Construction d'une remorque pour vélo

Olivier Samain




Il y a quelques années, j'ai cherché à me procurer une remorque de vélo, principalement dans le but de partir en vacance avec. L'objectif est plus généralement de pouvoir se passer de voiture le plus souvent possible, aussi bien en ville qu'à la campagne. Le critère essentiel était la légèreté pour pouvoir affronter les côtes, des dimensions permettant de passer les portes, tout en ayant une bonne capacité de remplissage.

Deuxplusdeux ( www.carrioles.com) est la boutique proposant le plus large choix de remorques en France. Il y a possibilité d'acheter par correspondance. Je n'ai pas pu cependant trouver le modèle que je cherchais. Il manquait quelque chose entre les modèles lourds et encombrants destinés à transporter de grosses charges, et les modèles spécialisés pour le voyage au look parfois « design » mais avec un volume limité. Le prix des modèles (entre 250 et 600 €) est également assez dissuasif !

M'inspirant des modèles existants, j'ai réfléchi à la possibilité de construire une remorque par mes propres moyens, si possible en récupérant certains matériaux. J'ai ainsi dessiné le plan de la remorque « idéale » selon mes critères. Le plan final est cependant intimement lié au type de construction retenu : N'ayant pas de compétences en soudure, je me suis orienté vers un assemblage à base de tubes et de raccords en aluminium commercialisé par la société Centurion (www.centurion.fr). Avec ce système, le montage du cadre est très rapide. Les tubes d'alu se découpent facilement à la scie à métaux. Un diamètre de 30 mm pour les tubes garantit la solidité et la rigidité de l'ensemble. Les raccords s'achètent par correspondance. Pour les tubes, j'ai trouvé plus avantageux de me les procurer auprès d'un grossiste d'une zone industrielle.

Alternative possible : Construire un cadre en bambou.

Les roues, je les ai récupéré sur un vieux vélo pour enfants. Après avoir fait retirer les pignons de la roues arrière, les axes s'emboîtent simplement dans les pattes de fixation fixés sur les tubes latéraux (détail).

Pour le plancher et les parois latérales, j'ai opté pour de la toile PVC, du type qui est utilisée pour les bâches de protection ou certaines grosses tentes et qui s'avère à l'usage largement assez solide, tout en permettant une très grande légèreté (de la toile de jute pourrait aussi faire l'affaire, l'étanchéité en moins). Ce type de toile ne se trouve pas facilement dans les magasins de bricolage, mais plutôt auprès des fabricants/distributeurs de toile industrielle. Les morceaux de toile sont ensuite fixée au cadre par de la cordelette en passant dans des oeillets (un tous les 10 cm environ, voir détail). Pour plus de solidité au niveau des oeillets, il faut rabattre les cotés sur 5 cm et les coller avec de la colle néoprène. La toile du fond de la remorque, elle, est entièrement doublée. Une fois les trous faits (à la perceuse), les oeillets s'encastrent au marteau. La pose de l'ensemble des oeillets est assez pénible. La toile supérieure (couvercle) n'est pas indispensable mais est bien utile pour protéger de la pluie et pour ne pas risquer de perdre des objets.

Alternative possible : Fond de la remorque en contre-plaqué. Probablement un peu plus lourd mais demande moins de travail.

Le système de fixation de la remorque au vélo est ce qui pose le plus de problème. Il en existe deux types : La fixation basse, dans laquelle le timon vient s'accrocher au niveau de l'axe de la roue arrière, et la fixation haute, dans laquelle le timon vient s'accrocher à l'axe de la selle. Dans les deux cas il faut que le timon soit courbe pour contourner la roue arrière, ce que je pouvait difficilement réaliser avec mes tubes en alu. La solution a été un timon droit relié à l'arrière du porte baguage. Dans un premier temps, j'ai simplement fixé le timon à l'aide d'une cordelette en essayant de limiter au maximum le jeu au niveau du noeud, sans pouvoir le supprimer complètement. Le résultat était que la remorque avait tendance à osciller un peu d'avant en arrière lors du pédalage, en particulier dans les cotes, ce qui faisait perdre de l'énergie et usait une partie du tube à cause de la friction. La seconde solution fut de faire passer un boulon à travers le porte baguage (possible en fonction du modèle) et de le faire passer dans une tige d'attache, elle même reliée au timon (voir graphique + photo). La tige d'attache est une patte d'assemblage classique dans laquelle les trous sont déjà percés, que l'on plie pour obtenir l'angle entre le porte baguage et le timon. Il est cependant indispensable que la fixation conserve un certain degré de liberté dans les cas ou la remorque ou le vélo se penche (virages, descente de trottoir...). Autrement dit, il faut que l'axe du boulon puisse pivoter comme le montre le graphique. Cela est rendu possible en prévoyant un trou plus large que le diamètre du boulon et en disposant de chaque coté des joints souples en caoutchouc (en l'occurrence des joints hémisphériques pour robinets). Malgré la mobilité offerte par ce système, il faut absolument éviter que le vélo ne tombe (importance de la béquille) ou que la remorque ne se retourne (gare aux trottoirs), au risque de tout casser !

Du coté de la liaison entre le timon et le bas de la remorque, je l'ai renforcé à nouveau avec des boulons de Ø8 mm, le système de serrage des raccords centurion n'étant pas assez robuste pour supporter la traction de la remorque (le tube glisse dans le raccord). Le plus simple, une fois le tube en place est de percer un trou à travers le raccord et le tube et d'y faire passer le boulon. La petite béquille à l'avant du timon est très pratique pour maintenir la remorque au repos. Un écrou papillon facilite le serrage/desserrage de l'axe de rotation (détail).

Poids de l'ensemble : Environ 8 kg.

Le coût de revient total est estimé entre 300 et 350 euros.

Pour vos questions, remarques, suggestions :



Outils nécessaires :

  • Clefs plates et clefs Allen

  • Scie à métaux

  • Perceuse

  • Marteau

  • Mètre ruban

  • Ciseaux, cutter


Pièces :

  • 10 m de tubes d'aluminium Ø 30 mm (54 €)

  • Jeu de raccord Centurion pour tubes Ø 30 mm (150 €)

  • Deux roues de Ø 18 pouces (46 cm)

  • 4 m² de toile (25 €)

  • 100 oeillets Ø 8 mm

  • 20 m de cordelette Ø 4 mm (drisse polyéthylène, 6 €)

  • Colle néoprène (2 tubes, 11 €)

  • Boulons de Ø 8 mm

  • Patte d'assemblage en acier zingué avec trous (175 mm)

  • Joints en caoutchouc pour robinet

  • Écrous papillon



Quelques recommandations :

  • Le vélo doit impérativement posséder une béquille (solide) pour pouvoir garer le tout.

  • En terrain pentu, il faut mieux avoir un bon développement à la montée, et des bons freins à la descente !