problèmes d'entretien. Il y a aussi la population qui manque d'éducation, et qui passe ses journées devant la télé. Ca ramollit beaucoup le cerveau... On m'avait déconseillé d'y aller, surtout à vélo (le LonelyPlanet déconseille aussi d'y aller), mais ça fait déjà plus d'1 mois que j'y suis et ça va. En arrivant dans cette ville poubelle (je m'excuse du terme, mais j'ai rarement vu pire, pourtant j'en ai déjà vu des villes sales), je me suis vite dirigé dans les plus "beaux" quartiers, où en demandant l'autorisation pour planter ma tente sur le trottoir, une famille m'a invité dans son jardin. Au rez de chaussée vivent les grands-parents, et à l'étage la fille avec son mari (35ans), puis les 2 petits-enfants. Malheureusement, on regarde aussi beaucoup la télé dans cette famille. Mais je suis très bien accepté. Nadja travaille dans une société d'import de produits cosmétiques français. Elle fait beaucoup d'heure et a l'air de bien gagner sa vie. Le mari de Nadja, German, travaillait dans une usine de raffinage, mais celle-ci a fermée (je crois qu'elle était controlée par les Etasuniens). Il passe donc ses journées à bricoler ou regarder la TV. Les grands parents, au rez de chaussée, passent aussi leur journée devant la TV. Je vais rester plus d'un mois à dormir dans leur jardin. Comme je ne sais pas quoi leur offrir, je donnerais un peu d'argent en partant. A Colon, je fais le tour des ports. Mais c'est comme à Panama, pas possible de trouver un bateau (ferry, bateau de pêche, ou cargo) pour l'Equateur ou la Colombie... Donc je concentre vite mes recherches sur le "Yat Club" de Colon. C'est le passage obligé pour tous les voiliers qui veulent rejoindre le pacifique. Les voiliers (principalement francais, suisses, hollandais, belges, anglais, américains, etc.) attendent là au minimum 1 semaine pour passer le Canal (ils payent env. 600euros). En étant là tous les jours, on m'a vite demandé de l'aide. En effet, pour passer le fameux Canal de Panama, un petit bateau a besoin de 4 personnes en plus du barreur pour tenir les grandes cordes qui maintiennent le bateau dans les écluses. Il y a des panaméens "professionnels" qui font ce travail, mais ils demandent 55euros ! En 1 jour, ils se font 1/4 du salaire mensuel moyen (200euros/mois), juste en tenant une corde ! Moi, quand on m'appelait, je ne demandais rien mais le capitaine du bateau me donnait toujours 20-30euros en arrivant côté Pacifique, je trouvais ça très bien payé. J'ai donc passé 4 fois le canal. Entre temps, je me baladais de bateau en bateau pour aider des gens en informatique. Il faut savoir que 95% des voiliers qui partent faire un tour du monde ont un PC portable à bord. Ils l'utilisent pour recevoir la météo, pour lire les cartes de navigation, ou tout simplement pour visualiser leurs photos numériques ou des films le soir. Mais les possesseurs de bateaux sont souvent des personnes qui ne maîtrisent pas trop l'informatique. Donc je vais les aider. Ca me permet de connaître beaucoup de gens, et de me faire des économies (+400euros en 1 mois). Puis avec le temps, je deviens vite spécialiste des logiciels de navigation sur ordinateur (connexion du GPS sur le PC, etc.) ou du système "JVcomm32" pour recevoir les cartes météo par radio sur PC. Puis un jour, je me retrouve sur un beau catamaran vert (du nom de "Kalen Koan", qui signifit "jolie coeur" en Breton, photo img_2946.jpg, photo vélo dans le bateau img_3016.jpg), fait maison avec un capitaine solitaire qui a des problèmes pour recevoir la météo et envoyer des emails en mer. Le capitaine c'est Emile, un breton de 60ans qui réalise enfin son rêve d'enfant : faire le tour du monde à la voile. Le nom du bateau correspond bien avec le capitaine. Il accepte de me déposer aux Galapagos en échange de mes services techniques à bord. La traversée, 1500Km au total, démarrera en vitesse : 8-9 noeuds le premier soir. Au début, on aura droit à des orages toutes les nuits. Ce qui me donnera le mal de mer pendant 3-4 jours. Pour éviter cette souffrance, il faut vivre et manger allongé. Allonger ! Comme en vélo, c'est la meilleure position ! Puis garder l'estomac bien rempli. Les 3 derniers jours seront agréables, car sans mal de mer. La nuit, je veillais de 20h à 1h, puis Emile, après avoir dormi 3h, me remplaçait de 1h à 8h du matin en se réveillant toutes les 30mn (technique de navigateur solitaire). La veille consiste à vérifier qu'aucun bateau ne soit sur notre trajectoire (sinon, collision...) puis éventuellement tenir la barre si l'on veut soulager le pilote automatique (pour moins l'user). Tout ceci sous un superbe ciel étoilé ou ... sous la tempête. La mer, c'est le désert. En 7 jours, on a du voir 2-3 bateaux passer au loin. Pas plus.
Tour du monde à la voile :
www.mahogany.org.za
www.pierrecharter.com
www.piffoel.com
www.swansea2swansea.com
www.noaafstockholm.nu

Arrivé aux Iles des Galapagos, j'ai enfin quitté l'Amérique Centrale. Nous sommes maintenant en Equateur. Voir la suite des récits dans l'onglet "03".

Pour ceux qui partent
Disons le franchement, l'Amérique latine à vélo c'est pas le top. C'est surtout très dangereux avec tous ces camions et autobus qui se fichent des vélos. Les routes sont souvent très étroites, mais en général en bon état (si vous prenez les principales). D'une manière général, plus vous éviterez l'interamericana, moins ce sera dangereux. Au Nicaragua, il y a un petit bout de piste-macadam entre Guasaule et Chinandega. Je vous conseille la visite de Léon. Juste après Managua, il y a une longue et dure montée de 15Km (10%). Après, pas de problème, j'ai suivi le Lago de Nicaragua. Au Costa-Rica, j'ai pris l'interamericana de La Cruz à Puntarenas : une horreur ! C'est assez étroit dans les petites montagnes avec toujours des camions qui se croient sur une piste de rallye. Hyper dangereux. Malheureusement on ne peut pas trop l'éviter. D'après ce que l'on m'a dit, les routes du sud de Liberia sont très désagréables à vélo. De Puntarenas à San Isidro, j'ai longé la côte Pacifique. Très agréable, sans trop de difficulté. 45Km de piste après Quépos quand même. Attention à ne pas vous tromper à Quépos, prenez la direction de l'hospital et de l'aéroport. Si vous tournez à droite, vous allez à la playa Manuel Antonio et c'est une route à 10% qu'il faudra grimper pendant 10Km deux fois car c'est un cul de sac ! Au Panama, pas trop le choix, il n'y a que l'interamericana. A partir de Aguadulce, c'est une 2×2 voies avec bande d'arrêt d'urgence. Large et un peu moins dangereuse donc. Arrivé à Panama city, montez jusqu'au "Yat Club" de Colon (en vélo ou Bus), même s'il n'y a pas de bateau pour l'Equateur, essayez de passer le canal gratuitement en aidant un bateau à voile. Je crois qu'il y a surtout beaucoup de trafic de février à mai. Sinon, je conseille quand même l'avion pour rallier l'Amérique du Sud. C'est plus rapide et pas forcément beaucoup plus cher qu'en bateau. Pour le passage par les Galapagos, bof..., ça fait un long et cher détour. Et il n'y a pas tant de choses à voir. Tout dépend de votre bourse... Au niveau des emails, je vous conseille d'avoir plusieurs adresses email car il arrive que certains services soient très lents (comme ifrance) ou ne soient pas acceptés par l'ordinateur (multi-fenêtres). J'ai eu des problèmes au Costa-Rica.

Evolution et réflexion sur mon voyage
En quittant la France, j'avais tout bien planifié mon tour du monde en fonction des saisons. Puis à cause de l'accident au Salvador avec un camion, tout a été chamboulé. Pour rattraper le retard, il aurait fallu prendre quelque part le train ou le bus, ce que je n'ai pas prévu dans ce tour du monde à bicyclette, je dis bien à bicyclette (ou mieux en "Bent"). Donc, arrivé à Panama, quand j'ai compris que le passage pour l'Amérique du Sud serait long et difficile, surtout en refusant l'avion (soy ecologisco), j'ai pris mon temps. Et j'ai compris qu'un voyage c'était surtout ça ! Prendre son temps ! Permettre toutes les évolutions possibles, se laisser aller à toutes les rencontres possibles. Rencontres bonnes ou mauvaises mais toujours enrichissantes pour les 2 parties. En prenant le temps d'accepter toutes les invitations quand je travaillais sur les voiliers à Colon, j'ai connu beaucoup de personnes très intéressantes. En fait, au début de ce tdm je faisais plus un parcours qu'un voyage. J'étais trop concentré sur mon avancée. Quand des gens m'invitaient, j'avais du mal à accepter, et ne restais jamais trop longtemps de peur de gêner et surtout de prendre du retard dans mon programme. Bref, j'ai compris qu'en voyage, il ne faut jamais être pressé et toujours accepter les invitations sans gêne.