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Au programme :
http://risal.collectifs.net/
Le Mexique
Je ne vais pas trop vous parler de
l'histoire du pays. Je crois qu'un historien le ferait mille fois mieux
que moi. Puis il vous est assez facile d'emprunter un bon livre dans une
bibliothèque.
Ce qu'il faut retenir quand même :
- Les premiers habitants du continent américain vinrent probablement
de Sibérie (pont naturel) entre 60000 et 8000 avant notre ère.
- Puis se sont suivies au Mexique de nombreuses civilisations : Olméques,
Monte Alban, Teotihuacan, Mayas, Zapotèques, Toltèques, Mixtèques, Chichimèques,
Aztèques, etc.
- 1492, Christophe Colomb découvre l'Amérique. Croyant être arrivé
en Inde, il appellera les autochtones les "indiens".
- En 2 ans (1519-1521), les civilisations mexicaines, qui avaient duré
près de trois millénaires furent anéanties par les Espagnols. Ils
introduirent de force une nouvelle religion et réduisirent à l'esclavage
la population native.
- En 1810, c'est le début de la guerre d'indépendance et de la
grande rébellion contre les Espagnols.
- Puis le pays doit se battre pour ses territoires frontaliers avec l'Amérique
du Nord (1846-1848).
- Napoléon III est venu faire la guerre aussi au Mexique en 1861.
- Et vint le temps de la révolution mexicaine en 1910 (Pancho Villa,
Zapata, etc.). 10 années de violente guerre civile qui ont fait disparaître
1,5 à 2 millions d'individus.
- Le président du Mexique aujourd'hui est Vicente Fox (ancien patron
de Coca-Cola...). Il doit s'attaquer au problème de la drogue, au problème
de la corruption et à la très inégale répartition des richesses du pays.
Voici un petit texte très intéressant
de la lettre d'information d'Attac : Le Plan Puebla-Panama, prochaine
étape de la mondialisation des sociétés.
L'arrivée au Mexique (21 sept 2002)
Comme je devais quitter les
Etats-Unis au plus tard le 23 septembre 2002, ces dernières semaines,
j'ai beaucoup roulé et abandonné, pour un temps, la rédaction des récits.
A la frontière, j'ai vu le fameux mur que j'avais déjà vu
à la télé (Envoyer Spécial, France 2). C'est pire que le mur de Berlin
: un grillage, un canal, un grillage, une zone où patrouille la police,
un grillage, un canal, un grillage, un autoroute ! [photo "116-1670"]
Pour sortir des US et entrer au Mexique pas de problème, personne ne me
parle ou ne m'arrête, je ne fait même pas de tampon (normalement il faut
remplir une carte de touriste). Par contre, de l'autre côté, pour ceux
qui rentrent aux US, c'est la queue sous le regard de 10aine de caméras
de surveillance !
Au Mexique les armes à feu sont interdites. Merci !
Après cette frontière, j'ai l'impression de me retrouver dans la banlieue
de Dakar (j'y ai vécu 2 ans). Il y a des papiers/plastiques partout, les
maisons sont en très mauvais état, les petits magasins sont peints de
couleurs vives et joyeuses, les bus dégagent une épaisse fumée noire,
les gens me regardent tous passer en parlant ou sifflant joyeusement,
etc.
Bien sûr, dans cet immense souk aux routes défoncées et sans panneaux,
je suis vite perdu. J'essaie de demander mon chemin, mais mon espagnol
est encore trop mauvais, puis personne ne parle anglais, je m'arrête dans
une station-service pour souffler... Comme par miracle, un jeune homme
(de 30 ans env.) vient me parler spontanément en anglais ! Ouf, je suis
sauvé ! Il m'explique la route que je dois prendre, puis quelques trucs
sur le pays. Ici, pas la peine de changer mes US dollars, ils sont bien
acceptés dans tout le Mexique (un problème en moins). D'après lui, l'eau
est partout potable, mais d'après le Lonely planet toutes les nappes du
nord du pays sont polluées (des entreprises américaines viennent d'ailleurs
parfois déposer leurs déchets illégalement au Mexique).
Un petit texte intéressant pour mieux situer les lieux : Mexique
: Femmes perdues dans l'arrière-cour de Satan (Gianni Proiettis)
Les Tortillas
Malheureusement ici, le pain de
mie que j'achetais à 0,8 euros aux "Estados Unidos" est à 1,6
euros ! Et on ne trouve pas de vrai pain ou seulement dans les très grands
supermarchés des grandes villes. Les gens ici mangent à longueur de journée
(9h, 15h, 21h) des espèces de crêpes (pâte de farine de maïs écrasé, puis
chauffée), appelées "tortillas". On y met à peu près tout :
des haricots, de la viande hachée, du riz, etc. C'est une habitude qui
date d'avant la conquête espagnole (civilisations Olmèques, Téotihuacan,
Mayas, Toltèques, Aztèques, etc. Bien avant le 16ème siècle).
Comme j'ai un mois d'avance sur mon programme (pas fait la côte Ouest
des Etats-Unis), et qu'il pleut encore beaucoup dans le sud du pays, je
prends le temps tous les matins, comme dans beaucoup de familles mexicaines,
de me faire mes tortillas/crêpes pour la journée.
Aussi, à mon grand regret, la vie n'est pas beaucoup moins cher qu'aux
USA, il y a même des augmentations : essence (0,5euros au lieu de 0,3euros/l),
sardines (souvent importées du Canada), etc.
Ascencion (22 sept 2002)
Ascencion, dans l'état du Chihuahua
(il y a 31 états dans la république du Mexique), première "grande"
ville mexicaine pour moi. En arrivant, je me fais bien sûr tout de suite
repérer avec mon vélo bizarre, les gens rigolent, sifflent et des gamins
me suivent avec leurs petits vélos de cross. Moi je cherche la tranquillité,
et finis par la trouver un peu à l'extérieur de la ville, près du complexe
sportif. Il y a un peu d'herbe, pas trop de monde, puis surtout un robinet
d'eau potable (?). Je monte la tente, quelques curieux m'observent discrètement,
mais ce sont des timides... Le gardien m'a vu aussi, mais il n'ose pas
venir me parler, il viendra seulement le lendemain. Je vais rester 2 jours
ici, pour normalement rattraper le retard dans les récits. Mais, il y
a vite beaucoup de monde qui passe me voir. On me donne des pastèques
(de 5Kg!), des tortillas, des pommes, etc. Je ne suis pas encore habitué
à temps de gentillesse ; après la froideur des USA, ça fait bizarre. [un
ami :photo 117-1705]
Avant de quitter la ville, je trouverai un ordinateur pour transférer
des fichiers sur mon PSION et améliorer encore le confort du vélo :
Modif vélo (24 sept 2002)
Avant le grand départ de France,
j'avais redressé le siège de manière à laisser de la place pour caser
derrière celui-ci ma poche à eau. Puis aux Etat-Unis, je me suis aperçu
que cette nouvelle position me donnait moins de puissance dans les montées
et le poids prolongé du haut du corps me faisait un peu mal au bout de
quelques heures. Comme je savais qu'au Mexique, tout comme en Afrique,
on me prêterait sans problème tous les outils possibles, j'ai attendu.
Et aujourd'hui, à Ascencion, je me suis trouvé un petit réparateur de
voiture. Je lui explique ce que je veux faire, et ensemble on bricole
pendant plus d'1 heure et demie. J'en profite aussi pour me refaire une
petite tablette-guidon. Bien sûr, toute la famille et les voisins viennent
voir, et dès qu'il manque une pièce (par exemple un écrou), tout le monde
se met à chercher partout. A la fin, je me propose de donner 5 dollars/euros
ne serait-ce que pour payer l'électricité (perceuse+poste à souder), mais
rien à faire, ils refusent ! "Nada" (rien). Impressionnant...
[photo 117-1706]
Diarrhée à la caserne (25 sept 2002)
Ce soir, à Casas Grandes, alors
que je m'apprêtais à planter ma tente près de la caserne de pompier (pas
génial en cas de feu dans la ville, mais je n'avais pas trouvé mieux),
des jeunes pompiers m'ont vu et proposé de passer le grillage pour profiter
d'un beau parterre d'herbe, de leur douche, et de leur cuisine.
Depuis le temps que je m'inquiétais sur l'eau... je trouvais qu'elle avait
un goût bizarre. Et cette nuit, c'est arrivé ! Après une bonne grosse
plâtrée de pâtes aux légumes, la maladie ! Toute la nuit à vomir ! Quel
gâchis ! (;-)) Du coup, j'ai arrêté de manger pendant 2 jours, j'avais
tellement peur de revivre le même enfer !
Mais les pompiers m'ont facilement fait oublier ce problème intestinal.
Avec un peu d'espagnol, d'anglais, et de français, on arrive à beaucoup
discuter. Des journalistes aussi sont passés faire un petit reportage
sur mon voyage.
Avant de quitter les Etats-Unis, j'avais mis une affiche "recherhe
un graveur de cdroms" derrière mon vélo pour vider les cartes mèmoire
de mon appareil photo numérique. Là-bas, pratiquement toutes les familles
ont un graveur de cds, mais personne n'était près à m'aider... Ici, au
Mexique et à Casas Grandes, c'est l'inverse : pratiquement personne a
un graveur de cds, mais mes amis les pompiers (photo 117-1751)
vont chercher partout et finiront par en trouver un à la grande bibliothèque
de la ville. Superbe accueil, on reste jusqu'à plus de 21h, mais il n'y
a pas de problème...
Quelques jours plus tard, je suis victime d'un fort vent qui m'empêchera
encore de planter la tente. Je finis par trouver une place sur un péage
d'autoroute [photo 118-1807],
il y a 3 jeunes qui font du stop pour remonter vers le nord du Mexique
afin de trouver un peu de travail. On discutera une bonne partie de la
nuit en mangeant... des pâtes ; j'en ai un stock.
Camping près d'un collège (Chihuahua, 1 oct 2002)
Ce soir, j'arrive à Chihuahua.
La nuit va bientôt tomber, il faut que je me trouve rapidement une place
confortable pour planter ma tente. Je repère un bon endroit entre deux
maisons, comme il y a quelqu'un en face dans la rue, je lui demande si
je peux rester là pour la nuit. Évidemment, il n'y a pas de problème.
Le monsieur en question s'appelle Luis, il est policier et est venu voir
sa fille qui habite dans la rue. Il me tiendra compagnie un moment et
me rapportera un gâteau à la noix de coco accompagné d'une bouteille de
cola cola. A côté de mon nouveau terrain de camping, il y a aussi un vendeur
de glace et bien sur, il m'en propose gratuitement... Je refuse le 1er
jour, mais les jours suivant je finis par accepter. Puis enfin, dans le
quartier, il y a un collège, avec de très nombreux collégiens/collégiennes
qui passent me voir toute la journée [photo "118-1821"].
Je n'ai pas à me plaindre de la solitude ici...
Au Mexique les gens vivent beaucoup plus à l'extérieur. Et dès le vendredi
soir, on entend de la musique un peu partout dans les petits villages.
Sur les routes du Mexique
Du côté de Toronto, j'avais
rencontré sur la route un avocat juif qui faisait des petites randonnées
à vélo pour essayer de diminuer un peu son excès de poids (photo 109-0955).
Il avait voyagé surtout en Amérique du Sud, et en Chine. Pas du tout en
Europe à cause du grand nombre d'antisémites, c'est ce qu'il me disait
en rigolant... Il m'avait aussi déconseillé de poursuivre mon voyage vers
le Mexique et l'Amérique du Sud en prétendant qu'il y a beaucoup plus
de circulation et de camions sur les routes. Pour lui, c'était mieux que
je prenne l'avion à Vancouver pour l'Australie. Mais qu'est-ce que j'aurais
raté ! Comme quoi il ne faut jamais trop écouter ce qu'on vous dit ! Ici
au Mexique, tout le monde me salue et vient me parler. Sur les routes,
les coups de klaxons sont cette fois amicaux, et accompagnés d'une main
grande ouverte qui monte très haut vers le ciel, c'est autre chose que
l'index levé sur le volant que je voyais à peine.
Puis les camions, pour le moment il n'y en a pas plus qu'aux Etats-Unis.
C'est vrai qu'ils sont souvent pressés, et qu'ici c'est plus les camions
qui doublent les voitures, mais quand je me mets au milieu de la route
pour les obliger à freiner car il y a quelqu'un en face et que je ne veux
me faire frôler, ils ralentissent gentiment et attendent derrière moi
le temps que le trafic opposé se vide, et je lève ma main pour les remercier.
Ici, je mets mon écarte danger en permanence, et personne ne râle. Bref,
c'est impressionnant comme deux populations si proches géographiquement
peuvent être si différentes.
Au Mexique il y a parfois deux grosses routes parallèles : l'une gratuite
(pleine de camions), et l'autre payante (autoroute, limitée à 90,100,110Km/h).
Avec un peu de chance, on vous laisse rentrer à vélo sur la payante sans
vous faire payer, et vous avez le droit de rouler tranquillement sur une
route neuve et pratiquement vide. La police ici est un peu moins présente
qu'aux Etats-Unis et elle me dit bonjours plutôt que de me dire que je
n'ai pas le droit de rouler sur cette route...
En Amérique du Nord, j'avais noté une petite baisse de trafic sur les
routes le week-end (surtout pour les camions), mais ici malheureusement
ce n'est pas le cas.
Bref, la vie est beaucoup plus cool, et beaucoup moins stressante. Les
gens prennent le temps de vivre, ils s'arrêtent facilement pour discuter.
Les Mexicains sont aussi très curieux : régulièrement je vois des voitures
s'arrêter devant moi pour me regarder passer. Ils font parfois semblant
de vérifier leurs pneus ou se cachent discrètement derrière leur volant,
mais quand je leur fais signe de la main en souriant, ils sourient et
arrêtent leur comédie.
Il y a aussi une chose importante à faire quand on entame une discussion
ici, c'est de dire que l'on n'est pas américain (pas un "gringo").
Quand je dis la phrase magique "Soy Francés", les gens deviennent
encore plus gentils...
Enfin, tout ce que vous venez de lire, je l'ai écrit quand j'étais au
Nord du Mexique. Et plus je me rapproche de Mexico ("la ciudad de
Mexico", ou "Distrito Federal"), plus il y a de trafic
et de gros camions partout. A suivre...
La police ? Trop gentil...
La police au Mexique ne m'embête
pas du tout, sauf peut-être cette nuit... J'avais trouvé une bonne place,
assez éloignée du bruit de la ville avec quelques maisons aux alentours
(il y a toujours des enfants qui viennent me parler). Puis vers 22h, une
voiture de police s'arrête près de ma tente. Un homme me questionne, je
lui explique mon histoire, lui dit que je suis la juste pour une nuit
et que je ne veux pas sortir à cause des moustiques. C'est bon, il part
en me souhaitant une bonne nuit ! Puis 10mn après, une autre voiture de
police arrive, je sors de la tente, ils me disent que c'est dangereux
de rester ici, et qu'il faut ("por favor") que je les accompagne.
Ils appellent et demandent à un autre 4×4 de venir me chercher, puis me
conduisent à la mairie du village où il y a aussi le poste de police.
Là, je pourrais planter ma tente sur de l'herbe bien fraîche et dans un
silence de plomb. Le lendemain matin, le maire vient me serrer la main
et me propose son aide en cas de besoin. La police ne m'a jamais demandé
mes papiers. Ils voulaient juste me conduire dans un lieu plus confortable.
Etrange...
La célèbrité... bof. (3 oct 2002)
J'ai du mal à comprendre pourquoi
tant de gens rêvent d'être célèbre...
Je roulais tranquillement en direction de Delicias (la ville des journalistes).
Une voiture me double et s'arrête au loin. Probablement pour me regarder
passer, me dis-je. Situation classique... Mais une femme sort de cette
voiture et commence à faire des signes au bord de la route, me demandant
de m'arrêter.
Bon, je m'arrête. Puis commence l'interrogatoire journalistique auquel
je me plie gentiment. Elle appelle un photographe qui arrive quelques
minutes plus tard dans sa vieille coccinelle. Après quelques photos, on
repart chacun dans son véhicule. Véhicules bruyants et sales pour eux,
véhicule silencieux et 100% propre pour moi. Le photographe me suivra
jusque dans la ville.
Dans cette ville, je vais à la bibliothèque municipale afin de me connecter
à internet à moindres frais. Malheureusement, c'est payant... J'explique
mon problème et l'on me dirige vers la mairie où quelqu'un accepte de
me prêter son ordinateur pour 1h. Arrivé à la mairie, je tombe dans un
guet-apens de journalistes. Et c'est à nouveau l'interrogatoire journalistique
pendant presque une heure !
Mais les plus gros problèmes seront pour les jours suivants. Avec cette
publicité (journaux et radios, voir dans la partie Médias), sur la route, je vais passer mon temps à dire
bonjour ou à m'arrêter pour me faire prendre en photo avec la famille...
Et même sur l'autoroute, lancés à plus de 100Km/h, des conducteurs s'arrêtent
brutalement pour me serrer la main ! J'en ai même vu un faire marche arrière...
Vous vous imaginez faire marche arrière sur plus de 300m au milieu de
l'autoroute ? Enfin... Heureusement il n'y avait personne d'autre.
La faune et la flore
Avant le Mexique et du côté
de Washington et Montreal, je voyais surtout beaucoup de marmottes, des
corbeaux, puis aussi parfois des aigles (photo1, photo2).
Au Colorado, les marmottes ont disparu. Le climat était trop chaud pour
elles... Et ce sont les serpents qui les ont remplacés. Au Nouveau-Mexique,
j'ai pu observer encore plus d'aigles et des corbeaux de large envergure.
Arrivée au Mexique, je commence
à voir des cactus partout et découvre beaucoup d'insectes.
Comme le dit si bien le guide LonelyPlanet, le Mexique est l'un des
pays du monde qui possède les richesses biologiques les plus variées.
Y sont représentés 1041 espèces d'oiseaux, 439 mammifères, 989 amphibiens
et reptiles (nombreuses tortues de mer) et 26000 espèces végétales (presque
toutes les espèces connues de cactus). Le Mexique fait partie de la douzaine
de pays tropicaux où sont concentrés les deux tiers des espèces végétales
et animales de la planète.
Bien sûr, pour voir toutes ces merveilles, il vaut mieux aller dans des
parcs nationaux ou des réserves des biosphères. Pour ma part, je me contente
principalement d'observer les aigles qui passent, intrigués, au dessus
de mon bent. Parfois, j'aperçois aussi des espèces de lézards le long
des routes [photo 117-1712],
ou découvre de nouvelles espèces d'insectes, des sortes de mouches [photo 119-1947],
de grands milles pattes [photo 118-1805, 25cm], ou de grandes araignées style
mygale [photo 117-1795].
J'ai découvert aussi une nouvelle sorte de sauterelle : les "sauretelles
reines". Elles sont toutes noires avec le dessous des ailes rouges
[photo 117-1719,
photo 117-1729].
J'ai vu aussi beaucoup de sauterelles qui se mangent entres-elles [photo 118-1801].
Puis des lièvres à oreilles géantes.
Le monde en un village de 100 personnes
Je vous fais part ici de ce
qu'un copain m'a envoyé par internet. Ca me paraît intéressant :
Si on pouvait réduire la population du monde en un village de 100 personnes
tout en maintenant les proportions de tous les peuples existants sur la
terre, ce village serait composé ainsi :
- 57 asiatiques
- 21 européens
- 14 américains (nord, centre et sud)
- 8 africains
Il y aurait aussi :
- 52 femmes et 48 hommes
- 30 blancs et 70 non blancs
- 30 chrétiens et 70 non chrétiens
- 89 hétérosexuels et 11 homosexuels
- 6 personnes posséderaient 59 % de la richesse totale et tous seraient
originaires des USA
- 80 vivraient dans de mauvaises maisons
- 70 seraient analphabètes
- 50 souffriraient de malnutrition
- 1 serait en train de mourir et 1 en train de naître
- 1 possèderait un ordinateur
- 1 (oui, un seulement) possèderait un diplome universitaire
Guanajuato (22 oct 2002) [photo panoramique, 3Mo]
Guanajuato est une ancienne
(1559) riche ville coloniale qui tient sa richesse des nombreuses mines
d'argent et d'or (parmi les plus riches du monde à l'époque). La majorité
des édifices coloniaux, sont demeurés intacts, ce qui fait de Guanajuato
un monument vivant (inscrit au Patrimoine mondiale de l'UNESCO) au passé
prospère. Mais la richesse actuelle de Guanajuato est aussi due à son
université (+ de 21000 étudiants), réputée pour son enseignement artistique
et aussi au fameux Festival Internacional Cervantino qui se déroule tous
les ans en octobre.
Par chance, et j'en ai beaucoup, en arrivant à Guanajuato j'ai été accueilli
par une famille mexicaine. Je roulais assez rapidement en direction de
la ville, une mère de famille (Lys) et ces enfants, en voiture, ont vu
ce véhicule bizarre qu'est mon vélo avec à l'arrière "El mundo para
la bicicleta". Ils m'ont suivi. Je me suis arrêté dans une station-service
Pemex (Petrole du Mexique) pour faire le plein d'eau, et Lys en a profité
pour me parler et m'inviter chez elle.
Je vais rester une semaine à Guanajuato ; jusqu'à la fin du festival.
La ville est superbe. Avec, comme souvent au Mexique, beaucoup de couleurs.
Lys, qui parle très bien l'anglais, et son mari Enrique qui parle un peu
français (étude d'il y a 25 ans), vont me présenter à beaucoup d'amis
francophones ou anglophones. Ce qui me permettra d'en apprendre encore
plus sur le Mexique et sur les Mexicains. En fait, le pays est beaucoup
plus riche que ce que l'on pourrait penser. Mais la richesse est encore
très très mal répartie. Puis il n'y a pratiquement pas d'aide de l'état,
pas de système de retraite, pratiquement pas de système d'assurance maladie,
etc. On rencontre beaucoup de familles avec 2, 3 voir 4 voitures et une
superbe villa avec pleins d'employés. Mais en même temps, on voit des
enfants sans chaussure, et des familles qui vivent dans des baraques en
bois et qui n'ont pas souvent l'occasion d'acheter une boite de sardine
à 0,8 euros (un enfant m'a une fois fait la remarque...).
Les repas se prennent à 7-8h, 14-15h et 21-22h. La nourriture ici, ça
n'a bien sur rien à voir avec les Mc Do des EU... C'est bon et varié.
On a été très marqué ici aussi par les attentats des twins towers de New-York.
Mais en général, personne n'y comprend rien. La population est très catholique,
il n'y a pas de musulman, le gouvernement américain a terrain libre pour
sa propagande.
Après cette semaine de repos, entre des visites de musées, des concerts
gratuits, et des rencontres avec des amis de Lys et Enrique, je suis reparti
les muscles amenuisés sur les collines en direction de Dolores Hidalgo
(plus de 20Km à 5-12%, passage de 1900m à 2600m d'alt., journée très difficile),
où j'ai dormi chez les parents de Lys. Puis 100Km plus bas, à Quéretaro,
j'ai dormi chez le frère de Lys. En sortant de San Miguel de Allende [photo 122-2211,
photo 122-2213],
je me fais klaxonner par un nord américain qui juge que je prends trop
de place avec mon écarte danger. On ne change pas ses habitudes, même
quand on change de pays... Mais j'ai pris un risque, ils y a énormément
d'"étatsuniens" à San Miguel, je le savais en y allant.
Mexico city (4 nov 2002)
En arrivant à Quéretaro, le
trafic s'est, comme dans toutes les grandes villes, amplifié. J'ai donc
sortie mon casque et mon petit masque qui filtre les plus grosses particules,
puis mis une affiche "Je suis fatigué de votre pollution"
("Estoy cansado de su contaminacion") à l'arrière du bent.
Ensuite, entre Quéretaro et Mexico DF, j'ai vécu l'enfer sur plus de 250Km...
Une autoroute saturée de 2×3, 2×4, et 2×5 voies en arrivant à Mexico !
Enfin, j'avais toujours ma musique, heu...? quand j'arrivais à l'entendre...
Maintenant, les voies d'arrêt d'urgence, s'il y en a, sont utilisées pour
doubler tout le monde... Je garde les yeux collés au rétroviseur...
A Mexico, il pleuvait souvent. Il n'y avait donc pas trop de pollution.
Après une nuit dans un petit bosquet de la banlieue nord où la police
est venue me demander de partir (et oui, ici aussi... mais c'était un
quartier riche). J'avais espéré trouver de l'aide à l'alliance française,
afin de dégoter une petite place tranquille pour planter ma tente et passer
une semaine à visiter la ville tout en mettant le site internet à jour
(surtout pour rajouter des photos car le cdrom que j'ai envoyé en France
est arrivé en mauvais état). Mais, je n'ai pas eu la chance de rencontrer
des Français hospitaliers. Pas évident...
Une certaine Sylvie (responsable de l'alliance) m'a gentiment proposé
d'aller voir à l'office du tourisme le plus proche. Je crois qu'elles
auraient pu faire un petit effort et que des jeunes comme moi qui font
un tour du monde à vélo, elle ne doit pas en voir souvent ! 4m² m'auraient
suffi... Mais bon... Vous savez que le monde est à refaire... et beaucoup
de gens sont à refaire...
Donc, j'ai passé ma deuxième nuit dans la banlieue sud de Mexico entre
deux terrains de sport. A ma gauche un petit match de foot dans la boue
que j'ai pu apprécier en mangeant ma ration de pâte sous l'éclairage public.
Et à ma droite des terrains de basket, où le lendemain matin des étudiants
jouaient. Sans m'en apercevoir, j'ai encore dormi à côté d'une école...
Dans la ville, il y a des jeunes qui ont monté une petite entreprise de
taxis écologiques. C'est des vélos (évidemment, ...qui dit écologie dit
vélo) qui tirent une petite charrette de 2-3 personnes. Et je dois avouer
qu'ils sont certainement plus courageux que moi. Car se battre avec les
voitures toute la journée pour trouver un chemin où rouler et dans cette
pollution... faut être solide ! Ils n'ont peut-être pas le choix...
Au Mexique, une certaine confusion règne autour de l'Ecologie :
Les panneaux des autoroutes (les grosses routes bien sales) sont verts.
Les couleurs de la PEMEX (société nationale de pétrole) c'est le vert.
Les employés de la PEMEX portent des casquettes où l'on peut lire parfois
quelque chose du style "service écologique". Puis on appelle
les périphériques "periférico ecológico" ! ([photo 122-2262]
N'en parlez pas à Chirac..., il pourrait nous le faire à Paris).
Ma 3ème nuit à Mexico, je l'ai passé dans un petit parc tranquille où
personne n'est venu m'embêter. Le lendemain, j'essaie de trouver un cybercafé
vide qui accepte de me laisser travailler une 10aine d'heures gratuitement
sur un PC inutilisé, mais ce n'est pas possible... (remarque : je n'avais
pas de budget internet à l'époque)
Donc je quitte cette capitale en affrontant de nouveau l'énorme trafic
et la pollution (le soleil est présent).
Teotihuacán (9 nov 2002)
Ah, les fameuses pyramides
de Teotihuacán !
Teotihuacán abrita vraisemblablement
à son apogée (entre 250 et 600) 125 000 habitants et dirigea ce qui fut
sans doute le plus grand empire précolombien du Mexique.
Son édifice le plus considérable (70m de haut), la Pirámide del Sol (du
soleil, photo 122-2244),
2ème du Mexique par la taille et 3ème au Monde (après Cholula et Khéops
en Egypte), date des années 150.
Au 7ème siècle, la cité de Teotihuacán fut incendiée, pillée et abandonnée.
L'affaiblissement de l'empire qui annonçait cette disparition s'explique
soit par l'émergence de pouvoirs rivaux dans le Centre du Mexique, soit
par un dessèchement de la végétation dû au déboisement des reliefs voisins.
Puebla
(12 nov 2002)
En quittant Teotihuacan j'ai
mis le cap plein Est pour me rendre à Véracruz (sur la côte Atlantique).
Il parait que c'est une belle ville. Mais sur mon chemin, Gustavo (mexicain
de 50 ans environ) s'est arrêté en voiture pour me parler et m'inviter
chez lui à Puebla. Donc j'ai fait un petit détour à Puebla. Gustavo est
radiologiste et sa femme, ou plutôt sa campagne (pas mariés), est chirurgienne
en ophtalmologie. Ils ont deux enfants et, comme dans toutes les familles
où la mère travaille, une employée de maison le matin.
A Puebla, il y avait, tout comme à Guanajuato (voir plus haut), un festival
international. Donc j'en ai profité pour assister à beaucoup de spectacles/concerts
gratuits (photo). Un soir, alors que j'admirais un ballet "folklorico
de Rusia" avec mon fidèle compagnon (le Bent) que je suis dans tous
ses déplacements, Francisco, jeune homme de 32 ans, m'a abordé et invité
chez lui à une réunion d'amis où j'ai rencontré des jeunes d'Italie, d'Allemagne,
de Belgique, de Finlande, de Suède, de France, etc. Tous ces jeunes européens
sont arrivés au Mexique pour aider volontairement et gratuitement une
association qui s'occupe des "enfants de la rue". Après ce premier
soir, tous les jours je suivis Francisco qui m'invitait un peu partout
avec ces nombreux amis. Un dimanche, je suis monté à 4500m d'altitude,
en haut de la Malinche, 4ème montagne du Mexique (photos : 123-2327,
123-2330,
123-2373).
Ce jour là j'ai été surpris de mon excellente condition physique ! Mais
bon, quand je pense à toutes les petites montagnes que je grimpe à vélo
depuis 5 mois, c'est normal, j'ai de l'entraînement...
Je suis allé voir aussi la plus grande pyramide du monde : la pyramide
Tepanapa (4ème siècle). Encore plus grande que Kheops en Egype. Malheureusement
elle est en majeure partie recouverte de terre qui lui gâche sa notoriété.
En haut de cette pyramide, comme souvent dans la région, il y a une belle
église... Après plusieurs siècles de travail acharné par les anciennes
civilisations, les conquistadors sont arrivés pour imposer leur religion...
Un rien sarcastique ! (photo 123-2372)
Le festival international de Puebla s'est terminé. Cela faisait déjà
2 semaines que je vivais confortablement dans la caravane de Gustavo et
Judith. Il était temps de partir. Mais après toutes ces agréables et enrichissantes
rencontres, ça n'a pas été facile...
La souffrance physique que je rencontre en grimpant les montagnes n'est
rien à côté de la souffrance morale qu'on ressent quand il faut quitter
des gens qui vous donne énormément et que vous ne reverrez certainement
jamais.
Au fait, Gustavo accueille tous les grands cyclistes qui passeraient par
Puebla. Son adresse :
Raquel, Judith, Gustavito
y Gustavo
Fresno 99 - Arboledas de Guadalupe
Puebla Puebla "Mexico"
C.P. 72260
Oaxaca (01 dec 2002)
Heureusement, la nature a su
me faire oublier mes peines sentimentales. Il faut dire aussi que j'ai
bien choisi la route : la plus dur, mais la moins encombrée. Ca montait
et descendait sans arrêt (entre 1100m et 2400m). Je crois que c'est la
partie la plus dure, avec le nord de Québec ville, que j'ai traversé pour
le moment.
A Oaxaca (capitale de l'état de Oaxaca), j'ai vu la plus belle église
(intérieur) depuis mon départ de France le 24 juin 2002 : l'église de
Santo Domingo (photo : 124-2439,
124-2440,
124-2441.
124-2443).
Dans cette grande ville, encore bien polluée, je logeais chez des amis
de Judith et Gustavo (de Puebla), docteurs aussi...
Fox ?
Quand je demande aux gens ce
qu'ils pensent de leur président Fox, les réponses sont : "il a changé
après les élections", "il est honnête", "la politique
qu'il mène ne profite qu'aux plus riches".
J'ai appris aussi que c'est depuis longtemps un grand copain intime de
Bush... Fox était aussi patron de Coca-Cola.
Dans une rue de Oaxaca : photo 124-2444.
Fox est passé en France en nov 2002, si vous suivez un peu les actualités,
vous pouvez comprendre. Il a fait un beau discours en soutenant G.Bush.
Bref, les réponses des gens sont plutôt négatives. Avant Fox, c'était
un gouvernement de gauche, socialiste, mais les gens en ont eu marre...
Et maintenant... #!%$*
Pacifique (8 dec 2002)
Après Oaxaca, ca a monté, monté,
monté, et encore monté (5-12%). De 1300m à 2800m. Puis arrivé à 2800m,
ca a redescendu vers 1500m, pour remonter encore à 2500m. Puis finalement,
ca a descendu, en montant de temps en temps, jusqu'à 300m. Dans cette
ultime descente, j'ai traversé la couche nuageuse pendant une quarantaine
de minutes. On y voyait plus rien. Le climat est devenu très humide. J'avais
du mal à respirer. C'était comme dans les films quand les conquistadors
marchent dans la jungle embrumée. En contrebas de la montagne, dans cet
énorme trou rendu invisible par les nuages, j'imaginais un grand bateau
de pirate ou une gigantesque pyramide Aztéque. C'est un moment que je
vais garder longtemps en mémoire....
Sinon, les descentes c'est bien, mais il faut avoir des bons freins !
Et sur mon bent de 140Kg, j'ai pas de freins à disques, à tambours ou
de frein-moteur. J'ai juste des petits freins de caoutchouc... Même en
freinant de façon sec et rapide (les pneus souffrent), ça chauffe très
vite. Donc je m'arrête régulièrement pour asperger les jantes d'eau. Et
parfois, quelle chance, j'aperçois des petites rigoles sur le côté de
la route, où coule l'eau fraîche de la montagne : refroidissement assuré
en 5mn.
Comme Vaco Nunez de Balboa qui fut en 1513 le premier européen à apercevoir
le Pacifique (depuis le Panama, sources Lonely-Planet), je voie aujourd'hui,
dimanche 8 décembre 2002 à 12h32, pour la première fois de ma vie le Pacifique.
Qui répond à ma main levée sur les routes du Mexique ? Jeu de main...
Les plus réactifs sont les
hommes entre 35ans et 70ans. Après il y a les garçons entre 10ans et 16ans.
De 16 à 30ans, ils sont plus méfiant, puis ils me prennent certainement
aussi, avec un fond de jalousie, pour un "gringo" (nord américain).
Les jeunes filles aussi entre 10 ans et 18 ans me salut facilement, c'est
l'âge où elles n'ont peur de rien. Malheureusement, après cet age et dès
qu'elles se marient pour avoir des enfants, les femmes s'enferment dans
le cocon familial, ont peur de tout, et ne répondent pratiquement plus
ou alors très timidement à un grand barbue sur un vélo bizarre qui leur
fait signe de la main... "Et pourquoi il me fait signe celui-là d'ailleurs
?". Juste pour créer dans leurs esprits comme un Amour des cyclistes
et de la bicyclette... On peut rêver...
Fin Mexique (17 dec 2002)
Beaucoup de Mexicains m'avaient
dit que Oaxaca était très beau, que la côte aussi était très belle. Mais
j'avoue que j'ai été assez déçu. C'est vrai aussi qu'à vélo, on a pas
la même vision, puis je ne suis pas un fan de plages.
J'avais prévu de continuer mon chemin jusqu'à San Cristobal de las Casas
et Palenque, il parait que c'est beau aussi... Mais pour finir, je vais
rejoindre le Guatemala au plus vite. J'ai passé beaucoup de temps au Mexique.
Mon délais de 3 mois se termine le 22 décembre 2002. Si je monte (c'est
à nouveau des montagnes, passage de 50m à 2500m...), jusque San Cristobal
de las Casas, je vais devoir me presser pour ralier la frontière.
Petit proverbe chinois :
"Il faut faire vite ce qui ne presse pas pour pouvoir faire lentement
ce qui presse."
Allez-y ! Vous ne serez pas déçu
! Il y a beaucoup de chose à voir. C'est un grand pays avec toutes sortes
de paysages et de climats (désertique, équatorial, etc.). Et les gens
ont le sens de l'accueil !
L'Amérique Centrale est la région
la plus volcanique de toutes les Amériques (2/4 de volcans dormant, 1/4
éteints, et 1/4 actifs). C'est aussi une région où se forme beaucoup d'ouragans
(Mitch, etc.)
Le Guatemala
" La terre des arbres ", c'est ce que signifie Goathemala
en mayatoltèque.
Entrée fracassante (?, bof...) au Guatemala (18 dec 2002)
Le passage à la frontière fut
très très facile. A l'entrée du Mexique je n'avais pas pris la peine de
passer par le poste et de faire faire la carte touristique. Et bien en
sortant, ca ne m'a pas posé de problème... Je suis quand même passé dire
bonjour à l'employé Guatémaltèque. Il m'a demandé si j'avais de l'argent,
des Quetzals ou des Pesos (je crois qu'il en voulait), mais je lui ai
répondu "tengo nada", je n'ai rien. Ce qui était vrai puisque
ma carte bancaire n'était pas encore rentrée dans un distributeur Guatémaltèque
et que j'avais liquidé tous mes pesos au Mexique. J'avais juste quelques
dollars bien planqués. Bref, les frontières ici c'est très très cool...
D'ailleurs, je ne sais pas pourquoi je m'y arrête. Juste pour dire bonjour
!
Ici les gens sont encore très gentils, un peu timides, et polis. Le Guatemala,
c'est le pays des Mayas, mais aussi parfois :
Le pays des 10%
A peine arrivé au pays j'ai
fait l'erreur de passer par Panajachel et le "Lago de Atitlan".
C'était très beau mais vraiment impraticable à vélo : des montées de 10%
pendant plusieurs dizaines de kilomètres. Parfois du 15-18% ! Avec les
140Kg (20Kg vélo, 50Kg bagages, 70Kg moi) que je tire, à partir de 10%
je pousse le vélo sinon je casse beaucoup de rayons (2 de cassés pendant
ce parcours) et ça abime énormément la transmission (chaine, pignons).
Donc j'ai passé 2 jours à pousser le vélo (20Km/jour), et c'est encore
plus dur que de pédaler... Puis le troisième jour j'ai un peu descendu
(toujours à -10%, les pneus allaient exploser avec le freinage) pour monter
ensuite (+15%), ... bien installé dans un 4×4 (je deviens un peu moins
stupide parfois).
Je suis allé à Antigua, une superbe ancienne ville coloniale (voir partie
photo 2).
Dans les montagnes, j'ai plusieurs fois aperçu des gens qui s'enfuyaient
en me voyant. Surtout les femmes et les enfants. Des gens qui vivent comme
au moyen-age. Il y a un robinet pour tout le village. La journée tout
le monde part travailler durement dans les montagnes (les femmes/filles
cueillent les fruits, les hommes préparent la terre et coupent le bois).
Je croise souvent des hommes (parfois des enfants) portant jusqu'à 10-12
grosses bûches dans le dos ! Le repas du soir (soupe) est fait par plusieurs
femmes pour tout le village et dans de grands fûts posées sur de larges
feux de bois.
Vous ne verrez bien-sûr pas de photos de ces scènes, je suis trop respectueux
et je sais que ça les gênerait...
La capitale Guatemala
C'est l'une des rares capitales
que j'ai aimé. Il y avait comme toujours beaucoup de voitures et de pollution,
mais c'était la veille de Noël. Sur la grande place en face du palais
présidentiel et de la cathédrale (voir photos), il
y avait un très grand marché d'habits traditionnels et de nourriture (où
j'ai pu satisfaire ma faim). Je m'y suis baladé plus d'une heure en écoutant
tous les petits groupes de musique. Je n'ai vu aucun touriste. J'étais
le seul étranger mais ça n'avait pas l'air de déranger. Une excellente
soirée...
La nuit est tombée. Je me suis trouvé une bonne place dans un parc appartenant
à la société des eaux. Le gardien était d'accord bien-sûr, on n'est plus
aux Etats-Unis ici ...
Un
petit texte sur la CIA au Guatemala.
Le Salvador
trajet.gif
Je n'ai pas trop aimé le Salvador.
Ici, les habits traditionnels n'existent plus, tout le monde est en jeans.
Toutes les entreprises que je voyais aux USA, je les retrouve ici (chaines
de restauration, supermarchés, stations services, etc.). Mais comment
ça se fait ?
Je crois qu'une grande
partie de la population est plus étatsunienne que latino-américaine (voir
"mauvais accueil ci-dessous").
Ici tout le monde me prend pour un américain (si vous avez lu le début
de ces aventures, vous pouvez imaginer ma joie !?). Quand on m'adresse
la parole, c'est en anglais ! (adieux l'agréable sonorité de l'espagnol).
Et quand je réponds en espagnol, ça surprend plus qu'ailleurs. En fait,
j'ai l'impression que sur cette vaste planète Terre, pour les salvadoriens,
il y a les Etats-Unis puis le Salvador. C'est tout !
Remake mauvais accueil USA (29 déc 2002)
A Santa Tecla, juste avant la capitale
San Salvador, je me trouve une petite place au bout d'un trottoir, sur
une petite bande d'herbe. C'est juste à côté d'une zone résidentielle
entourée de barbelés, comme j'en voyais beaucoup aux US. Il y a un gardien
au portail, je lui dis bonjour, il ne répond pas. Et rapidement, je comprends
mieux ce que je sentais déjà depuis quelques jours : ce nord-américanisme
ambiant... En fait, beaucoup de Salvadorien vont travailler aux Etats-Unis
pour faire de l'argent et quand ils reviennent, ils sont comme
les étasuniens. Ils vivent dans des villas/lotissements, ont les mêmes
grosses voitures, et ont perdus tout sens de l'hospitalité. Je déballe
donc mon matériel sous les yeux du gardien, plante la tente, commence
à manger. Des enfants du quartier pauvre d'à côté, ce qui vivent dans
les cabanes et qui n'ont pas de voiture, viennent gentiment me parler.
Soudain le gardien arrive et me dit que je n'ai pas le droit de rester
ici ! Ça fait plus de 3 mois que je n'ai pas entendu ça (depuis les US)
! Ça me fait très bizarre...
Bon, j'essaie de discuter tranquillement de manière à infléchir sa décision,
mais je comprend vite que ce n'est pas sa décision mais celle d'une femme
d'un immeuble qui est venu lui demander discrètement (à l'"étasuniennes",
de façon hypocrite) de me virer. En clair, si je ne pars pas, il perd
son boulot. Donc, je remballe mes affaires. Là les "enfants pauvres"
insistent pour me faire dormir dans la cité d'en face. Il y a, parait-il,
une femme qui accepte que je plante ma tente sur le parking à voiture.
Comme il fait déjà noir et que je ne peux décevoir des enfants qui veulent
m'aider, j'accepte. Mais, même si la femme est d'accord, les autres locataires
à côté n'ont pas l'air du tout d'accord... En plantant ma tente, j'ai
un peu touché du doigt leur voiture (pour prendre appui). Un garçon de
mon âge vient vérifier si je n'ai rien abîmé... Puis le père vient me
demander dans un parfait anglais ce que je fais là. Il ne me demande pas
d'où je viens, où je vais, de quelle nationalité je suis, mais juste qui
m'a autorisé à dormir ici en face de chez lui ! Peu de temps après, la
mère rentre du travail. Elle me regarde méchamment en sortant de sa grosse
voiture tout en disant "qu'est-ce que c'est que ça !".
Elle demande à son mari, il se fait engueuler, etc. Heureusement, ce n'est
pas la même police qu'aux Etats-Unis, sinon celle-ci serait déjà là en
train de contrôler mes papiers en me demandant de partir. Malheureusement,
quand les enfants "pauvres" viennent me voir pour discuter,
il y a toujours un adulte "riche" pour les chasser (remarquez
le non sens des mots pauvre et riche, le pauvre est en fait plus riche
humainement, et le riche très pauvre d'esprit). Les pauvres n'ont pas
le droit d'entrer dans le lotissement des riches, c'est l'amérique des
USA. Chacun son ghetto. On me dit que ces enfants là sont dangereux, qu'ils
vont me voler, mais c'est eux qui ont déménagés tout mon matériel il y
a une dizaine de minutes, là c'était facile de me voler, ils avaient déjà
tout dans les mains... Donc je passe la soirée tout seul sous le regard
des gens d'en face qui bien-sûr m'observent cachés derrière leurs carreaux
et ne viendront jamais me parler.
Je croyais vraiment qu'en quittant les USA j'en avais terminé avec cette
mentalité du chacun chez soi qui génère un climat d'insécurité. Quand
on discute avec ces voisins, son entourage et même des inconnus de passage
qu'on apprend à connaître, on a beaucoup moins peur, on a plus confiance
entre-nous et l'on forme comme un bouclier par rapport aux voleurs. Dans
le métro parisien par exemple, quand une dame se fait voler son sac, le
voleur se sauve sans problème puisque personne ne bouge et que personne
d'ailleurs ne connaît cette pauvre dame et ne lui a jamais parlé et que
c'est la politique du chacun chez soi/ chacun pour soi. Mais par exemple,
à Dakar, au Sénégal, on vit beaucoup plus en communauté, et quand un voleur
se fait prendre, tout le monde se met à le poursuivre et à le cogner.
Pas la peine de vous dire que les voleurs on très peurs de voler...
Dit en passant, augmenter
le nombre de policier pour combattre l'insécurité (ce que fait la droite
évidemment) est peu efficace car on ne pourra jamais mettre un policier
derrière tout le monde. Puis cela aggrave le climat de peur et de délation.
Ce qu'il faut c'est créer un esprit communautaire, qui fait que l'on se
connait, que l'on s'entraide, et qu'en cas d'agression (de toute sorte
d'ailleurs), l'on s'unisse pour combattre l'agresseur. Comme à Dakar.
Et j'imagine comme avant en France... Mais je crois que les gens aimaient
se faire peur aussi avant, en entretenant la psychose et en se concentrant
sur les malheurs.
L'accident (29 déc 2002)
En arrivant à la frontière Salvador
- Honduras (après 13 700Km depuis Washington), j'ai eu un très grave accident
dont je me suis tout de même très bien sorti.
Dans un petit virage, juste devant le poste frontalier, je me suis garé
sur ma droite, sur le "trottoir", un gros camion (style du camion
: photo) est arrivé en face (15Km/h) et n'a tout simplement
pas regardé à l'intérieur du virage ! J'étais encore
sur le vélo en train de mettre mon frein à main et ma béquille, prêt à
descendre. J'ai vu arriver la remorque de plus en plus vers moi (virage
à droite pour moi et gauche pour lui). La première roue de la remorque
a renversé le vélo qui s'est mis sous celle-ci (il n'aurait de toutes
facons pas pu tomber à droite car il n'y avait plus de place..., je ne
pouvais pas me mettre plus à droite). Mon pied gauche s'est tout de suite
retrouvé bloqué entre la roue avant du vélo et la
roue du camion. Au début, sa roue a juste poussé le vélo sur une 10aine
de mètres (en écrasant la sacoche droite, celle où il y a tout le matériel
important). Puis la roue du camion est montée sur le vélo (pédalier, fourche,
roue avant). Heureusement, depuis Mexico city, j'ai un gros sifflet de
police autour du cou. J'ai donc soufflé de toutes mes forces avant que
la deuxième roue n'atteigne mon genou (c'est un virage, la remorque avance
de plus en plus vers moi...). Le camion s'est enfin arrêté, sur le bas
de ma jambe gauche (pied + cheville) coincée avec la roue avant et les
dents du pédalier... Il m'a enfin vu dans son rétro, je lui ai demandé
de faire marche arrière, il a fait marche arrière, et j'ai alors pu retirer
mon pied (10s après...). Puis par chance, à côte, il y avait un vieux
seau, j'ai demandais qu'on m'apporte de l'eau glacée. La police est arrivée,
puis 2h après nous sommes enfin allés à l'hôpital pour faire un petit
nettoyage (tout petit,q ue j'ai refait moi-même plus tard) de ma
jambe.
En fait, sans le sifflet, j'aurais
eu la jambe (ou les jambes d'ailleurs) complètement démolie car la deuxième
roue, à cause du virage, se rapprochait du haut du corps et arrivait sur
le genou. Les gens pouvaient toujours crier pour prévenir le conducteur,
il était dans une montée, en pleine accélération, son camion faisait un
boucan d'enfer, et petit à petit ça devenait impossible pour lui de me
voir (j'étais de plus en plus sous la remorque). Le sifflet de
police est vraiment la meilleure solution dans ce cas. Avec un
gros klaxon par exemple, le chauffeur peut croire que c'est des ados qui
jouent dans la rue...
Les
dégâts
- Moi ça va. J'ai des os et
des articulations très très durs !!! Et je crois que le fait d'avoir
eu la jambe sur la roue du vélo, avec les rayons (qui ont pas mal cassés),
ça a diminué un peu les dégâts (ma cheville a écrasé la fourche). J'ai
juste le pied et la cheville gonflée, puis les muscles bien écrasés.
Je marche douloureusement et lentement (mais ça n'a duré que deux semaines).
- Le vélo est foutu, tout est plié dans tous les sens sauf la roue et
la fourche arrière. Le tube central était en alu surdimensionné, aucune
soudure n'a bougé (c'était du solide !). (photo1, photo2, photo3)
- Le Canon EOS 100QD avec objectif 28-80 cassé (300euros). L'appareil
numérique Canon S30 (679euros), et le PSION (100euros à Denver). Le
portefeuille a été râpé, mais le passeport, par miracle (et ça facilite
beaucoup les choses), est presque intact (une carte de crédit VISA foutue).
Au total, ça fait environ 2 500euros (16 400FF) de dégâts ! Enfin, ça
aurait pu être pire....
Après vérification entre docteurs Salvadoriens et Francais, l'assurance
(GMF qui sous-traite à Fidelia) prend en charge
le rapatriement de Santa Rosa de Lima, Salvador (poste de police où
je dormais dans ma tente, ce sont des amis maintenant) jusqu'à Bouvignies
(chez mes parents, près de Lille). Malgré l'extrême fatigue du chauffeur
de taxi (il est 6h du matin, et il travaille depuis 14h la veille...)
qui m'a conduit trop rapidement (!) à
San Salvador, tout c'est dangereusement bien passé... 3 jours après
l'accident j'étais chez mes parents en France.
Les
leçons de cet accident : PORTEZ UN SIFFLET DE POLICE AUTOUR DU COU
(on ne peut plus efficace). L'assurance bagages c'est quand
même intéressant en cas d'accident comme celui-ci... Cela dit, le vélo
est tombé pile sur la sacoche la plus importante. Et d'habitude, quand
je tombe, elle se décroche... Bravo Murphy... L'assurance
rapatriement, indispensable !
Je
compte sur vous pour informer tous les cyclistes de la grande utilité
à porter un sifflet autour du coup.
J'ai bien sûr l'intention de repartir.
J'ai encore pas mal d'économie, mais pas assez pour reprendre trop l'avion
ou racheter un nouveau vélo couché. Donc je vais essayer de remplacer
juste le cadre et le guidon (achat pièce détacher ou fabrication artisanale)
du bent. Je ne pourrais de toutes façons pas repartir en vélo classique.
Quand on connaît le confort et tous les avantages du Bent, on ne peut
plus s'en passer. Pour les photos, je partirais simplement avec un appareil
numérique, tant pis pour les oiseaux avec le 300mm. Le PSION est déjà
réparé ; avec les deux cassés, celui de France et celui de Denver, j'en
ai refait un "nouveau".
CONCLUSIONS SUR CETTE PREMIERE
PARTIE DE TOUR DU MONDE.
Comme on peut s'en douter, en 6
mois, j'ai appris énormément de choses aussi bien sur les pays visités,
les gens, mais aussi le fonctionnement du monde dont peu de personnes
malheureusement ne comprennent et ne cherchent à comprendre. Un exemple
de l'état d'esprit que j'ai pu voir : à Atlanta, en attendant l'avion
de retour pour Paris (rapatriement après mon accident), j'ai discuté avec
un nigérien qui vit aux Etats-Unis. Quand je lui demande ce qu'il pense
de la politique du gouvernement Bush, il me dit que ça ne l'intéresse
pas, "je suis là pour faire de l'argent et pour vivre, le reste
à côté on s'en fou..." Chacun prend sa part du gâteau égoïstement.
Et la CIA s'occupe de la désinformation (cf. Vénézuela en ce moment).
Je garde surtout d'excellents
souvenirs du Québec (génial à vélo), Mexique et Guatemala.
Au niveau technique du vélo, j'ai
encore appris beaucoup sur les pneus, l'usure, etc. J'essaierai de transmettre
mes connaissances dans la partie "Equipement"
de ce site. Le vélo, au moment de l'accident avait 15 700Kmvélo ! Et je
n'ai pas eu de problème particulier. Juste des changements de pneus et
de chaines.
Les chiffres :
- USA / Canada = 8 502 Km en 93jours. Dépenses = 867euros
(rappel vaccin non compris). Ce qui fait 867euros/93j = 9.3 euros par jour. (soit 1 890FF/mois).
- Mexique / Guatemala / Salvador =
5 002 Km en 96 jours. Dépenses = 459euros (tout compris). 4,8 euros / jour. (soit
1 000FF/mois).
On s'apercois tout de suite
que le coup de la vie est nettement moins cher quand on descend vers le
sud. L'avantage de l'Amérique du sud aussi pour un français, c'est qu'il
n'y a pas de visa (presque pas la peine de s'arrêter aux frontières...).
Le
retour en France
Je suis passé d'un superbe
soleil (40ºC) Salvadorien, au froid (-5ºC, janvier) et à la pluie française.
Mais ça a été. Dans l'autre sens ce sera plus dur, voir plus bas...
J'ai rapidement écrit au fabricant du vélo "Challenge" (basé
au Pays-Bas) en lui expliquant l'accident et en lui faisant un rapport
détaillé sur le vélo depuis mon départ de Washington. Il m'a très rapidement
(le lendemain, un dimanche) répondu en me disant qu'il allait m'offrir
les pièces pour réparer le vélo. Pour finir, comme j'avais un avion 3
semaines après (l'assurance rapatriement avait achetée un billet aller-retour
que j'ai pu récupérer) et que Challenge n'avait pas les pièces en stock,
Manu, de Ligfiets (vendeur de vélos-couchés à Gent en Belgique), s'est
proposé de me donner un vélo complet.
Donc, grâce à Ligfiets Gent le problème du vélo était résolu ! Il ne restait
plus qu'à récupérer l'appareil photo numérique qui était parti en garantie.
Et là encore j'ai eu pas mal de chance puisque grâce à Camara Orchies,
je l'ai récupéré tout neuf la veille de mon départ.
Budget :
+300$ amende du conducteur salvadorien
-144euros déplacement date avion
-387euros réparation appareil photo numérique
-130euros sacoche vélo arrachée (se vend par paire)
-50euros frais divers
Ce qui fait un trou dans mon
budget de 411 euros à cause de cet accident. Ca aurait pu être bien pire...
Mais ça fait quand même 4-5 mois de voyage en moins.
Je ne remplace pas le gros appareil photo avec zoom 300mm (tant pis pour
les photos d'oiseaux et de portraits). Plutôt que de partir avec 2 paires
de chaussures (une légère et une lourde), je repars avec une seule paire
de chaussures de randonnée étanches mais pas trop lourde. J'ajoute aussi
à mon équipement un vieux poste (que j'allège en enlevant le transfo et
le HP) qui reçoit les fréquences SW pour écouter RadioFranceInternational
partout dans le monde (remarque : les nouveaux petits postes "made
in China" reçoivent souvent très mal). À tout ça, je fais aussi le
plein de musique : 16 cassettes dont le dernier album "Utopie d'occase"
de Zebda que je vous conseille.
Quoi de
neuf en Yougoslavie ?
J'ai encore recu un excellent texte de Michel Collon que vous devez lire à tout prix
!
Ca vous aidera beaucoup à mieux comprendre le monde dans lequel vous vivez
et que vous faites vivre...
Extraits :
"Au Kosovo, juste à côté
de la route du pétrole, les Etats-Unis ont installé une gigantesque base
militaire : Camp Bondsteel. Un poste stratégique pour intervenir au Moyen-Orient,
dans le Caucase, voire, un jour, contre Moscou. Qui a construit cette
énorme base, qui la gêre, qui en empoche les énormes bénéfices ? Brown
& Root Services. C'est une filiale de la firme US de services pétroliers
Halliburton, le plus gros pourvoyeur de biens et services à l'industrie
pétrolière. Un marché énorme. A la tête d'Halliburton, on retrouve Dick
Cheney, actuel vice-président des Etats-Unis.
Brown & Root, spécialisée dans les fournitures à l'armée US, a pris
de l'importance en 1992 lorsque Dick Cheney, alors secrétaire à la Défense
du gouvernement Bush senior lui attribua son premier contrat de soutien
logistique aux opérations extérieures de l'US Army. Entre 1995 et 2000,
Cheney abandonna la politique et entra à la Halliburton Corporation. La
fortune de cette entreprise a grimpé parallèlement à la montée du militarisme
des Etats-Unis.
En 1992, B & R construit et entretient les bases de l'US Army en Somalie.
Elle y empoche 62 millions de dollars. Montant doublé en 1994 : 133 millions
de dollars grâce aux bases et aux soutiens logistiques fournis pour 18.000
hommes à Haiti. En 1999, la société se voit attribuer un contrat de 180
millions de dollars, pour construire des installations militaires en Hongrie,
Croatie et Bosnie. Mais c'est Camp Bondsteel qui va constituer "la
perle des contrats", comme l'explique Paul Stuarte :
"A Camp Bondsteel, c'est Brown & Root qui assure tout : la
fourniture de 2500 m3 d'eau par jour, de l'électricité nécessaire à une
ville de 25.000 habitants, le lavage de 1.200 sacs de linge, le service
de 18.000 repas par jour et 95% des liaisons ferroviaires et aériennes,
plus le service incendie. Avec 5.000 employés kosovars albanais et 15.000
venus d'ailleurs, B & R est le premier employeur du Kosovo."
Confirmation par David Capouya, son directeur : "Nous y faisons
tout ce qui ne nécessite pas de porter un fusil". Effectivement,
la firme de Houston fournit tout, du petit déjeuner aux pièces détachées
pour blindés. La guerre grossit directement le portefeuille de Monsieur
Cheney.
Et de plus en plus : l'occupation de l'Afghanistan a aussi procuré de
juteux contrats à Brown & Root."
[...]
"On sait que la drogue
est, avec les armements et la publicité, un des trois secteurs économiques
les plus importants de la société capitaliste actuelle. On sait aussi
que la CIA a, un peu partout sur la planète, mis en place des trafics
ou des trocs armes, drogue, pétrole, et cela en complicité avec les pires
groupes maffieux."
N'attendez pas des médias "classiques"
qu'ils vous expliquent tout ce que vous pourrez lire dans cet article.
La majorité des journalistes savent se contenter d'informations fausses
pourvu que les gens achètent. Puis de toutes façons, une large majorité
des gens s'en foutent... voir le sketch de Coluche (MP3 d'1,8Mo) dans la partie "Pourquoi"
de ce site.
En mettant ce texte de Michel
Collon sur mon site, je sais très bien que la plupart des gens ne prendront
pas la peine de le lire... Et un des gros problème du monde est aussi
là. Enfin, c'est vous qui voyez...
Le texte à lire au format .html (cliquez) ou au format .rtf (cliquez).
" Papa, pourrais-tu me parler de la politique ? "
"J'ai un devoir à rendre
là-dessus pour demain." Après un instant d'hésitation, le père répondit
: "Bien, je pense que la meilleure méthode pour t'expliquer tout
cela est de faire une analogie avec notre famille : je suis le capitalisme,
car je suis celui qui apporte de quoi nourrir et faire vivre la famille,
ta mère est le gouvernement, car elle gère et régente chaque chose de
notre famille, la bonne est la classe ouvrière, car elle travaille pour
nous, toi tu es le peuple et ton frère est la future génération. L'ensemble
constitue la politique au sens étymologique du terme (La vie de la cité)."
"Merci Papa" dit Petit Jean, "je ne comprends pas tout,
mais je vais y réfléchir."
Dans la nuit, Petit Jean est réveillé par les cris de son petit frère
; il constate que ses couches sont sales. Il se rend dans la chambre de
ses parents et essaie de réveiller sa mère sans succès ; il remarque cependant
que la place du père est vide et il retrouve son père dans le lit de la
bonne.
En désespoir de cause, il retourne se coucher.
Le matin suivant, au petit déjeuner, Petit Jean dit à son père: "
Papa, cette nuit, je crois que j'ai tout compris sur la politique ".
" Excellent mon garçon et qu'as-tu appris ? "
" J'ai appris que pendant que le capitalisme baise la classe ouvrière,
le gouvernement roupille, ignorant le peuple et laissant la génération
future dans la merde. "
Nouveau départ (31 janvier 2003)
A Roissy Charles de Gaulle,
j'ai encore été obligé d'acheter un billet retour pour la France (que
j'envoie après en France pour me le faire rembourser). C'est la règle,
le gouvernement des EU l'exige, même pour un petit transit par Miami.
Donc c'est parti pour un vol Paris-Miami en confort Air France. A Miami,
à peine sorti de l'avion, passage à l'immigration toujours musclé ici.
Des drapeaux américains partout et des policiers partout qui nous engueulent
dès que l'on fait un pas de trop... Quelle ambiance ! Silence, tout le
monde a peur.
Puis je prends un vol très cool (1h de retard) Miami - San Salvador avec
AirSalvador. Ambiance joyeuse (gros contraste avec les EU).
Arrivée à 21h à San Salvador. Après avoir remonté le vélo sous le regard
du personnel très intéressé, je sors de l'aéroport, il fait noir complet,
pas de lune. Je tourne un peu en cherchant une place tranquille où planter
ma tente, mais c'est pas facile... Au bout d'une heure, je finis par demander
à des gens dehors si je peux mettre ma tente près de chez eux. Le lendemain
matin, grand soleil, très grosse chaleur, quel choc par rapport au climat
d'un mois de janvier du Nord de la France. Et ça ne va pas se passer tout
seul...
Donc je roule, en prenant la route du sud qui va vers l'Honduras. Avant
l'accident, j'avais pris la route du nord, un peu plus dure, plus montagneuse
et avec une portion de piste.
Le jeune gardien
Un matin, alors que j'avais
passé une bonne nuit au milieu de quelques prairies éloignées de la route,
un gardien s'approche doucement. Il est assez jeune, uniforme bleu et
grosse carabine dans les mains, qu'il tient de manière très crispé, près
à tirer. Je me lève en m'approchant un peu pour lui expliquer ce que je
fais là. Il recule. Je lui fais peur. Puis le patron de la ferme arrive,
tout s'arrange.
Je suis pas méchant mais c'est vrai qu'on dit qu'une grande bête peut
manger une petite bête...
Passage de police
Le lendemain, alors que la
nuit était tombée, je plante ma tente devant une usine, seul endroit correct
que je trouve. Le proprio appelle la police. Alors que je dors profondément,
ils arrivent à vélo silencieusement. Puis l'un d'eux s'approche de ma
tente, touche le fil de nylon qui relie celle-ci au vélo et déclenche
l'alarme. Je me réveille en sursaut. Eux aussi ont dû sursauter. Puis
je leur explique ce que je fais là en leur montrant mon passeport. Le
fonctionnement de l'alarme les intéresse beaucoup. Ils repartent amusés.
Je me rendors.
Frontière Salvador-Honduras (3fev2003)
En repassant sur les lieux
de l'accident à la frontière Salvador-Honduras, je vais voir le commissariat
où j'avais passé trois jours. Mais c'est une autre équipe, pas un que
je connais. Je laisse un mot.
Au fameux virage avant le poste frontalier, je prends quelques photos
mais quelques jours plus tard ma carte numérique rend l'âme, pas de chance...
Enfin, il y a encore beaucoup, beaucoup, beaucoup trop de camions.
Honduras
L'insolation (3fev2003)
Je passe donc la frontière
Salvador-Honduras sans souci cette fois ci. S'en suit une très longue
ligne droite (3km) légèrement montante et un peu trop ensoleillée. J'avance
avec peine, j'ai un peu de mal à respirer et mal au ventre. A la fin de
cette longue ligne droite, il y a un grand virage avec une dernière baraque.
Je la passe mais m'arrête juste après car je crains de tomber seul dans
le coma perdu dans la nature. Malgré mon inactivité, ma respiration est
anormalement rapide, puis j'ai envie de vomir. Je comprends vite que je
n'irais pas plus loin aujourd'hui. Après une heure de lutte avec ce mal
à l'asperger d'eau pour me refroidir, je fais demi-tour pour demander
à la fameuse dernière maison si je peux rester devant chez eux à l'ombre
pour la nuit. J'étends ma bâche, mes matelas de mousse, m'allonge et m'asperge
d'eau en attendant que ça passe. Peu de temps après j'irais me faire vomir
pour accélérer les choses. La nuit sous la tente sera correcte. On peut
regretter le manque d'hospitalité des gens. Mais heureusement une petite
fille de 12 ans s'occupera bien de moi. Elle me raconte froidement que
son père est parti avec une autre femme comme tous les hommes ici, que
le monsieur là qui passe et qui marche difficilement, il a 76 ans, a bu
toute sa vie mais est encore en vie. Les enfants ici n'ont pour jouet
que les cailloux, ils traînent par terre avec les poules, les chiens et
les détritus.
Les jours qui suivent, je m'asperge toute la journée d'eau (du poids en
plus à emporter sur le vélo), mais je finis par me réhabituer à la chaleur
et abandonne cette technique extrême de refroidissement du cycliste. Je
supporte maintenant à nouveau des 45ºC sans m'asperger.
2 jours après cette insolation (5fev2003), j'attrape un très gros rhume
accompagné d'un sérieux mal de tête. C'est les conséquences de mes sorties
à vélo sous la pluie en France...
Bref, mon organisme a mal supporté la différence de climat.
La "condición fisico"
Malgré quelques sorties sous
la pluie pendant ce mois passé en France, mes jambes se sont un peu "affaiblies"
(!?). Mais la puissance revient vite. Je me réhabitue assez rapidement
à la position sur le vélo et retrouve mon confort. Les premiers jours,
j'ai eu des petits problèmes de circulation du sang dans le pied gauche.
Avec ce qu'il avait reçu, c'est un peu normal... Mais pas de crampe, je
ne sais pas ce que c'est d'ailleurs.
Je roule entre 10h et 17h30 en faisant environ 10mn de pose toutes les
heures. Ce qui fait entre 70Km et 120Km par jour suivant le terrain (plat,
descente, montée) et l'orientation du vent. J'ai profité du passage en
France pour m'équiper de bons pneus. Donc pour les crevaisons, c'est environ
2 par mois.
Nicaragua
trajet.gif
L'histoire en très bref
On a trouvé des traces d'habitation
d'homme datant de 6000 ans du côté du Lago de Nicaragua.
Le Nicaragua fut découvert par l'espagnol Gil Gonzalez en 1522. Il donna
au pays le nom de la tribu la plus peuplée vivant au sud du Lago de Nicaragua,
les "Nicarao".
1838, indépendance du pays. Avec le départ des Espagnols, la Grande Bretagne
et les USA se sont intéressés au Nicaragua pour construire un canal reliant
l'Océan Pacifique à Atlantique.
1893, le dictateur Zelaya est au pouvoir.
En 1914, un traité garantit aux USA l'exclusivité de construire un canal
et l'établissement de bases militaires américaines.
1937, à nouveau un grand dictateur au pouvoir : Somoza Garcia. Il est
aidé par les USA (la CIA utilise le Nicaragua pour ses bases d'entraînement
: renversement en 1954 du leader Guatémaltèque, 1961 invasion de Cuba,
etc.).
1972, gros tremblement de terre qui dévaste Managua (+6 000 morts, 300
000 sans logement). L'aide international est détournée par Anastasio Somoza
(nouveau président dictateur, frère de Garcia).
19 juillet 1979, les sandinistes (ou FSLN, libérateurs démocratiques)
finissent de prendre le pouvoir (révolution qui fit env. 50 000 morts).
Dans les années 80, Ronald Reagan (président US) suspend toute aide avec
le Nicaragua et finance un groupe paramilitaire appelé "Contras"
(conterrevolutionary), qui est formé principalement d'anciens soldats
du dictateur Somoza.
Quelques embargos des USA du même style qu'en Irak...
Chamorro devient en 1996 le nouveau président (financé par les USA). Mais
les promesses ne sont pas tenues. Aujourd'hui c'est Ortega qui préside.
(sources LonelyPlanet, je vous laisse emprunter un bon livre dans une
bibliothèque pour plus d'infos.)
Comparés au Salvador et Honduras,
les gens ont l'air plus chaleureux au Nicaragua. Les femmes répondent
pratiquement toutes à mes bonjours. Mais l'hospitalité n'est rien par
rapport à ce que j'ai connu en Afrique (Sénégal, Mali).
La pauvreté y est encore plus visible (beaucoup de mendiants dans les
villes). Mais il y a aussi de gros beaux 4×4 climatisés conduits par des
états-uniens ou par des nicaraguayens ayant travaillés aux USA et qui
reviennent au pays porter la bonne parole ("vive les USA").
C'est ainsi que l'on voit fleurir des drapeaux états-uniens un peu partout
(même sur les vélos !).
Frontière Honduras - Nicaragua (5fev2003)
Normalement quand vous entrez
dans un pays, il faut passer au poste pour que l'on vous mette sur votre
passeport le "tampon d'entrée". Et quand vous sortez, il faut
faire faire le "tampon de sortie".
Comme à mon habitude depuis le Mexique, je quitte l'Honduras sans tampons,
ça m'évite les queues, les achats de "cartes de touriste" (il
n'y a pas de visa mais ils arrivent toujours à vous faire payer autre
chose) et surtout les problèmes de fonctionnaires qui veulent me voler.
Mais en rentrant au Nicaragua ça pose problème (1er fois). Donc je retourne
au poste Honduras pour avoir le tampon de sortie, là on me fait payer
une amende de 6euros car je n'ai pas le tampon d'entrée Honduras. Côté
Nicaragua, je paye la carte de touriste à 7 euros. Puis à la dernière
"barrière", on veut me faire payer des papiers pour le vélo
(!?). Je fais semblant de m'énerver et d'être scandalisé
en leur disant que c'est trop facile de toujours vouloir sous-tirer de
l'argent aux touristes, etc. Merci, au revoir, je pars sans rien payer
de plus.
Leon, 6
fev 2003
Après une piste difficile (plein
de trou partout et beaucoup de poussière aux passages des camions/voitures)
mais stimulante, j'arrive à Léon. Ancienne et encore belle ville coloniale,
fondée en 1524 par Francisco Fernandez de Cordoba. Là, en me baladant
dans le marché, Mauricio vient me parler en francais (il a vu mon petit
drapeau à l'arrière du vélo). Mauricio a l'air d'avoir 20 ans (petite
taille, petites mains) mais il en a 36 ! Il vit chez sa mère et donne
des cours d'espagnol, italien, français, anglais et allemand. Rapidement,
il m'invite chez lui après m'avoir proposé un hôtel pas cher que je refuse.
On mangera ensemble dans un petit restaurent le soir (1,5$ l'assiette
de riz avec de la viande). Il connaît pratiquement tous les étrangers
de la ville. Il veut la politique libérale et est d'accord avec le projet
des US qui veulent créer une zone de marché libre jusqu'au Panama et même
plus bas. Comme tous les gens, il pense à l'argent que ça pourrait lui
ramener. Et tant pis si la politique libérale aggrave les inégalités.
Tant que ça marche pour lui...
Après une petite visite du musée Ruben Dario, je quitte la ville.
Le soir, je me trouverai une bonne petite place dans la brousse, très
loin de la route et du bruit de la "civilisation". Bref dans
la Nature. Lendemain matin, réveil par des cavaliers (ou cow-boy) qui
me donnent une tortilla (crêpe) avec du "Queso" (fromage)
en guise de déjeuner.
Sabado
8 febrero 2003, ça souffle...
Je passe à 5Km de la capitale
Managua sans y rentrer, j'ai pas le courage d'affronter le bruit et la
pollution. Mais je vais affronter une dure montagne. Passage de 80m d'altitude
à 1055m en 3-4h ! Après ces 30Km de souffrance, j'arrive enfin en haut,
il fait noir et c'est la tempête. On me dit qu'il y a toujours autant
de vent ici. C'est bruyant comme endroit ! Je me mets dans un jardin,
un peu à l'abri du vent. Heureusement le sol est un peu humide, ce qui
me permet de bien accrocher la tente. Toute la nuit ça va souffler très
fort. Le lendemain matin, j'ouvre les yeux, ma petite maison à une forme
bizarre... encore un tube qui a cassé ! C'est réparable.
Hector le cyclo-surfeur (9 fev2003)
Avant de quitter le Nicaragua,
je croise un gars de 28 ans environ sur un VTT allongé par un très gros
chargement (90Kg!) qui roule en sens opposé au mien. On se dit bonjour,
puis je le rattrape pour discuter. Hector vit aux EU, a pris l'avion jusqu'à
Panama city et compte remonter jusqu'aux US à vélo en longeant le plus
possible les plages car il aime surfer sur les vagues. Il ne visite pas
les grosses villes ; pas si bête. C'est sa première expérience de grande
randonnée à vélo. On échange des conseils sur le matériel et sur les pays
que l'on vient de traverser. Il est bien sûr très intéressé par mon système
de panneau solaire. Il me dit qu'il s'est fait arracher son rétroviseur
par un gros camion au Cost-Rica. Je lui montre mon écarte danger. (photo 126-2639_img.jpg)
Costa Rica
trajet.gif
Très bref historique
Le premier européen à toucher
le sol du Costa-Rica fut Christophe Columbe, durant son 4ème et dernier
voyage. Il remarque que les autochtones ont des décorations en or, d'où
le nom qu'il donne au pays : "Côte riche". (mais le pays ne
sera pas riche...)
L'histoire du Costa-Rica n'a pas l'air trop agitée et c'est un pays qui
n'a pas suscité trop d'invasions extérieures. C'est peut-être pour ça
que le pays fonctionne mieux et est plus riche que ses voisins.
Une petite révolution quand même : aux élections de 1948, l'ex-président
Calderon refuse sa défaite face à Otilio Ulate. S'en suit une guerre civile
qui fera plus de 2 000 morts, puis un nouvel état démocratique dirigé
par Figueres. 1949 marque la formation de la constitution actuelle du
Costa-Rica, les femmes et les noirs peuvent voter, l'armée est abolie,
le président n'a droit qu'à un seul mandat.
(sources LonelyPlanet, je vous conseille toujours l'empreint d'un bon
livre dans une bibliothèque pour plus d'infos.)
Frontière Nicaragua - Costa-Rica (10fev2003)
Juste avant la frontière, comme
à mon habitude, j'essaye de me débarrasser de la monnaie du pays. Je mange
avec des assassins armés de gros camions. Ils sont toujours autant crevés,
contours des yeux tout bleus/noirs. Ils me conseillent une route un peu
moins dure que celle qui passe par San José, la capitale du Costa-Rica,
et d'éviter "El cerro de la muerte" (le col de la mort).
Passage frontalier sans problème. Au Nicaragua, il faut même payer pour
sortir (3$). Avec les 7$ à l'entrée, pour moi c'est un pays qui abuse...
Costa-Rica, rien à payer, le fonctionnaire oublie de me faire le tampon,
je fais bien de vérifier...
Après c'est des montagnes (5-10%), sans arrêt on monte et on descend,
Hector m'avait prévenu.
Circulation
Déjà, au Nicaragua, la circulation
se faisait plus dangereuse, mais ici c'est l'apogée !
Après m'être fait dangereusement frôler par plusieurs camions/bus, j'ai
redoublé de précautions. Désormais, à chaque fois que je voie arriver
un gros véhicule (bus ou camion), c'est vous dire si j'ai la tête en permanence
dans le rétro..., je me mets au milieu de la route en zigzagant. Là, en
général ils se mettent à klaxonner comme des dingues, mais ils ralentissent
(enfin...dans la majorité des cas). S'il n'y a personne en face, je me
rabats légèrement pour mieux les laisser passer. Si un mobile arrive en
face, je reste au premier tiers de la route en leur bloquant le passage.
Il n'y a pas la place pour 3 et dans ces cas là c'est moi, le plus petit,
qu'on éjecte. Donc je me défends. Je suis sympa, pour ceux qui restent
bloqués derrière moi, j'ai mis un peu de lecture sur la pancarte de mon
vélo : "voitures, camion= 1500morts/jour, pollution, guerre du pétrole
(Irak, Yugoslavia, Afghanistan, Irak,...)". Je n'ai jamais eu de
mauvaise réaction comme aux USA...
Et les précautions que je prends sont souvent vitales : Cette après-midi,
un camion m'a doublé tout en perdant sur sa droite de grandes barres de
bois placées sous sa remorque. Elles dépassaient de plus d'1,5m sous le
côté droit de la remorque, et si je ne l'avais pas forcé à s'écarter de
moi, il m'aurait fauché à plus de 70Km/h ! Et croyez qu'en voyant le problème,
il ne s'est pas arrêté ! Il a continué toujours plus vite en espérant
que ça tienne encore longtemps. Ce qui ne fut pas le cas puisque je l'ai
retrouvé plus loin bloquant toute la route et ramassant ses barres de
bois dans le fossé.
J'ai souvent l'impression que les bus et les camions font ici un rallye.
Mais les voitures c'est pas mieux. Encore cette après-midi, dans une montée
pour moi. Je vois en face une longue file de camions et voitures descendre
à toute allure. Donc je me mets un peu plus sur ma gauche pour éviter
qu'un imbécile ne tente un dépassement très dangereux. Et ça ne rate pas
! Une voiture sort violemment de la file, j'ai tout juste le temps de
me rabattre le plus possible sur ma droite, mais elle vient quand même
éclater le catadioptre de mon écarte danger, qui vole en mille morceaux
(photo 126-2679_img.jpg). Sans l'écarte danger qu'est-ce
que ça aurait été ? Le rétroviseur (ce qui est arrivé à Hector, voir plus
haut) ? Et après ? Moi ?... Du coup, je rajoute une branche avec un chiffon
rouge pour le remplacer.
Le vent
Depuis le sud du Nicaragua
et mon entrée au Costa Rica, j'ai droit à un vent très fort (venant du
nord ou de l'est). Parfois de face, le plus souvent de côté. La journée,
il m'éjecte parfois sur la chaussée. Mais le soir et la nuit ça devient
invivable. Je suis devenu expert pour planter la tente sous la tempête
! Mais il y a encore parfois de la casse (comme une fois aux USA) : barre
qui casse, je fais un plâtre. Le plus gênant c'est pour dormir. Même avec
les boules quiets, j'entends encore les rafales de vent hurler. Est-ce
que je hurle moi ? Un peu de respect pour ceux qui veulent dormir !
Le Costa-Rica, c'est très très touristique,
surtout le long des côtés. Autant le Salvador était un pays colonisé par
les entreprises étasuniennes, autant le Costa-Rica est colonisé par les
touristes étasuniens. C'est aussi le pays le plus cher d'Amérique centrale.
L'hospitalité, j'ai pas eu la chance de la rencontrer, donc je ne peux
pas vous en parler...
J'ai eu quelques contacts avec la police aussi... pas vraiment gentille...
Panama
trajet.gif
Historique,
et le Canal...
Il y a plus de 11 000 ans,
des gens vivaient déjà au Panama.
Avant que les espagnols arrivent, la population était certainement aussi
grande qu'aujourd'hui, mais elle a été rapidement décimée.
"Panama" vient d'un mot indien qui veut dire "abondance
de poissons".
Quand les puissances du monde ont apprit que l'isthme de Panama était
le point le plus étroit entre l'Atlantique et le Pacifique, ils se sont
tous intéressés à cette région.
Au début le transport de marchandise entre les deux côtes se faisait par
la terre (à pieds, mules, puis trains). Tout ceci attirait de nombreux
pirates anglais, français, allemands, etc.
En 1739, les anglais détruisent
Portobelo (port de l'Atlantique où commençait le transport des marchandises),
ce qui oblige les espagnols à réutiliser la route du Cap Horn (sud de
l'Amérique du Sud).
En 1821, le Panama fait parti
de la "Gran Colombia" avec la Bolivie, l'Equateur, le Pérou,
et le Venezuela, qu'avait longtemps rêvé Simon Bolivar. Comme ce projet
échoue, Panama devient une province de la Colombie (de la petite Colombie).
1846, la Colombie signe un
traité permettant aux USA de construire une voie ferrée à travers l'Isthme
du Panama (le long du futur canal). Ce traité garantit aux USA le droit
de libre transport et autorise l'installation de bases militaires US le
long de l'Isthme. La construction de la ligne de chemin fer dure de 1850
à 1855. Durant cette période, la province du Panama change 20 fois de
gouverneur !
L'idée de construire un canal
date de 1524 avec le roi Charles V d'Espagne. En 1878, le gouvernement
colombien autorise Lucien NB Wyse à cette construction. Wyse vend la concession
au diplomate français Ferdinand de Lesseps qui c'était déjà occupé du
Canal de Suez. La compagnie de Lesseps échouera (fièvre jaune et malaria
tueront 22 000 travailleurs). Un autre français, Philippe Bunau-Varilla,
essayera sans succès. Il veut vendre la concession aux USA mais la Colombie
refuse. La politique du "diviser pour mieux régner" va alors
prendre place : En 1903, une junte révolutionnaire soutenue par les US
déclare le Panama indépendant de la Colombie. La Colombie envoie des troupes
au Panama, mais les bateaux US protègent déjà le nouveau pays. La Colombie
ne reconnaîtra le Panama comme une nation séparée qu'en 1921, où les Etats-Unis
donnent 25 millions de dollars en compensation.
Le 18 novembre 1903, avant
que la délégation panaméenne n'arrive à Washington DC, un traité est signé
entre le français Bunau-Varilla (détenteur de la dernière concession)
et l'état des Etats-Unis. Ce traité donne à perpétuité aux USA une aire
de 8Km de chaque côté du canal. Malgré les protestations du Panama, le
traité est ratifié.
La construction du canal par
les USA commence en 1904 et dure 10 ans (plus de 75 000 travailleurs).
15 août 1914, le premier bateau traverse. La zone du canal devient une
grande colonie militaire américaine qui ne cessera d'intervenir dans les
affaires politiques du Panama.
En 1977, un nouveau traité
est signé par Jimmy Carter (président US) et Torrijos (président du Panama).
Il prévoit la fin du contrôle du canal par les USA le 31 dec 1999.
En 1981, Torrijos meurt dans
un accident d'avion (pas de chance...). Le dictateur Noriega prend le
pouvoir. C'est un ancien de la CIA. En 1987, il est accusé publiquement
d'implication dans un trafic de drogue, mais il s'accroche au pouvoir
en truquant les élections. Mars 1988, les USA imposent en représailles
au Panama des sanctions économiques. Peu de temps après, Noriega annonce
que le Panama est en guerre avec les EU. L'opération "Just Cause"
sera la réponse des USA : des avions, des tanks, et 26 000 soldats attaquent
Panama city (officiellement 540morts, mais en réalité plus de 4 000).
C'est George Bush père qui est alors président des Etats-Unis... Aujourd'hui,
Noriega vit dans une prison en Floride.
Après tous ces problèmes, le
pays est en très mauvais état (dégâts matériels, pillages, etc.). En 1999,
Mireya Moscoso est élue présidente. Elle compte, entre autres, utiliser
le procédé des privatisations pour réduire la dette de l'état...
Les entraînements militaires
US le long du canal ont laissés environ 105 000 bombes non explosées dans
3200 hectares de forêt vierge ! Faites attention où vous mettez les pieds
si vous y allez...
(sources LonelyPlanet "Central America".)
37% des panaméens vivent sous le
seuil de pauvreté et 21% en extrême pauvreté.
Comme le dit si bien le LoneyPlanet, l'espagnol du Panama est un peu différent
et difficile à comprendre au début.
Panama city (23fev2003)
(Panoramique de Panama
city - 120Ko)
Juste avant la capitale, je
dors dans le jardin d'une famille plutôt pauvre de 3 enfants dont le père
est policier (il rentrera du boulot à 20h et viendra me saluer). La mère
de famille a tout de suite acceptée ma demande pour camper dans son jardin,
ce qui m'a beaucoup surpris mais enchanté. Je discute le soir avec les
enfants du quartier tout en me faisant une bonne omelette.
Panama ciudad, 700 000 habitants, une partie ville à l'américaine avec
des grandes tours, et d'autres parties avec des vieux batiments coloniaux
abandonnés aux pauvres. Il y a une petite "Plaza de Francia"
aussi, dédicacée à la mémoire des 22 000 travailleurs (la plupart de France,
mais aussi de Guadeloupe et Martinique) morts dans la construction d'un
début de canal. Avec un buste de Carlos J Finlay qui a aidé à l'éradication
de la fièvre jaune.
J'arrive à Panama city un dimanche. Pas trop de voitures, parfait pour
visiter la ville tranquillement. Mais c'est quand même un peu dangereux.
En arrivant je traverse les quartiers très pauvres (le Bronx de Panama).
Puis finis par m'arrêter dans un endroit tranquille pour lire mon plan.
J'en profite pour manger (quand la demande se fait, ça n'attend pas...)
en laissant bien en évidence mon couteau au cas où. Puis 3 gars arrivent,
tous d'une vingtaine d'années, un grand noir et deux moyens dont un asiatique.
Tandis que deux me tournent autour en regardant au loin pour voir si personne
ne peut nous voir, l'asiatique fait semblant d'appeler quelqu'un à une
porte près de moi. Je lui dis que les gens qu'il semble chercher sont
dans le jardin. Il ne va pas les voir et s'approche de moi. Puis je lui
explique tranquillement les particularités du vélo, d'où je viens, ou
je vais, etc. Il me demande le prix du vélo, je réponds que je l'ai eu
gratis pour la publicité, mais qu'il doit coûter dans les 500$ (1500$
en réalité). Il s'intéresse aussi au compteur kilométrique. Ma sacoche
importante est bien fermée, et j'ai toujours la main assez proche de mon
couteau. Il n'ira pas plus loin, me serre la main, et part avec ces compagnons.
Je crois bien que si j'avais été plus petit et si j'avais montré une quelconque
inquiétude, ils serraient passés à l'acte. Deux minutes après un gars
passe me dire qu'il ne faut pas rester ici car c'est dangereux. Oui, en
effet...
Recherche "barca"
Premièrement, pourquoi rechercher
un bateau ? Le problème est simple, au sud de l'Amérique centrale, entre
le Panama et la Colombie, il n'y a plus aucune route. C'est la jungle,
les serpents, les mygales, les maladies, et surtout la guérilla avec les
Forces Armées Révolutionnaires Colombiennes (FARC) (texte
sur la Colombie). L'armée étasunienne est aussi présente à la frontière
panaméenne-colombienne, comme presque partout dans le monde... Officiellement,
il n'y a pas de route parce que ça pourrait ramener la guérilla colombienne
au Panama (mais la guérilla vient déjà de temps en temps côté Panama,
massacrer quelques villages). La vérité pourrait être aussi que les deux
gouvernements, Panama et Colombie, ou les forces qui les dirigent (mafia),
refusent de faire une route car ça faciliterait grandement le contrôle
du trafic de drogue. Bref, pour tous les voyageurs terrestres comme moi,
c'est un gros problème puisque l'on est obligé de prendre l'avion qui
est bien sûr beaucoup plus cher qu'ailleurs : 200$ pour Cartegena (Colombie),
ou 300$ pour Quito capitale de l'Equateur. Les compagnies le savent qu'on
est obligé...
L'autre solution c'est de prendre un bateau. Pour les gros cargos de transport,
c'est de plus en plus difficile, soi-disant pour des problèmes d'assurance.
Mais je crois qu'il y a encore moyen de discuter ça avec une "bonne
agence de voyage", moyennant 1000$ ! Ah ! Avec l'argent, on peut
vraiment tout faire ! Personnellement, je connais des gars qui ont essayé
d'aller directement sur les cargos / paquebos pour parler avec le capitaine
du bateau, mais c'est pas possible... Serait-ce une autre forme de Mafia
?
Une autre solution aussi consiste à prendre des petits bateaux de pêche
le long de la côte jusqu'à ce qu'il y ait une route côté Colombie. C'est
assez risqué puisque l'on ne sait rien à l'avance (y aura-t-il d'autres
bateaux pour continuer ?). Puis compte tenu des pratiques ici, où pour
beaucoup de Panaméens, un blanc est systématiquement un distributeur de
billets verts, ça pourrait vite devenir plus cher que l'avion. Donc, personnellement,
après avoir cherché 1 semaine côté Panama où j'ai vite compris que tout
était bloqué, je suis monté à vélo jusqu'à Colon, côté Atlantique du Canal
où il y a beaucoup de petits voiliers qui attendent pour passer le canal.
Colon
Ville en décadence depuis déjà
une dizaine d'années, et depuis le départ des nord américains en 2000,
ça s'aggrave, ça s'aggrave... En fait, c'est comme beaucoup de villes
colonisées dans le monde où quand les colons s'en vont, les étasuniens
dans le cas présent, l'entretien n'est plus fait et tout se dégrade rapidement
(photo : 2882.jpg).
J'ai déjà vu le même phénomène à Dakar. Mais il n'y a pas que les problèmes
d'entretien. Il y a aussi la population qui manque d'éducation, et qui
passe ses journées devant la télé. Ca ramollit beaucoup le cerveau...
On m'avait déconseillé d'y aller, surtout à vélo (le LonelyPlanet déconseille
aussi d'y aller), mais ça fait déjà plus d'1 mois que j'y suis et ça va.
En arrivant dans cette ville poubelle (je m'excuse du terme, mais j'ai
rarement vu pire, pourtant j'en ai déjà vu des villes sales), je me suis
vite dirigé dans les plus "beaux" quartiers, où en demandant
l'autorisation pour planter ma tente sur le trottoir, une famille m'a
invité dans son jardin. Au rez de chaussée vivent les grands-parents,
et à l'étage la fille avec son mari (35ans), puis les 2 petits-enfants.
Malheureusement, on regarde aussi beaucoup la télé dans cette famille.
Mais je suis très bien accepté. Nadja travaille dans une société d'import
de produits cosmétiques français. Elle fait beaucoup d'heure et a l'air
de bien gagner sa vie. Le mari de Nadja, German, travaillait dans une
usine de raffinage, mais celle-ci a fermée (je crois qu'elle était controlée
par les Etasuniens). Il passe donc ses journées à bricoler ou regarder
la TV. Les grands parents, au rez de chaussée, passent aussi leur journée
devant la TV. Je vais rester plus d'un mois à dormir dans leur jardin.
Comme je ne sais pas quoi leur offrir, je donnerais un peu d'argent en
partant. A Colon, je fais le tour des ports. Mais c'est comme à Panama,
pas possible de trouver un bateau (ferry, bateau de pêche, ou cargo) pour
l'Equateur ou la Colombie... Donc je concentre vite mes recherches sur
le "Yat Club" de Colon. C'est le passage obligé pour tous les
voiliers qui veulent rejoindre le pacifique. Les voiliers (principalement
francais, suisses, hollandais, belges, anglais, américains, etc.) attendent
là au minimum 1 semaine pour passer le Canal (ils payent env. 600euros).
En étant là tous les jours, on m'a vite demandé de l'aide. En effet, pour
passer le fameux Canal de Panama, un petit bateau a besoin de 4 personnes
en plus du barreur pour tenir les grandes cordes qui maintiennent le bateau
dans les écluses. Il y a des panaméens "professionnels" qui
font ce travail, mais ils demandent 55euros ! En 1 jour, ils se font 1/4
du salaire mensuel moyen (200euros/mois), juste en tenant une corde !
Moi, quand on m'appelait, je ne demandais rien mais le capitaine du bateau
me donnait toujours 20-30euros en arrivant côté Pacifique, je trouvais
ça très bien payé. J'ai donc passé 4 fois le canal. Entre temps, je me
baladais de bateau en bateau pour aider des gens en informatique. Il faut
savoir que 95% des voiliers qui partent faire un tour du monde ont un
PC portable à bord. Ils l'utilisent pour recevoir la météo, pour lire
les cartes de navigation, ou tout simplement pour visualiser leurs photos
numériques ou des films le soir. Mais les possesseurs de bateaux sont
souvent des personnes qui ne maîtrisent pas trop l'informatique. Donc
je vais les aider. Ca me permet de connaître beaucoup de gens, et de me
faire des économies (+400euros en 1 mois). Puis avec le temps, je deviens
vite spécialiste des logiciels de navigation sur ordinateur (connexion
du GPS sur le PC, etc.) ou du système "JVcomm32" pour recevoir
les cartes météo par radio sur PC. Puis un jour, je me retrouve sur un
beau catamaran vert (du nom de "Kalen Koan", qui signifit "jolie
coeur" en Breton, photo img_2946.jpg,
photo vélo dans le bateau img_3016.jpg),
fait maison avec un capitaine solitaire qui a des problèmes pour recevoir
la météo et envoyer des emails en mer. Le capitaine c'est Emile, un breton
de 60ans qui réalise enfin son rêve d'enfant : faire le tour du monde
à la voile. Le nom du bateau correspond bien avec le capitaine. Il accepte
de me déposer aux Galapagos en échange de mes services techniques à bord.
La traversée, 1500Km au total, démarrera en vitesse : 8-9 noeuds le premier
soir. Au début, on aura droit à des orages toutes les nuits. Ce qui me
donnera le mal de mer pendant 3-4 jours. Pour éviter cette souffrance,
il faut vivre et manger allongé. Allonger ! Comme en vélo, c'est la meilleure
position ! Puis garder l'estomac bien rempli. Les 3 derniers jours seront
agréables, car sans mal de mer. La nuit, je veillais de 20h à 1h, puis
Emile, après avoir dormi 3h, me remplaçait de 1h à 8h du matin en se réveillant
toutes les 30mn (technique de navigateur solitaire). La veille consiste
à vérifier qu'aucun bateau ne soit sur notre trajectoire (sinon, collision...)
puis éventuellement tenir la barre si l'on veut soulager le pilote automatique
(pour moins l'user). Tout ceci sous un superbe ciel étoilé ou ... sous
la tempête. La mer, c'est le désert. En 7 jours, on a du voir 2-3 bateaux
passer au loin. Pas plus.
Tour du monde à la voile :
www.mahogany.org.za
www.pierrecharter.com
www.piffoel.com
www.swansea2swansea.com
www.noaafstockholm.nu
Arrivé aux Iles des Galapagos,
j'ai enfin quitté l'Amérique Centrale. Nous sommes maintenant en Equateur.
Voir la suite des récits dans l'onglet "03".
Pour ceux qui partent
Disons le franchement, l'Amérique
latine à vélo c'est pas le top. C'est surtout très dangereux avec tous
ces camions et autobus qui se fichent des vélos. Les routes sont souvent
très étroites, mais en général en bon état (si vous prenez les principales).
D'une manière général, plus vous éviterez l'interamericana, moins ce sera
dangereux. Au Nicaragua, il y a un petit bout de piste-macadam entre Guasaule
et Chinandega. Je vous conseille la visite de Léon. Juste après Managua,
il y a une longue et dure montée de 15Km (10%). Après, pas de problème,
j'ai suivi le Lago de Nicaragua. Au Costa-Rica, j'ai pris l'interamericana
de La Cruz à Puntarenas : une horreur ! C'est assez étroit dans les petites
montagnes avec toujours des camions qui se croient sur une piste de rallye.
Hyper dangereux. Malheureusement on ne peut pas trop l'éviter. D'après
ce que l'on m'a dit, les routes du sud de Liberia sont très désagréables
à vélo. De Puntarenas à San Isidro, j'ai longé la côte Pacifique. Très
agréable, sans trop de difficulté. 45Km de piste après Quépos quand même.
Attention à ne pas vous tromper à Quépos, prenez la direction de l'hospital
et de l'aéroport. Si vous tournez à droite, vous allez à la playa Manuel
Antonio et c'est une route à 10% qu'il faudra grimper pendant 10Km deux
fois car c'est un cul de sac ! Au Panama, pas trop le choix, il n'y a
que l'interamericana. A partir de Aguadulce, c'est une 2×2 voies avec
bande d'arrêt d'urgence. Large et un peu moins dangereuse donc. Arrivé
à Panama city, montez jusqu'au "Yat Club" de Colon (en vélo
ou Bus), même s'il n'y a pas de bateau pour l'Equateur, essayez de passer
le canal gratuitement en aidant un bateau à voile. Je crois qu'il y a
surtout beaucoup de trafic de février à mai. Sinon, je conseille quand
même l'avion pour rallier l'Amérique du Sud. C'est plus rapide et pas
forcément beaucoup plus cher qu'en bateau. Pour le passage par les Galapagos,
bof..., ça fait un long et cher détour. Et il n'y a pas tant de choses
à voir. Tout dépend de votre bourse... Au niveau des emails, je vous conseille
d'avoir plusieurs adresses email car il arrive que certains services soient
très lents (comme ifrance) ou ne soient pas acceptés par l'ordinateur
(multi-fenêtres). J'ai eu des problèmes au Costa-Rica.
Evolution et réflexion sur mon voyage
En quittant la France, j'avais
tout bien planifié mon tour du monde en fonction des saisons. Puis à cause
de l'accident au Salvador avec un camion, tout a été chamboulé. Pour rattraper
le retard, il aurait fallu prendre quelque part le train ou le bus, ce
que je n'ai pas prévu dans ce tour du monde à bicyclette, je dis bien
à bicyclette (ou mieux en "Bent"). Donc, arrivé à Panama, quand
j'ai compris que le passage pour l'Amérique du Sud serait long et difficile,
surtout en refusant l'avion (soy ecologisco), j'ai pris mon temps. Et
j'ai compris qu'un voyage c'était surtout ça ! Prendre son temps ! Permettre
toutes les évolutions possibles, se laisser aller à toutes les rencontres
possibles. Rencontres bonnes ou mauvaises mais toujours enrichissantes
pour les 2 parties. En prenant le temps d'accepter toutes les invitations
quand je travaillais sur les voiliers à Colon, j'ai connu beaucoup de
personnes très intéressantes. En fait, au début de ce tdm je faisais plus
un parcours qu'un voyage. J'étais trop concentré sur mon avancée. Quand
des gens m'invitaient, j'avais du mal à accepter, et ne restais jamais
trop longtemps de peur de gêner et surtout de prendre du retard dans mon
programme. Bref, j'ai compris qu'en voyage, il ne faut jamais être pressé
et toujours accepter les invitations sans gêne.
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