TOUT S'ACQUIERT PAR LE TRAVAIL

Paroles du maître Jean transmises à André (333), son fidèle témoin.

(Extrait de "La Tour d'Ivoire" - Ed. Baume de Vie)

" Mes Parents ont une drôle de conception de l'organisation ; ainsi pour Eux, la vile monnaie d'échanges est dangereuse, voire mortelle. Ils demandent de ne pas radicalement la supprimer mais, au moins, d'en faire usage le moins possible. "Vivez sur vous même" disent-ils. Mais ce n'est pas facile sur cette planète ! Dans la préhistoire, cela s'expliquait très bien, mais maintenant... Tout se vend pour de la vile monnaie et tout s'achète. Mais pour mes Parents, tout s'acquiert par le travail.

Il faut dire objectivement que la monnaie, pour vile qu'elle soit, est tout-de-même plus facile à manipuler que le travail (hélas!) ; cela permet de mettre du labeur en conserve et en réserve. Il est bien certain que les assignats sont la source de tous vices ; plus leur expansion s'accroît et plus le monde se perturbe, comment faire autrement sans revenir à la préhistoire ; du reste, d'emblée, nous ne le pourrions pas ! Le type du petit paysan d'hier était une image aussi valable ; on l'illustre mieux en Asie qu'en Europe ; chacun vivant sur son lopin de terre et de celui-ci. Il est certain que lorsqu'on produit blé ou mil, riz ou maïs pour assurer sa subsistance de base, c'est déjà quelque chose ; des volailles, du bétail pour produire : lait, viande, oeufs, fromage. Le pain cuit au four du village était tellement meilleur ! Le linge lavé à la fontaine, le lin, la laine tissés, filés pour se vêtir, cela fait beaucoup de travail ; il ne reste plus guère de temps ; et pourtant tout cela était bon, délicieux, parce que c'était légalement gagné. Tout cela était pur et non pollué.

Osons dire qu'avec ce système, il ne faut guère d'argent, car hormis quelques rares produits manufacturés, le sel, les allumettes, on produit tout soi-même sur place ! Voilà ce qui s'appelle s'occuper sainement, vivre sur et par soi-même ; c'est ainsi que mes Parents l'entendent.

Oui, mais Eux, ils conçoivent bien mieux les choses par l'âme que par le corps, mais Ils prétendent aussi qu'on ne vit et ne goûte les choses que par celle-ci ; partant de là, Ils demandent : le bonheur se vend-il ? S'achète-t-il ?

Par celui qui sait ce qu'est vraiment le bonheur, on sait bien que non ! Quant aux choses factices n'ayant rien à débattre avec les vraies, cela est autre chose ; mais quant au vrai bonheur, on ne saurait le thésauriser.

Ainsi, mes Parents donnent toujours beaucoup de choses, tels l'amour pur, la joie, l'amitié véritable, la vertu, la pureté, la loyauté, la délicatesse, la bonté ; notez que je suis loin ici de tout énumérer.

Mon Père ajoute, plus sévère : "Et l'intelligence, l'habileté, l'art, la sagesse, la patience, la finesse, la subtilité, la compréhension ; en un mot toutes les qualités de l'âme et de l'esprit sains. Penses-tu que cela s'acquiert avec de l'argent ??? "

Non, bien sûr que non !

Nous y voilà bien, l'éternel combat de l'esprit contre la matière avec ses antagonistes ; il faut faire cependant la conciliation. On vous a accordé jadis six jours pour le matériel et un jour pour l'esprit, à savoir le septième. On en a tiré toutes sortes de conséquences et d'inductions, voire de déductions plus ou moins fausses, mais peu importe. On en a fait une loi religieuse : "Le jour du Seigneur, tu serviras ton Dieu". Mais comme pour un certain nombre, Dieu c'était eux, on s'en est servi exclusivement pour soi. La vérité, c'est qu'il faut faire la part des deux ; l'homme ne saurait vivre seul, il lui manquerait la poitrine et la tête si, évidemment nous voulions parler par analogie. Or, un ventre monté sur deux jambes n'est guère viable sans le reste.

Un jour sur sept consacré à l'âme, c'est maigre mais si encore on le lui avait consacré pleinement, mais pensez donc !

Tout ce qui consomme doit produire. L'homme faisant un effort consomme plus qu'un inactif. Bref, si vous ne donnez pas de nourriture au spirituel, il dépérira, deviendra éthique, traînera sa maigreur et, finalement, deviendra en quelque sorte inexistant.

L'homme lui, ne mange pas n'importe quoi ; le raffinement de la nourriture tient à l'évolution de la cellule, si donc spirituellement vous absorbez n'importe quoi dans ce domaine, bien plus encore que dans le matériel, votre "corps spirituel" sera au prorata de la nourriture que vous lui donnerez, ainsi que la production. Aussi vous a-t-il été dit : ne vous nourrissez pas avec n'importe quoi, avis aux gastronomes de l'esprit ; S'il en est pour rechercher la finesse des mets et l'apprécier, faites de même sur la table spirituelle, vous vous en porterez tellement mieux ! Souvenez-vous plus que jamais de la maxime : "peu mais bon" ! Du reste, l'abus est nuisible partout ; l'ivresse de l'âme n'est pas meilleure que celle de l'individu quand il boit trop.

Que faut-il faire ? La part des deux, nous sommes médiateurs et nous sommes venus pour tenir conseil. Se dérober, c'est s'exposer à la mort et y entraîner les autres, ce qui est plus grave. Un tel se dérobe à la règle parce que cela ne sert pas ses intérêts et il en est, au fond, partout de même. Combien de gens qui, s'ils voulaient s'en donner la peine, comprendraient ce que nous exposons., car cela est donné à dessein dans un langage simple ; et comment, du reste, en serait-il autrement ?

ON est si paresseux, et comme tout le monde se sent plus ou moins concerné, en tout cas partiellement, de ce fait, il y a beaucoup d'appelés et peu d'élus. Un tel est boulanger et il voit sa profession menacée ; il a tort car il y a moyen de concilier ; l'autre est épicier et il tremble pour sa caisse. Les trusts, eux, se moquent de tout car ils sont puissants, bien assis, quasiment inébranlables, du moins à leur belle époque ; il n'en sera pas toujours ainsi !

Il est évident qu'il y a une foule de professions inutiles. Le monde dit moderne a créé et crée sans cesse des foules d'obligations, notamment une bureaucratie vaine et inutile, bien que fort coûteuse et dangereuse. A l'époque de notre venue, le monde est à l'apogée et il ne lui reste plus qu'à redescendre la courbe. Lorsque la diva est sur scène et qu'elle termine son numéro sous un tonnerre de hourras et de bravos, c'est la gloire. Mais quand, ce soir, elle aura quitté sa robe de perles et de diamants et tous ses atours, lorsqu'elle redescendra par les rues sombres et étroites de la ville d'où elle était montée, qui la reconnaîtra ? La descente est d'autant plus amère que l'apogée est grandiose.

Ainsi vont la vie et le monde. Ce vieillard pense : "Quand j'avais vingt ans..." ; oui mais il en a quatre fois plus et c'est ce qui change tout ! A chacun son heure et son temps. Il faut venir quand il est l'heure de changer la face du monde, quand la coupe est au paroxysme, lorsqu'elle déborde de tous les immondices du monstre. Enfin, le moribond expire toujours quand il est à bout, n'est-ce pas toujours de même ? Ainsi, que ferons-nous d'un monde qui a toujours recherché la vaine gloire et cette monnaie qui pourrit tout ?

Les termes scientifiques d'hier et d'avant-hier ont fait dire que la valeur du nombre sept était de descendance astronomique, du temps où l'on croyait que le système ne comprenait que sept planètes. Ainsi avait-on échaffaudé sur ce système - descendant des Perses, entre autres - toute une base de calculs plus ou moins erronée. Les modernes ayant découvert d'autres planètes ont évidemment ridiculisé les anciens ; tout comme ultérieurement les cadets se moqueront des modernes.

Qu'ils passent leur temps à se contredire, cela est sans grande importance. Il faut tout-de-même constater que la lune continue à faire sa révolution en sept jours, qu'il y a toujours sept notes de musique, qu'il y a trois couleurs fondamentales et quatre complémentaires ; bien que tout cela ne soit que conséquences, le principe de la création du monde en sept jours a un sens plus relevé que le monde scientifique a bien voulu lui donner ; il en est même loin d'en comprendre le principe. Les allégories sont des symboles souvent simplistes pour faire saisir au monde qu'il doit respecter ce qu'il ne comprend pas.

N'a-t-on pas dit que le rôle ingrat de l'homme était de chercher à tout connaître, sachant d'avance qu'il n'y parviendra jamais ; c'est pour cela qu'il y a un moyen médiateur. Les vérités fondamentales de la création universelle se retrouvent toutes à travers les mystères religieux, les mythes. L'homme ne saurait mieux faire que de méditer en profondeur ce qu'il ne saurait comprendre en surface. Aussi la méditation religieuse recueillie a ici sa place et ses nécessités, la sagesse des nations doit entièrement reposer sur elle. Tant que le monde se tournera du côté opposé, soit de ceux qui se sont subsitués à la Vérité, qui, en plus, se sont imposés aux masses, il devra s'en repentir amèrement, il fera fausse route.

Il en sera pour objecter : mais pourquoi les religions ont-elles suivi le mouvement ? Parce qu'elles sont médiatrices par excellence : lorsque l'homme ne les suit plus, le ciel les abandonne et leurs ministres suivent les hommes, d'où ce renversement de pôle et de rôle.

Tant que les terriens s'écarteront de la loi détenue par les bergers (guides spirituels), le monde sera menacé et le despotisme régnera en maître sur la terre. Aussi, un jour, avons-nous demandé aux hommes de consacrer une journée par semaine pour se reposer des choses de la terre et méditer sur les grands problèmes. Celui qui croit que ce problème est d'ordre secondaire se trompe ; c'est le temporel qui est secondaire ; car les pécadilles du monde passent, mais la vie est une et éternelle, et l'on ne demande qu'un septième de votre temps pour vous employer à purifier votre vie, à l'améliorer, à la rendre meilleure. Si vous ne le faites pas, la qualité se perd et vous descendez rapidement dans les profondeurs animales.

Il n'est point besoin d'écrire tant de livres, de faire tant de phrases pour adhérer à la vérité, il n'est que de gagner honnêtement son pain et de rechercher la sagesse. Aux bonnes volontés, la lumière est toujours donnée ; il n'y a qu'à la rechercher, tout le reste est secondaire. On ne se soucie guère que de la parure, du vêtement, du qu' en dira-t-on ; en un mot, de ce que l'on appelle à tort, les biens de ce monde ; car les vrais biens, nous devrions dire le vrai bien, le seul, vous ne le connaissez pas, ni en ce monde ni en l'autre. Ce qui vous perd, ce sont les grands de ce monde ; or, ils sont une poignée et vous, vous êtes la masse ; ne faites-vous pas votre tort vous-même ? Croyez bien qu'ils ne s'engraissent que sur votre dos. Ils vous promettent monts et merveilles, un paradis à portée de votre main et pour vous le prouver, ils vous apportent quelques allégeances immédiates, mais elles sont sans profondeur et de courte durée.

Le médecin, dit-on, aide la nature, il ne guérit pas le malade ; c'est la nature seule qui guérit. L'équilibre, c'est la santé ; le déséquilibre, c'est la maladie. Vous mangez telle chose et vous reconnaissez qu'elle est nocive ; vous en arrêtez la consommation et cela va mieux, très bien ! C'est ici le commencement de la sagesse.

Il faut savoir que cela ne se limite pas aux seules choses visibles ou comestibles. L'équilibre dépend d'un tout auquel tout le monde doit concourir sinon personne n'est à l'abri des retombées. Comme vous êtes solidaires les uns des autres, tenez pour responsables ceux qui ne marchent pas droit et qui, de ce fait, vous empoisonnent l'existence à tous les plans de l'être.

La vie est une, et quiconque la perturbe est un criminel. Que réservez-vous aux grands criminels ?