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Au programme :
Nouvelle-Zélande
(Du 8 mars 2004 au 3 mai
2004)
Quelques
dates sur la Nouvelle-Zélande
1642 : L'explorateur
Allemand Abel Tasman découvre en voilier une île,
déjà habitée par les "Maoris", qu'il
appelle la Nouvelle-Zélande.
1769 : James Cook navigue autour des îles et les revendique comme
terre anglaise. Le francais Jean Francois de Surville navigue autour
des îles au même moment.
années 1790 : baleiniers européens apportent les armes
à feu, les maladies et développent la prostitution des
femmes Maori (indigènes). A partir de 1830, la population Maori
décroît fortement.
1820 : L'exploitation du bois de kauri commence. Ce qui diminuera de
90% les forêts New-Zélandaise.
1840 : 6 février, le traité de Waitangi
est signé entre Maoris et européens.
1893 : droit de vote pour les femmes, 25 ans avant l'Angleterre et les
USA.
1999 : Helen Clark devient la première femme premier ministre.
La
Nouvelle-Zélande a une superficie de 268 000Km carré (UK=244800Kmc,
Japon=377800Kmc) pour 3,9 millions d'habitants. Plus d'infos sur le pays
: www.abm.fr
Avion de
Santiago à Auckland (8 mars
2004)
Je suis parti le 6 mars de Santiago
(Chili) pour arriver à Auckland le 8 mars. En passant la ligne
de changement de date (à l'est de la NZ), j'ai réellement
perdu un jour dans ma vie (le 7 mars) !
Les 14h d'avion se sont bien passées, sauf pour le vélo
comme toujours, quelques pièces cassées/pliées par-ci
par-là.
Arrivé à Auckland, 4h du matin, j'ai failli être refoulé
et peut-être retourner au Chili. Le problème du service immigration
était que je n'avais pas de billet pour sortir de la Nouvelle-Zélande.
L'agence de voyage à Santiago m'avait dit que ce n'était
pas nécessaire...
Ça a fini par s'arranger au bout de quelques heures.
Retrouvailles
de l'autre côté du Pacifique
(photo1 , photo2)
A peine arrivé à
Auckland, je n'ai plus qu'une pensée en tête : retrouver
les amis du voilier LENA connu à Panama qui sont actuellement à
Whangarei, au nord d'Auckland. Une famille française faisant un
tour du monde à la voile depuis 4 ans.
Ils ont sorti de l'eau leur machine à voyager pour y faire un peu
d'entretien : peintures (intérieur / extérieur), électricité
/ électronique, mécanique (sorti du moteur), etc. Je vais
donc, pendant 3 semaines, pouvoir faire travailler mes bras plutôt
que mes jambes. J'apprendrai encore beaucoup sur le monde du bateau. Et
retrouverai aussi d'autres amis Suisses connus à Panama.
C'est surtout le fait de vivre en famille qui me fera énormément
de bien sur le bateau Lena. Mais comme toujours avec ces maudits voyages,
il faudra se séparer de nouveau.
Les jours suivants, je me sens mal. La solitude me pèse de plus
en plus. Depuis tout petit j'étais pourtant un garçon très
solitaire. Mais je m'aperçois aujourd'hui que ça ne suffit
pas. Peut-être est-ce aussi le fait de croiser sans arrêt
des gens. Passer une agréable soirée ou quelques jours avec
eux. Puis les quitter souvent pour toujours, sans pouvoir les oublier.
C'est comme un bonheur que l'on perd à chaque nouveau départ
et qui va nous manquer encore très longtemps. On craint de ne plus
le retrouver et de le perdre à jamais. J'en arrive à me
dire qu'il vaut mieux ne rencontrer personne pour ne pas souffrir d'un
nouveau départ...
La
Polynésie française
Tous ces voiliers tourdumondistes
passent par la Polynésie francaise. Ce pays où l'on jette
l'argent du contribuable français par les fenêtres ! C'est
très loin... Très peu de français savent ce qui ci
passe. Il paraît que le budget de la Polynésie française
est égal au budget de la France métropolitaine. C'est probablement
faux, mais ça vaut le coup de s'y intéresser ! Peu travaillent
là-bas, mais même sur des îles de 4Km de long, les
gens se déplacent dans de gros 4×4 climatisés (importés
de très loin) ! Comme il faut bien dépenser l'argent qu'ils
reçoivent de France, les mairies sont souvent des petits châteaux.
On construit de superbes routes sur des îles de 2Km de long, etc.
On vous dit en France que les services publics coûtent trop cher,
que la sécurité sociale est dans une situation financière
catastrophique, mais comme souvent on vous ment sans vous parler de ce
que coûtent les territoires d'outre-mer, l'armée française
et ses bases à l'autre bout du monde (qui sont là pour protéger
les entreprises françaises...), de ce qu'ont coûté
les récentes baisses d'impôts en faveur des ménages
très aisés, etc. Et la dette ! : http://www.nirgal.com/wakeup/dette
A croire qu'on le fait exprès d'agrandir cette dette..., c'est
une bonne excuse pour dire que les entreprises publiques coutent cher,
et qu'il faut OBSOLUMENT les privatiser.
NZ, pays
écolo ? Nonnn !
Superficie de 268 000Km²
(244 800Km² pour l'Angleterre) avec seulement 3,9 millions d'habitants.
Economie capitaliste basée sur le pouvoir de l'argent et la sur-consommation
(on épuise donc un maximun les resources planètaires). La
voiture y est reine, on m'a même dit (un néo-zélandais,
donnée à vérifier quand même) que c'était
le deuxième pays au monde en nombre de voitures par habitant ;
le premier étant les USA. Difficile donc de parler de pays "écologique".
Je crois que c'est surtout les prises de position contre par exemple la
reprise des essais nucléaires Francais en 1995 par Chirac qui fond
croire au monde que la Nouvelle-Zélande est un pays très
écologique. Mais sur place, la politique économique est
totalement opposée à toute forme de "vie écologique".
Tout comme aux US, les gens se déplacent quasi uniquement en voiture.
Je ne vois personne à vélo ou à pied le long des
routes. Que des voitures avec 1 ou 2 personnes à l'intérieur
!
En janvier 2004, j'avais croisé près du glacier Perito Moreno
(sud-ouest argentin) un jeune français qui avait fait un petit
tour du monde à vélo. Il me disait que la NZ ce n'était
pas fameux à vélo. Croyant que son point de vu était
du au fait qu'il n'avait pas su éviter les routes surchargés,
dès mon arrivée à Auckland j'ai acheté le
"Cycling New-Zealand" de LonelyPlanet espérant y trouver
les bons coins tranquilles. Et bien même avec ce guide spécial
cyclistes, je ne trouve pas de route où l'on peut rouler tranquillement
à vélo. Il y a des voitures partout (10aine pas minute !).
De plus les routes sont toujours assez étroites et la vitesse limite,
même dans les coins sinueux, est de 100Km/h ! Cela dit, et heureusement,
mon écarte danger est accepté (contrairement aux USA). D'ailleurs
les gens, pour des Anglo-saxons, sont assez tolérants et sympathiques.
Mais ca reste quand même anglosaxon et il arrive de tomber sur des
stressés, compliqués et raleurs.
Un peu comme en Australie, la nature a été fortement dégradée
par l'arrivée des européens. Mais il est vrai qu'assez tôt,
à partir de 1880, les new-zélandais ont commencé
à créer des réserves naturelles et établir
des lois pour protéger l'environnement.
Pour ceux qui veulent à tout prix y aller : choisissez plutôt
l'île du sud et évitez les périodes très touristiques.
En sachant qu'en dehors de ces périodes, vous aurez plus de pluie...
D'ailleurs les colons anglais ne se sont pas trompés, le temps
est aussi pluvieux et nuageux qu'en Angleterre. [Une
route sans trop de voitures au Nord].
Déjà
le départ (3 mai 2004)
Après avoir vécu
3 semaines avec le bateau LENA (voir plus haut), j'ai repris la route
pour visiter le nord de l'île du Nord. J'ai essayé de suivre
les routes conseillées du Lonelyplanet, mais avec l'importante
circulation automobile, ça m'est vite devenu insupportable.
Le 1 avril, je perds mon portefeuille et rebrousse chemin à ça
recherche. Je ne le retrouve pas, mais il ne contenait rien d'important,
juste un peu d'argent et une de mes 2 cartes de crédit en fin de
validité. Comme en rebroussant chemin je me suis dirigé
vers le sud, je continue jusque Auckland afin de quitter ce pays pluvieux,
nuageux et plein de voitures.
Je me dis que je perds mon temps et mon argent ici. Les pays riches sont
définitivement à mes yeux des pays peu agréables
à vélo et surtout peu dépaysant.
J'imagine une fuite. Un vol pour Singapour puis remonter vers le Cambodge,
Vietnam, Laos, Thailand, etc. Mais je vais être bloqué par
la saison des pluies qui sera présente à partir de juillet.
Par contre l'éte arrive dans le nord de la Chine et au Tibet. C'est
décidé, je prends l'avion pour Pékin !
A Auckland, alors que je parcours la ville dans tous les sens pour trouver
un vol moins cher, un moyen d'avoir le visa Chinois et trouver des pièces
de vélo, je rencontre François, un jeune francais qui vit
là depuis 6 ans.
Mon Bent l'a attiré, il est venu lire la pancarte placée
à l'arrière, et m'invite maintenant chez son colocataire,
un rentier de 40 ans. Je vais pouvoir rester chez lui jusqu'à la
date de mon avion, ça m'évitera de sortir tous les soirs
du centre-ville pour trouver un coin où camper.
Mon passage en Nouvelle-Zélande aura donc surtout été
une escale technique : nouveau panneau solaire, remise à neuf du
vélo (meilleure boutique de vélos à Auckland : Adventure
Cycles) , nouveau réchaud multi-carburant, et cætera.
Des pièces de qualité que je ne trouvais pas en Amérique
Latine et que je ne trouverai plus avant mon arrivée en Europe.
36 500Km.
Rainbow Warrior
"Le 7 juillet 1985, le
Rainbow Warrior, navire amiral de Greenpeace, une organisation internationale
qui se consacre aux problèmes d'environnement, est arrivé
à Auckland et s'amarra Quai Marsden.
C'est dans la nuit du 10
juillet 1985 que la catastrophe eut lieu. Peu avant
minuit, deux engins hautement explosifs qui avaient été
attachés à la coque du Rainbow Warrior détonnèrent
à quelques minutes d'intervalle. La force de l'explosion fut telle
qu'un trou de huit pieds de large fut ouvert dans la salle des machines
sous la ligne de flottaison. Le navire coula en quelques minutes. "
la suite : http://www.nirgal.com/wakeup/rainbow/
Pourquoi
sortir du nucléaire ?
Si vous
n'êtes pas encore contre le nucléaire, c'est que vous ne
savez pas tout ! Tout est question d'information ! Informez-vous pour
comprendre et améliorer votre jugement ! Un excellent site
à voir : http://www.sortirdunucleaire.org/
Une petite
selection de textes intéressants :
"Petit
bilan sur les privatisations"
"Comment la débrouille
tue l'Afrique"
"Les femmes et le néolibéralisme"
"Election du directeur
du FMI"
"Irak et
mercenaires" de Michel Collon.
"Que se passe-t-il
à présent au Kosovo ?" Michel Collon et Vanessa
Stojilkovic.
Les mines antipersonnel
L'aide
publique au developpement augmente-elle vraiment ?
L'empire
Carlyle
Le plus grand investisseur privé du monde, bien implanté
dans le secteur de l'armement, est un groupe discret, qui cultive les
accointances avec les hommes influents, dont les Bush, père
et fils
CHINE
(Trajet)
1,3
milliards d'habitants ! (les couples qui ont plus d'un enfant sont pénalisés).
Les Han représentent 93% de la population, le reste se compose
de 55 minorités ethniques.
Historique
:
(comme d'habitude, je ne fais qu'un résumé de résumé
et vous conseille de lire quelques bons livres. L'histoire de la Chine
est riche et passionnante).
2200 à 1700 av. Jésus Christ : dynastie Xia.
1554 à 1045 av. J.C. : dynastie Shang.
1100 à 221 av. J.C. : dynastie Zhou.
221 à 207 av. J.C. : dynastie Qin. Elle légua à la
Chine un système administratif fortement centralisé et imposa
une division du territoire en provinces. Les poids et les mesures furent
également normalisés, ainsi que la langue écrite.
La construction de la grande muraille commença.
207 av. J.C. à 220 : dynastie Han.
Entre l'effondrement de la dynastie Han et l'établissement des
Sui, la Chine connut de terribles guerres intestines.
589 à 618 : dynastie Sui.
618 à 907 : dynastie Tang. Période la plus glorieuse de
la Chine avec le règne de Xuanzong (empereur rayonnant). Aussi
l'age d'or du Bouddhisme.
959 à 1279 : dynastie Song. Grands progrès dans l'agriculture.
Introduction du papier monnaie.
1276 à 1368 : Au nord de la Muraille de Chine, s'étend le
désert de Gobi. Puis plus au nord, d'immenses steppes, peuplées
par des tribues nomades. En 1206, Gengis Khan rassembla ces tribus nomades
mongoles pour s'emparer de toute la Chine. En 1279, Il fonda alors la
dynastie Yan. La Chine gouvernée par Qubilai fut le plus vaste
empire que le monde est connu.
1368 à 1600 : dynastie Ming.
1644 à 1911 : dynastie Qing.
En 1773, la Compagnie britannique des Indes orientales dépêche
auprès de l'empereur un envoyé chargé de cadeaux
afin d'intensifier les échanges commerciaux avec la Grande-Bretagne,
mais l'empereur Qianlong refuse. Grâce à l'opium, la Grande-Bretagne
réussira quand même à faire pencher différemment
la balance commerciale chinoise. En mars 1839, Lin Zexiu, voulant mettre
fin au trafic illégal de l'opium, en saisit 20 000 caisses stockées
à Guangzhou par les Britaniques. La guerre de l'opium commence.
En 1842, les Qing sont forcés de signer le traité de Nankin
qui donne, entre autres, aux Britaniques la ville de Hong Kong.
De 1883 à 1885, une guerre avec la France fait perdre à
la Chine l'Indochine. Les Britanniques occupent le Myanmar (Birmanie).
En 1895, le Japon expulse les Chinois de Corée et de Taiwan.
En 1898, les puissances occidentales s'apprêtent à se partager
la Chine. Ce démantèlement est finalement remplacé
par une politique de porte ouverte qui laisse le pays accessible au commerce
avec toute puissance étrangère.
Une telle humiliation nationale génèra des rébellions.
La première d'importance (600 000 hommes et 500 000 femmes) fut
celle des Taiping, menée par Hong Xiuquan. Les Taiping prêchaient
le christianisme, proscrivaient le jeu, l'opium, le tabac et l'alcool.
Ils défendaient les réformes agricoles et avaient aboli
la pratique des pieds bandés, l'esclavage et la prostitution. Mais
ils furent vaincus par une coalition des Qing et des forces occidentales.
Les Européens préférant traiter avec le gouvernement
faible et corrompu des Qing, plutôt qu'avec la probable Chine unie
et puissante des Taiping.
Seconde révolte importante, celle des Boxers. D'une extrême
xénophobie et s'entraînant aux arts martiaux, ils furent
vaincus par une armée internationale de 20 000 soldats (britanniques,
américains, français, japonais et russes).
10 octobre 1911 ("double dix") : proclamation de la république
de Chine, fin des dynasties.
1926 : le combat entre communistes et Tchang Kai-chek commence. Avec l'aide
de chefs de gang de Shanghai et l'appui financier des banquiers et des
étrangers de la ville, Tchang Kai-chek lance une attaque surprise
contre la milice des travailleurs. 5000 communistes sont tués.
Zhou Enlai réussit de justesse à y échapper. Commence
alors les longues marches des communistes afin de prendre en main le pays.
1934 : a lieu la plus célèbre des longues marches. En 1
an, les communistes couvrent 8 000Km. En chemin, les communistes confisquent
les biens des fonctionnaires, des propriétaires terriens, et des
prêteurs sur gages. Ils redistribuent les terres aux paysants, et
les armes afin d'organiser des guérillas contre l'ennemi.
1939 : les japonais occupent l'Est de la Chine.
1941 : l'attaque des japonais contre Pearl Harbour décide les américains
à entrer en guerre.
1er octobre 1949 : création de la République populaire de
Chine par les communistes et Mao Zedong comme chef suprême. Tchang
Kai-chek fuit à Taiwan, emportant avec lui toutes les réserves
d'or de la Chine.
1956-1957 : "Les Cent Fleurs". Sur une idée de Mao, le
Parti décide de laisser cent fleurs s'épanouir" dans
les arts et "cent écoles de pensée rivaliser"
et critiquer l'action du parti communiste. Mais le PCC modifie rapidement
son attitude et en l'espace de 6 mois, 300 000 intellectuels sont incarcérés
ou envoyés dans des camps de travail pour être "rééduqués".
1958-1959 : "Le grand bond en avant" : réformes économiques
qui précipitent le pays dans une famine aux proportions vertigineuses
(30 millions de victimes).
1966-1969 : "La Révolution culturelle" : début
du culte de la personnalité de Mao, nombreuses destructions de
vestiges du passé féodal, exploiteur ou capitaliste.
8 sept 1976 : mort de Mao. Hua Guofeng devient président du Parti.
22 avril 1989 : une semaine après la mort de Hua Guofeng, commencent
les événements de la Place Tiananmen. Quelque 3 000 étudiants
entament une grève de la faim au nom de la démocratie. Le
4 juin, l'armée attaque en écrasant quiconque se trouve
sur leur passage. On parle de milliers de morts.
1997, Hong-Kong, ancienne colonie britannique, est rétrocédée
à la Chine. Deng meurt, Jiang Zemin dirige le gouvernement.
20 décembre 1999, Macao, ancienne colonie portugaise, revient à
la Chine.
(sources : guide "Chine"
LonelyPlanet)
La
Chine détient l'arme nucléaire et son armée est l'une
des plus importantes au monde (3 millions de soldats). Elle est équipée
en partie par l'industrie militaire française...
Avion NewZealand - Bangok - Beijing
Je suis bien parti de Auckland
le lundi 3 mai. Mais, premier problème : en Asie, on ne peut prendre
que 20Kg de bagages en soute, contrairement aux 2×32Kg de l'Amérique.
Mon vélo faisant déjà 25Kg, j'avais environ 35Kg
de surpoids ! Donc pour limiter le surpoids, j'ai mis dans mon bagage
à main, toutes les pièces les plus lourdes : réchaud,
pédales vélo, chaine, trousse à outils, en prenant
bien soin d'enlever tout ce qui pourrait servir d'arme.
Au départ de Auckland, pas de problème. J'ai la chance de
tomber sur une dame très gentille (Maori, indigènes de NZ)
à l'enregistrement des bagages qui ne me comptera que 10Kg de surpoids
(150euros).
Deuxième problème : malheureusement l'avion que je prends
passe par Sydnez (je savais que ça allait m'attirer des problèmes).
L'Australie, pays ou l'on ne rigole pas avec rien ! C'est des gens très
sérieux là-bas. A peine atterrit à Sydney, on a dû
sortir de l'avion (quelle erreur !) et passer par des machines à
rayons X. Alors qu'il était passé sans problème en
NZ, mon sac de cabine avait l'air suspect ici ! On l'a donné à
une dame très énervée (contre tout le monde !). J'ai
du sortir ma sacoche d'outils/pièces détachées vélo.
Elle a fouillé et a trouvé 2 petits tubes de colle à
rustine et un petit bidon d'huile. J'étais fini !!! On m'a fait
subir plusieurs interrogatoires, un peu comme dans le film "Brasil",
avec des instruments bizarres que l'on entre dans la bouche et qui font
très très mal. J'ai fini par avouer : J'avais pris l'avion
sous l'ordre de mon commandant Ben Laden, et devais m'emparer de la cabine
de pilotage avec ma burette d'huile et mes deux tubes de colle à
rustines... Ma barbe m'aurait-elle trahi et accéléré
ma chute ? Le plus malheureux, c'est quand même pour la burette
d'huile car je galère maintenant pour trouver quelque chose d'étanche
qui ne risque pas de se répandre dans la sacoche...
J'ai pu lire quelques journaux Australiens. Aux US, ça parlait
beaucoup des "bons et braves" (!!?) soldats américains
qui se faisaient tuer aux quatre coins du monde. Ici, on parle des "braves
et courageux" ingénieurs australiens qui osent travailler
en Arabie Saoudites malgré les risquent et tout ça pour
un salaire démenrisoire basélevé !!? Que des braves
gars quand même ! Ils sauvent le monde en sauvant le pétrole
!
On lit aussi des trucs sur des glorieuses entreprises Australiennes qui
vont construire des avions de chasses (3000 à venir) pour les alliés
(!!?). Beaucoup beaucoup beaucoup d'argent tout ça ! Euh... des
avions de chasse pour quoi faire ? Contre qui ou quoi déjà
? Ah oui, le terrorisme ! C'est la nouvelle trouvaille pour faire la guerre.
C'est pratique, c'est un ennemi invisible ! Il est partout et nul part.
Tout est possible. Aujourd'hui, je dis qu'il est là-bas, donc il
faut bombarder là-bas. Personne peut dire qu'il n'y est pas puisqu'il
est invisible ! Vous ne voyez rien. Il n'y a que moi qui le vois. Un truc
que l'on active et finance par derrière. Il n'y a pas plus pratique
!
On est dans un monde bizarre quand même ! Et plus ça avance,
plus j'ai l'impression que ça se complique...
Passage
à l'aéroport de Bangkok chaleureux. En effet, les gens sont
très sympa (déjà intéressés par le
vélo) et il fait chaud.
On peut sortir les tapis de sol pour dormir par terre dans le hall de
l'aéroport ; pas de problème. Je n'ai pas tenté,
mais je suis sûr que l'on peut même planter la tente. On viendra
juste vous dire bonne nuit ! Ici, les gens n'ont pas peur des terroristes
qui fabriquent des bombes sous leur tente, tout en dormant... et avec
le vélo à côté pour pas être repéré
! (Je me demande si vous suivez ? Je suis actuellement sous ma tente à
400km à l'ouest de Beijing et il a plu toute la journée
! Donc je me remonte le moral par la dérision, c'est une technique
qui marche assez bien. Quand tout va mal, pensez que ça peut aller
plus mal, donc tout va Relativement bien, voir même relativement
très très bien.).
Arrivée
à Beijing vers 18h locale. Le temps de remonter le vélo
(il n'y a pas eu de casse dans le transport, un miracle !), il fait déjà
nuit. Je sors sous les rires des Chinois que je trouve très très
accueillants et très souriants. Peut-être trop... je suis
déjà le clown marrant avec mon bent !
Il faut "juste" maintenant que je trouve de l'essence (pour
le réchaud), de l'eau potable, et accessoirement quelque chose
à manger (mais ca attendra demain, du sucre suffira). Tout ça
dans le noir, au milieu de la circulation, et sans savoir un mot de chinois
!
Mais l'on se débrouillera...
Beijing
(Pékin) 4 mai 2004
Qui signifie "Capitale
du Nord". 16 800Km² (= surface Belgique). 12 millions d'habitants.
Il y a encore de larges voies pour les vélos dans les villes chinoises.
Les voitures font moins la loi. C'est vraiment une découverte pour
moi. Je n'aurais jamais imaginé pouvoir rouler aussi tranquillement
en vélo dans une aussi grosse ville. De plus, c'est parfaitement
plat par ici. Les Chinois, avec mon vélo bizarre, ils sourient.
Mais petit à petit, dans cette grande ville, je m'aperçois
qu'ils acceptent le touriste juste pour l'argent qu'il apporte. Ils adorent
le dieu argent ! Et maintenant la société de consommation
qui va avec ! Ça promet pour le futur ! (film1,
film2)
Je vais faire un tour à la cité interdite [photo1,
photo2,photo3,photo4],
mais il n'y a rien de formidable. Puis le ciel est en permanence couvert
de poussière (je crois que c'est du sable qui vient du désert
de Gobi avec en plus la pollution des usines environnantes), ce qui gache
les photos. Il y a des petits musées dans cette cité interdite,
avec à l'entrée "Ce musée a été
réalisé grace à l'aide d'American Express"...
En clair : Vive le capitalisme !
Je quitte rapidement Beijing par le Nord pour aller voir la muraille de
Chine [photo].
Rien de formidable non plus cette muraille. Et je vais me rendre compte
en la suivant qu'il n'en reste plus grand-chose d'ailleurs [photo].
Puis c'est surtout la montagne en dessous qui est impressionnante. A côté,
la muraille n'est qu'un minuscule empilement de pierres sans vie. Mais
les touristes aiment ça...
La mort
en direct
Dimanche, 9 mai 2004. Je roule
"tranquillement" (enfin..., c'est rarement tranquille ici !)
vers l'ouest à 22Km/h avec un petit vent du nord. La tête
et les yeux qui tournent toute la journée de gauche à droite,
de droite à gauche, gauche à droite, droite gauche, gauche
droit, etc. En fixant à chaques passages mes rétros, anges
gardiens grâce à qui j'ai souvent sauvé ma vie.
Puis mon regard se bloque dans l'axe de la route. 200m devant moi j'aperçois
un désordre (y a-t-il de l'ordre ici ?). Un chargement de tricycle
vole dans le ciel ; un gros nuage de poussière mêlé
à des sacs de patates. Au milieu de la route une voiture rouge
foncée à l'avant défoncée. Je n'ai pas entendu
le bruit du choc, il y a tellement de bruit partout ! Mais ça a
du être très violent. Le pédaleur du tricycle, 40-50ans,
a volé sur le bas côté. Il est inanimé, peut-être
déjà mort. Le conducteur-pollueur-assassin sort tranquillement
de son véhicule, va voir sa victime (de loin sans la toucher),
puis sort, toujours aussi sereinement (ce n'est peut-être pas sa
première fois, il récidive...), son téléphone
portable.
Personne ne s'arrête, tout le monde passe en force sans s'occuper
de l'accident. Ça doit être très banal ici...
Port du
casque obligatoire pour cycliste
En Nouvelle-Zélande,
le port du casque étant obligatoire, je m'étais habitué
à le mettre systématiquement. Depuis mon arrivée
en Chine, je pensais l'abandonner, non pas pour le confort, mais juste
pour me fondre un peu mieux dans la population (!?, utopie). Après
l'accident que je viens de voir (paragraphe ci-dessus), il n'y a plus
d'hésitation, je le garde !
Pour ceux qui seraient opposés au port du casque obligatoire pour
les cyclistes, moi je suis plutot pour ! Ou tout au moins, je suis pour
l'établissement d'une loi qui oblige le port, mais sans répression
(sans amende ou juste dans les textes). C'est un peu ce qui se passe en
Nouvelle-Zélande, c'est obligatoire, mais la police ne dit rien
quand vous ne le mettez pas.
Au fond, porter un casque c'est comme mettre une ceinture de sécurité
en voiture. Les premières fois, c'est un peu gênant, mais
après on ne s'en rend plus compte. Puis le casque protège
bien du soleil (on peut rajouter une visière). C'est même
mieux qu'une casquette car il y a de grands trous d'aération dedans.
Prix spécials
pour les étrangers
Et oui, en Chine tous les prix
sont sur-élevés pour les étrangers. Vous allez dans
un petit resto de campagne, le repas pour votre voisin (qui est d'ailleurs
peut-être beaucoup plus riche que vous...) sera à 3Y, pour
le sale, poilu et laid étranger que vous êtes, il sera à
30Y voir 50Y ! Le gouvernement chinois a maintenant supprimé cette
loi, mais la pratique est restée. Par exemple à Beijing,
vous voyez la superbe affiche d'un cyber-café qui dit "3Y
l'heure", vous entrez, vous demandez le prix, on vous répond
"20Y l'heure" ! Et il n'y a pas moyen de discuter ! Ils sont
aussi rigides que des SS nazis ! Et vous voyez passer devant vous les
chinois qui paient 3Y/heure ! Restons sage...!!?
En fait, une fois que l'on quitte les lieux touristiques, ça va
un peu mieux. Mais l'on se méfie toujours !
Le mieux est de donner tout de suite la somme réelle. Là,
en général, ils voient que vous connaissez et ne cherchent
pas à vous arnaquer. Quelques prix (1euro = 10YuYuan) : Kg de banane
= 6Y, Kg de tomate = 3Y, petit paquet de cacahuètes = 1.5Y, pot
de confiture de 500g = 2.5Y, petite bouteille de coca = 2-3Y, repas dans
la rue = 1.5Y, repas au resto = 3-5Y.
L'étranger
francais et ces étrangers de chinois
Soyons francs (enfin..., soyons
francais et vive la france !), je crois que la Chine reste un pays assez
xénophobe. Pays très fermé par rapport aux "diables
étrangers" (les gouvernements chinois ont beaucoup encouragé
cette xénophobie). Mais ça évolue d'année
en année.
Après tout ce que j'avais lu et entendu sur la Chine, je m'attendais
à un genre de Pérou avec en plus la police sur le dos. Donc,
j'étais prêt pour le pire ! Et en fait, même si j'ai
mis beaucoup de temps à connaître la bonne prononciation
de "Ni hao" (bonjour) et "Xièxie" (merci),
car c'est des mots très peu utilisés, les gens que je rencontre
sont plutôt sympas voir même très sympas. Il faut préciser
aussi que les régions que je traverse sont des régions où
il y a peu, voir pas du tout, d'étranger.
En ville, quand je me balade sans le vélo, je suis surveillé
de tous côtés. 2,6 milliards d'oeils qui m'observent ! Dès
que vous arrivez dans un lieu, des chuchotements vous annoncent que l'alerte
est donnée. On croise des regards apeurés (de femmes qui
font parfois la grimace, c'est comme si vous aviez le visage le plus laid
du monde...), méchants (c'est ceux qui aiment la boxe, voir l'historique
plus haut), inquisiteurs (du genre "qui c'est celui-là ?,
qu'est-ce qu'il fait là ?"), mais aussi des sourires (là
je crois qu'ils se moquent de moi...). Pour détendre l'atmosphère,
je lève mon pouce comme pour demander "euh, tout va bien ?",
et ca marche, tout le monde rigole (vaut mieux passer pour fou que pour
fier).
Quand je suis sur mon vélo de clown, c'est très différent.
Dès qu'ils me voient les gens se marrent. Les chinois sont en fait
de grands enfants. Et c'est plutôt une chance pour moi, ça
m'ouvre beaucoup de portes. Le chinois sait aussi ce qu'est un vélo,
même s'il ne roule que dans les endroits plats et prend le bus ou
la moto quand ça monte trop. Et dès qu'il voit, sur la pancarte
à l'arrière de mon vélo, tout le chemin que j'ai
parcouru, ça l'impressionne ! Beaucoup plus qu'ailleurs ! Comme
par magie, on refuse que je paie le resto, que je paie l'essence pour
mon réchaud, et j'ai même eu la chance d'être invité
dans une famille ! Ce qui a l'air, d'après tout ce que j'ai pu
lire sur l'accueil chinois, assez miraculeux !
Comme je ne comprends pas un mot de leur langue bizarre (ils le font exprès
d'écrire bizarrement, c'est encore un truc pour embêter l'étranger
!), pour m'orienter je m'arrête et montre ma carte routière
chinoise à des gens le long de la route (il y a du monde partout).
Et dès que je m'arrête, dans les 10 secondes qui suivent,
je suis entouré par plus 50 personnes (le record doit être
de 150 personnes). Vous voyez qu'on les aime quand même ces dangereux
étrangers !
Au début c'est marrant, mais, à force, ça devient
dur à supporter. Dans les petits restos, le soir, après
une journée extrêmement épuisante, c'est comme ça
: [film
de 3,2Mo].
Sur la
route
C'est la galère !
Toute la journée je suis victime d'harcèlement "étrangiste-vélocouchiste".
Ca va même jusqu'à l'attouchement "poilulère"
! : les hommes sont très jaloux de mes nombreux poils de jambe
et essaient de me les piquer !
Le plus dur, c'est l'harcèlement klaxonnel ! Je savais que j'aurais
dû acheter un casque antibruit en Nouvelle-Zélande. Je m'étais
dit, "bah !, j'en trouverai bien en Chine !". Mais non ! Ici
on adore le bruit ! Un casque anti-bruit ! C'est une aberration pour un
Chinois !
(Je sens que la musique techno va faire des ravages ici)
Heureusement, à défaut de casque antibruit, il me reste
les boules Quiets. Il y a des jours où je les garde quasiment toute
la journée et toute la nuit. C'est particulièrement agréable...!
Vous ne pouvez imaginer la terrible épreuve qu'est de rouler à
vélo couché en l'an 2004 en Chine !
Pourquoi autant de bruit ? Premièrement parce qu'ils aiment, mais
aussi parce que les Chinois sont très distraits. A vélo
ils n'ont pas de rétroviseur. Depuis tout petits ils vivent dans
un environnement de bruits et de coups de klaxons, donc ils n'écoutent
plus rien. Les voitures et surtout les camions, qui sont les plus forts,
passent en klaxonnant fortement à chaques fois qu'ils apercoivent
un objet mouvant sur la route. Et particulièrement si c'est un
O.R.N.I. (Objet Roulant Non Identifié), comme moi !
Malheureusement, quand je vois tous les accidents le long des routes,
j'ai bien l'impression que le fait de klaxonner sans arrêt ne fait
qu'aggraver la situation. Et heureusement que la vitesse est limitée
à 40Km/h dans les agglomérations !
Pour rendre ma vie de cycliste chinois encore plus désagréable,
s'ajoute le danger que causent tous les curieux qui s'arrêtent en
plein milieu de la route [photo].
Puis une fois arrêtés, m'ayant vu les doubler, ils repartent
lentement bloquant toute la circulation ; c'est charmant comme compagnon
de route un énorme camion qui m'envoie son gros nuage de fumée
noire dans la figure et qui cause des centaines de coups de klaxonne derrière
lui !!!
Le gros
lot !
Ce fut une journée encore
bien épuisante et pleine de risques.
Depuis ce matin, j'essaie de rouler à gauche. Ça me permet
de mieux voir le danger arriver. Puis d'être un peu "discret"
(!?, encore un rêve...), puisque les camionneurs qui arrivent de
derrière s'occupent surtout des obstacles de leur droite. Les camionneurs
qui arrivent de devant, je les voie, ils me voient, ils n'ont donc normalement
(?!) pas à klaxonner pour me prévenir de leur arrivée.
Rouler à gauche, ça permet aussi de moins recevoir la poussière
et les gaz d'échappement quand le vent vient de gauche. Il y a
des pays, comme par exemple au Chili, où rouler à gauche
causait de trop gros problèmes aux pollueurs routiers. Quand ils
me voyaient arriver à leur droite, ils serraient encore plus leur
droite ! Ils ne comprenaient pas que je voulais passer à leur droite
! Je crois qu'ils étaient un peu trop carrés (raisons historiquodictatorielles
?) ! Ici, pas de problème, les conducteurs sont habitués
à éviter les obstacles de tous côtés.
Donc, revenons au gros lot, ce gars à la petite camionnette qui
me colle, déjà depuis 5mn ! A cause de lui, ça fait
déjà le quatrième gros camion qui passe dangereusement
à toute allure en klaxonnant. Voilà maintenant un camion
devant, deux camions derrières, qui arrivent à toute allure
déjà klaxonne bloqué ! Comment ca va passer avec
cet imbécile qui me colle et qui bloque 1/3 de la route ?! Je bouche
une oreille d'une main pour sauver mon tympan, et me place le plus possible
sur ma gauche, à deux doigts de tomber dans le fossé. L'imbécile
se place sur sa droite tout en rigolant. Malgré l'entonnoir, ça
passe sans casse. On réitère l'opération 3-4 fois,
pour le plus grand plaisir de notre imbécile toujours souriant.
Je lui fais signe de partir, il se marre. Parfois d'autres camions lancés
à 80Km/h s'arrêtent brutalement au milieu de la route pour
me revoir passer, ce qui bloque encore le passage aux autres qui arrivent.
Je finis par m'arrêter, excédé. L'imbécile
s'arrête aussi, il attend que je reparte. Je prends mon temps, grignote
quelques biscuits, me fait un sandwich à la banane, tout ça
sous les klaxonnent bloqués des camions arrivant à toute
allure ! Il ne part toujours pas, fait semblant de bricoler sa camionnette,
puis au moment d'y remonter s'aperçoit qu'il a fermé la
porte avec les clés dedans. J'en profite pour repartir en vitesse.
Pas de chance, sa porte de droite n'était pas fermée ! Il
repart déjà, me rattrape et me colle de nouveau à
20Km/h gênant tout le trafic derrière et forcant les gens
devant à me froler en klaxonnant toujours plus fort quand un autre
véhicule double devant eux. J'ai vraiment gagné le gros
lot avec cet imbécile ! Il se marre toujours. Rien ne le gêne
!
On arrive sur une route en travaux. La bande de droite est défoncée,
pleine de trous et surbaissée. La bande de gauche est neuve et
sur-élevée, mais j'arrive à monter dessus. Seul.
3 secondes...! Notre imbécile a réussi à monter.
Alors que tout le monde a pris la voie de droite défoncée,
il me suit maintenant en roulant à gauche ! 5 secondes plus tard
un mini bus arrive à toute allure devant nous, il n'a pas le temps
de klaxonner, freine d'urgence, glisse sur la chaussée en pente,
frole mon rétro droit de 10cm à 50Km/h, mais réussi
à passer sur cette chaussée normalement prévue pour
un véhicule !
L'imbécile rigole toujours... Il est joyeux... 500m plus loin,
un gros camion le bloque. Il devra rebrousser chemin, moi je passerai
tout juste. [photo]
Des "Imbéciles"
comme celui-là, j'en croise malheureusement toute la journée.
[photo, photo2,
photo3]
Nick, l'américain avec qui j'avais roulé 3 jours en Equateur,
n'avait pas aimé son voyage en Chine du sud-est. Il était
en vélo debout... Le sud-est en bent, ça doit être
l'horreur ! Déjà ici, au nord !
Jeu des
clés
Quand j'ai le moral à
zéro et que j'en ai marre des curieux et des dizaines de motos
qui me tournent autour (les gens s'ennuient à mourir), je m'amuse
à cueillir les clés : Je m'arrête à la hauteur
d'un motard qui attend sagement pour me revoir passer. Je lui fais un
grand sourire (à la chinoise) qu'il me rend volontier. Tends mon
bras vers le milieu de son guidon pour mettre la main sur ses clés.
J'éteins lentement le moteur. Retire les clés. Là
le chinois commence à se poser des questions mais reste visiblement
en pleine réflexion sans pouvoir agir ("...qu'est-ce qu'il
me fait cet étranger ???... "). Je prends le temps de chausser
mon cale-pied. M. Chinois éteint enfin doucement son large sourire,
il commence à comprendre... Mais je suis déjà parti
! Il se met à crier et courir après moi, trop tard ! Comme
je ne suis pas chien, j'abandonne ses clés une centaine de mètres
plus loin.
J'ai du faire ça une 10aine de fois (dont 2 fois à des voitures,
il faut des bras longs...). Les gars me rattrapaient un peu plus loin
en rigolant et ne prenaient plus le risque de s'arrêter. Une fois
j'ai quand même réussi à en énerver un, mais
ça s'est bien terminé. Les autres chinois qui sont à
côté ne disent rien et rigolent... [photo]
JingXia
(invitation)
J'arrive en fin d'après-midi
dans cette ville qui ressemble à toutes les autres. Grands boulevards
à la soviétique, grande place centrale avec un espèce
de monument en béton, poussière et détritus en peu
partout, beaucoup de coups de klaxon à longueur de journée
(et il y a très peu de circulation, qu'est-ce que ce sera quand
tout le monde aura sa voiture !?).
Je vais manger dans le premier
petit resto. Le premier car normalement il n'y a pas encore trop de monde
qui m'a vu. Enfin, ca fait déjà quand même plus de
60 personnes qui me tournent autour ! Ils n'hésitent pas à
me suivre jusque dans le resto. Je les mets gentiment dehors une première
fois, ils reviennent, les remets dehors gentillement, ils reviennent,
je finis par abandonner. Pour qu'ils obéissent, c'est comme avec
des enfants, il faudrait devenir méchant !
Après la série de questions en chinois auquel je ne peux
répondre (quelle chaaannce !), c'est la série de questions
des étudiantes qui parlent un tout petit peu anglais (un tout petit
peu !). Puis l'on me présente des personnes âgées
à qui je serre respectablement la main. A la fin du repas, l'on
ne veut pas que je paie et j'apprends que Lui Yuegin m'invite chez lui.
Lui Yuegin doit avoir une trentaine d'année, il est marié
à une très belle femme (qui ne l'aime plus trop, mariage
arrangé ?) et a un enfant (le jour où il en aura 2, il ne
recevra plus certaines aides de l'état). On va mettre mon vélo
chez lui en sécurité (même s'il n'y a pas beaucoup
de vol par ici, c'est pas le Pérou !), puis on part dans une petite
salle de resto où Lui Yuegin organise un petit repas avec comme
invités : un patron de supermarché, un grand professeur
d'université, et quelques membres de sa famille. Petite remarque
: les chinois arrivent à quitter leur travail avec beaucoup de
facilité... Le repas se présente ainsi : en entrée,
du poulet froid, puis l'on allume le gaz au milieu de la table sur lequel
repose une marmite dans laquelle on fait cuire un espèce de bouillon
de pâte, viande, herbe, etc. Chacun se sert donc régulièrement
dans le plat central pour déposer dans sa petite assiette. Il est
aussi d'usage de déposer de la nourriture dans le plat des invités,
et c'est là que je comprends qu'ils veulent que je mange et grossisse
! Pendant le repas, les hommes jouent aux dès et celui qui perd
doit boire plusieurs verres d'une bière très lègère
avec le vainqueur. A la fin du repas, c'est la séance photos avec
le géant français qui fait le tour du monde à vélo.
On sort faire une ballade en ville, malgré l'obscurité,
tout le monde me regarde de tous côtés. Re-séance
photo sur la place publique. On retourne lentement vers la maison de Lui
Yuegin, où l'on me présente, les unes à la suite
des autres, des jeunes filles qui parlent un tout petit peu anglais. Toujours
les mêmes questions, ... et les mêmes réponses. Pendant
ce temps, je me demande : "suis-je victime d'un Tourné manége
chinois ?" "Est-il permit de rester célibataire ?"
La maison de Lui Yuegin est toute petite. Elle se trouve derrière
leur boutique, à côté de maisons semblables. Il y
a bien sûr la télé qui trone au milieu du petit salon
(20aine de chaines), une petite "cuisine" qui ne doit pas servir
beaucoup puisque l'on va toujours au restaurent (qui n'est pas cher).
A l'étage, une chambre avec un lit que je partagerai avec Lui Yuegin.
Sa femme et son fils passeront la nuit chez une amie. Il y a un petit
jardin aussi à l'abandon.
J'ai l'impression que tous les chinois ont un téléphone
portable (même les enfants de 6 ans parfois). Le lendemain matin,
après avoir été déjeuné dans une espèce
de cantine où tout le monde me regarde (comme d'habitude), je reprends
ma route. [photo]
Avant de partir, je me fais une pancarte : "fatigué
des curieux et du bruit"
Qu'est-ce
que la pollution ?
En fait, avant d'arriver en
Chine, j'osais parler de pollution sans savoir ce que c'était...
En Chine on voit tous les jours ce qu'est la pollution ! Je ne vous parle
pas des talus couverts de détritus, ici ça dépasse
tout ce que j'avais déjà vu, qui au fond n'abîment
que le décor (enfin sauf quand on les ramasse pour les brûler).
Je ne vous parle pas non plus des maisons dégueulasses et des carreaux
tellement sales que l'on y voit plus à travers, chacun fait ce
qu'il veut chez soi. Mais je vous parle de la pollution de l'air qui concerne
malheureusement le monde entier. Des relevés effectués par
l'OMS (Organisation Mondiale de la Santé) ont montré qu'il
y avait en moyenne 526 microgrammes de particules en suspension dans l'air
par mètre carré en Chine du Nord, alors que le pafond préconisé
par l'OMS est de 60 à 90 microgrammes ! Et pourtant, je peux vous
dire qu'il y a du vent pour balayer tout ça. Le charbon [photo]
couvrent 70% des besoins énergétiques du pays. 900 millions
de tonnes partent en fumée chaque année !!!
9 des 10 villes les plus polluées du monde se trouvent en Chine
! Je dois avouer que les chinois font leur maximun pour obtenir ce superbe
record. Toutes les villes que j'ai traversé étaient systèmatiquement
soigneusement entourées de grandes usines noires rejetant de superbes
fumées biens dégeulasses [photo]
!
On peut déjà dire que la Chine est le premier pollueur mondial.
Hip Hip Hip Hourra ! Et ce n'est qu'un début... En dehors des grandes
villes il n'y a pratiquement pas de voiture personnelle, que des camions
et quelques bus. Donc au fur et à mesure que la population s'enrichit,
le trafic des voitures va croître de manière exponentielle
! Le gouvernement construit d'ailleurs déjà depuis quelques
années de superbes autoroutes qui dévisagent tous les paysages.
Il y a beaucoup de trains électriques [photo]
un peu partout, mais, quand l'OMC conseillera au gouvernement Chinois
d'abandonner ses trains sous prétexte que ça coûte
trop cher, la pollution routière augmentera encore !
J'ai dit plus haut aussi que l'adulte chinois était comme un enfant...
faut pas compter sur lui pour une prise de conscience. Il s'en fou !
Et quand l'on achète en France du "made in China" (Décathlon,
Go Sport, etc), on est aussi responsable de cette pollution... Et de la
pollution du transport !
Il y a des jours, c'est vraiment trop sale ! : [photo].
Conclusion
Malgré des conditions
de vie assez fatigantes, j'aurais bien aimé mon passage en Chine.
Je ne sais pas trop pourquoi. Peut-être simplement pour les sourires
et rires devant mon bent. Ca tient à peu de choses le bonheur !
Puis une fois qu'on a les oreilles bouchées, on peut quand même
apprécier voir le paysage, les gens qui travaillent
sont tous à me regarder. Les rôles ne seraient-ils pas inversés
? Je croyais être venu pour les voir. Mais en fait, j'ai l'impression
que je suis venu pour qu'ils me voient moi et mon vélo bizarre.
Après
mon passage à Lanzhou [photo,
trompeuse car très propre, à l'intérieur c'est sale
!] et Xining ("shining"), j'entre dans la province chinoise
du Qinghai, qui appartenait au Tibet. On peut donc considérer que
j'entre au Tibet.
TIBET
(Trajet :
carte chinoise, carte
english, 280Ko)
Le
Tibet a été envahi par les Chinois en 1951. Pour plus d'informations,
je vous conseille quelques sites web :
Environ
100Km à l'est de Xining (encore une ville moche et polluée,
carte),
je vais être bloqué par la pluie pendant 2 jours. On est
à 2700m d'altitude, il commence à faire froid. Comme il
y a encore beaucoup de monde partout, je n'ai pas pu planter ma tente
dans un coin tranquille. Il y a un village pas très loin, des enfants
passent, jettent des pierres pour s'amuser et réussissent à
arracher ma toile de tente. C'est vrai qu'ici l'enfant est roi. Il ne
se fait jamais gronder, il n'a donc peur de rien. Même pas d'un
grand barbu poilu d'1,90m !
Vendredi 4 juin 2004, départ vers 13h (après séchage
et réparation de la tente). Ca va monter jusque 3800m d'altitude
puis redescendre sur un grand plateau à 3300m couvert d'herbage
et habité par des bergers tibétains semi-nomades. Le paysage
a totalement changé, je suis vraiment au Tibet ! C'est grandiose
! Votre télé serait toujours trop petite pour apprécier
ce genre de paysage. [photo]
La nuit il fait dans les -2°C (-30°C en hivers), rien à
voir avec les -15°C connu au salar d'Uyuni (Bolivie). Mais pourtant,
je souffre déjà ! C'est du froid humide ici. Et le vent
d'ouest est glacial ! Le samedi 5 juin, il y a justement du gros vent
d'ouest glacial. J'attends que ça se calme,... ça forcit
! Départ, quand même, vers 11h, à 12Km/h (ce qui est
en bent une calamité !). Sur la route je croise 2 gros camions
arrêtés qui ont réussi à tuer 5 yaks [photo
d'un yak] cette nuit ! Pas mal, pas mal...! Puis plus loin, une camionnette
s'arrête. En sort un grand Norvégiens : Carl Georg Konow.
Il m'invite à visiter ses écoles. Let's go ! (Allons y !)
:
Let's Help
East Tibet (Aidons l'Est du Tibet)
Le projet a débuté
en 1995. Carl Georg Konow (né en 1965), qui était alors
professeur d'école en Norvége, est venu s'installer au Tibet
afin d'aider la population tibétaine à sortir de sa vie
moyenne-ageuse.
Depuis 1951, le Tibet est envahi et contrôlé par la Chine.
Les ressources générées par le tourisme restent bloquées
dans quelques mains et ne profitent pas aux Tibétains (j'ai déjà
vu ça au Pérou...). Le gouvernement Chinois n'est pas du
tout un gouvernement socialiste comme on pourrait se l'imaginer en Europe.
N'ayons pas peur des mots, c'est même plutôt un gouvernement
capitaliste. Tandis que l'on dépense des sommes faramineuses pour
de grands travaux, pour l'armée ou pour la conquête spatiale
(!!!? sic !), l'hôpital, l'école et l'université sont
très chers pour les pauvres et même souvent inaccessibles.
Particulièrement pour les Tibétains. .. Aussi, le gros problème
pour les jeunes tibétains qui n'ont pas la chance d'aller à
l'école est qu'ils ne parleront jamais chinois. Ils parleront juste
tibétain et seront donc condamnés à rester au Tibet
et être éleveur semi-nomade de troupeau de yaks et bovins.
C'est pourquoi Carl Georg enseigne dans ses écoles en priorité
le chinois et l'anglais. Mais, il enseigne aussi les mathématiques,
le sport et la danse
tibétaine.
Il a construit petit à petit 7 grands batiments qui servent de
classes et de dortoirs pour les enfants (entre 7 et 17 ans).
Carl
Georg n'a pas fondé d'association. Il n'y a donc pas de frais de
gestion, pas de frais de publicité, etc. (s'il y en a, ça
reste de sa poche). Tout l'argent qui arrive sert uniquement les enfants.
Carl Georg a payé de ses propres économies les matériaux
nécessaires à la construction des écoles. Quand il
n'a plus assez d'argent pour le projet, il rentre en Norvége pour
y travailler quelques mois de manière à renflouer ses comptes
bancaires.
Comme dans la plupart des associations humanitaires, ce qui bloque
l'action, c'est le manque de finances ! Le gouvernement chinois a
bien voulu fournir 5 professeurs mais il les paie de manière irrégulière.
Tout comme les promesses d'aides qui n'arrivent jamais. Si les écoles
de Carl Georg Konow peuvent continuer à fonctionner, c'est surtout
grâce aux dons des amis et de la famille de Carl Georg. Ou des dons
de gens de passage comme moi. Je ne suis pas sûr d'avoir suffisamment
d'argent pour la fin de mon tour du monde, je n'ai donné que 150euros
(1500Y chinois).
Vous
pouvez m'aider à donner plus :
Si vous avez apprécié la lecture de mes récits et
mes photos, et que vous souhaitez m'encourager, le meilleur moyen est
de faire un don pour le projet de Carl Georg Konow !
En Europe, la vie est très
chère mais l'on gagne énormément d'argent. Donc même
si vous ne donnez que 15euros, c'est déjà ça !
Carl Georg donne sa vie aux enfants du Tibet, vous,
vous pouvez leur donner quelques heures de votre salaire !
(merci de m'envoyer un email
de manière à ce que je prévienne Carl Georg,
qu'il sache où il en est).
Un
petit site web que j'ai eu le temps de démarrer durant mes 4 jours
là-bas (et entre les coupures d'électricité) : http://artidam.free.fr/
ou http://www.letshelpeasttibet.mailme.org/
Voir plus loin dans les
récits pour un résumé de votre action.
Après
4 jours passés avec Carl Georg et les professeurs des Qinghai schools,
je pars le mercredi 9 juin, les batteries bien rechargées. Ce jour-là
je vais rouler de 9h30 à 20h30 et effectuer 190Km [film
3Mo]. Un nouveau record après les 180km du New-Mexico (USA). Je
n'avais plus de vent de face et après un col à 3800m (du
10% bien fatiguant), j'ai pu foncer dans la longue descente. Vers 11h,
des journalistes m'ont arrêté. J'ai bien fait attention de
ne pas dire que j'allais vers Lhasa, vu qu'il est interdit de traverser
le Tibet à vélo sans faire partie d'une organisation financière
connue... c'est à dire un tour opérateur de voyage !
Pourquoi
cette interdiction de traverser le Tibet à vélo ?
- Premièrement pour nous obliger à passer par des agences
de voyage qui nous pompent le fric. (un peu comme pour le Machu-Picchu
au Pérou)
- Peut-être aussi pour canaliser le tourisme. S'arranger pour que
l'étranger ne puisse rien voir et rien comprendre de la politique
chinoise au Tibet. Des touristes dans des bus, c'est facile à manipuler.
Ils vont de l'hôtel au lieu touristique et on leur présente
la population que l'on veut bien. Un gars à vélo, ca va
partout et ca peut découvrir des choses que les chinois aimeraient
cacher.
D'ailleurs les régions interdites aux touristes en Chine sont les
régions qui réclament leur autonomie : Mongolie
intérieure, Xinjiang, Tibet.
Ça
fait plusieurs années que le gouvernement dit qu'il va supprimer
cette interdiction. Ca finira par arriver, et le Tibet deviendra comme
le Pérou, les gens nous courriront après pour nous demander
de l'argent. Déjà à Lhasa, il y aura pas mal de mendiants.
Et je vais m'apercevoir dans les semaines qui viennent que c'est déjà
trop tard pour le sud-ouest du Tibet : trop de touristes !
Golmud
- Lhasa (pluss pour ceux qui partent)
[carte
chinoise, carte
english, 280Ko]
Comme c'est une route de préférence
pour les cyclos aventuriers, je détaille davantage. Désolé,
ça risque d'être ennuyeux pour certains.
A Golmud, je fais prolonger
mon visa d'1 mois (pour 16euros, ce qui fait au total 3 mois en Chine.
La plupart des pays donnent 3 mois tout de suite mais la Chine a encore
trouvé moyen de ramasser plus d'argent...). On me demande où
je vais, je réponds vers l'Afghanistan, mais il faut un permis
spécial pour le Xinjiang... Donc je réponds vers le sud
(Sichuan). Le policier en face de moi ce doute bien que je vais au Tibet.
Je le questionne d'ailleurs sur le pourquoi de cette interdiction de traverser
le Tibet à vélo. Bien sûr il dit ne pas savoir et
être contre l'interdiction.
Les étrangers sans vélo paient normalement 200euros pour
accéder au Tibet en bus. Mais si vous prenez l'avion Golmud-Lhasa,
vous ne payez pas ce droit d'accès. D'après ce qu'il me
dit, les Chinois paient 10euros. Dans la réalité, ils ne
paient rien.
En fait, le gouvernement Chinois, comme dans la plupart des pays du monde,
est hyper-corrompu. Et l'étranger est la proie d'une sorte de mafia
gouvernementale. Et plus l'étranger accepte de payer, plus il génère
cette mafia et cette corruption. Pour ma part, il était clair,
dès le début de ce tordumonde, que je ne verserais pas un
centime ! Ils peuvent me mettre en prison, j'ai tout mon temps.
Donc après ce passage au BSP (Bureau Sécurité Publique),
je vais mettre le site web à jour. Je prends bien soin d'y aller
avec mon vélo de clown et sa pancarte derrière qui montre
son parcours. Comme par miracle, ça m'ouvre toutes les portes,
et je peux installer sur le PC tous les logiciels nécessaires à
cette mise à jour. Mais il y aura des problèmes de police
chinoise... Des accents qui ne passent pas... (polices informatiques)
!
- Mercredi 16 juin04, je quitte la ville (et l'hotel Golmud, seul
autorisé à recevoir les étrangers) vers 6h30, dans
le noir car il y a probablement un check-post en sortie vers la route
de Lhasa. Mais en fait, le check-post est à 35Km du centre de Golmund.
J'y arrive vers 8h15, en plein jour. Il y a une longue file de camions
qui attendent pour se faire peser. Je me cache derrière en avançant
de plus en plus vite. Au niveau de la barrière (ouverte), me voici
à découvert. J'entends des coups de klaxon et des sifflets,
je fais semblant de rien, lève ma main pour dire bonjour et fonce.
Le barrage est passé. Il y avait des voitures militaires et de
police, mais elles ne sont pas à mes trousses. 5mn plustard, un
taxi me fait une queue de poisson en s'arrêtant brusquement devant
moi. En sort un petit gars mince au visage pas très sympathique
qui essaie de m'arrêter. Je lève ma main avec un grand sourire
pour dire bonjour tout en continuant ma route. Il repart et essaie de
nouveau de m'arrêter. Malheureusement pour lui, on entame une petite
descente où j'atteinds les 65Km/h. Je double un camion, le taxi
essaie de me suivre, mais en face arrive un autre camion déjà
klaxonne bloqué. Notre taxi rétrograde et abandonne la partie.
M'attendant à voir arriver une voiture de police avec sirène,
je me planque dans un coin de la route sous les piqûres de moustiques.
Ce sont des moustiques policiers corrompus. Ils me piquent le sang plutôt
que l'argent. C'est comme un deuxième barrage à franchir,
heureusement ils n'ont pas encore le téléphone portable
pour me dénoncer, moi j'ai la lotion anti-moustique.
Au bout d'une demi-heure, comme rien n'arrive, je reprends ma route. Dans
la journée, je vais voir passer pas mal de voitures de police/militaire,
mais ils dissent bonjour. 2 allemands que je rejoindrai 3 jours plustard
ont été bloqués à ce check-post. On leur a
tout simplement demandé de faire demi-tour. Ils ont alors essayé
de contourner par les "champs", mais il y a une rivière
difficilement franchissable. Ils sont donc repassés le lendemain,
tôt le matin vers 6h, les doigts dans le nez (en général,
les contrôles commencent à 7h).
Et tant donné que je suis parti tôt, je vais beaucoup rouler
ce mercredi. Ca va monter de 2800m à 4600m. Dans la journée,
un taxi s'arrêtera et des gens m'offriront des petits gâteaux
et du thé froid. Je vais croiser aussi des Chinois allant à
Lhasa en moto. Le soir, gros mal de tête, vertiges, je suis épuisé.
Je viens de passer 9h38 à pédaler, encore un nouveau record...
Camping dans la plaine avec un fort vent d'ouest [photo1,photo2].
Ici, en plus du problème de l'altitude, vient s'ajouter le fait
que le ciel est assez nuageux. Donc quand le soleil est visible, il fait
très chaud, mais quand il se cache derrière un nuage, il
fait tout de suite très froid. Et notre organisme a du mal à
suivre. Toute la journée il passe du chaud au froid, du froid au
chaud, etc. Attention les coups de soleil, car on en est beaucoup plus
proche à cette altitude du soleil, ; ) ) Dieu nous brûle
de son intelligence lumineuse !
- Jeudi 17 juin04
Il a un peu neigé cette nuit, mais dès que le soleil apparaît,
la température passe de 3 °C à 25 ° C. J'attends
qu'il fasse plus chaud et que le ciel se dégage pour partir. Ca
va monter jusqu'au premier gros col à 4700m (Km170 depuis Golmud).
Vers 18h30, alors qu'il y a un gros vent d'est qui me pousse à
30Km/h, je m'arrête dans une station écologique, une sorte
de réserve pour protéger les animaux des braconniers (priver
bien sur... pas financé par le gouvernement chinois !) afin de
faire le plein d'eau. Et j'y découvre Rudy (un chinois de 30 ans),
Zhuo (Chinoise de 25 ans), et une Coréenne de 29 ans copine de
Zhuo. Ils vont à Lhasa à vélo. Rudy parle assez bien
l'anglais, on va donc avoir des discutions intéressantes. Comme
tous les Chinois que j'avais rencontrés avant, ils sont très
(trop) fiers de leur pays ! J'essaie de leur expliquer que le nationalisme
est souvent très mauvais. Rudy le comprend mais pas Zhuo. Elle
m'explique qu'elle détestera toujours les Japonais pour ce qu'ils
ont fait durant la 2ème guerre mondiale. Je lui dis que ce n'est
pas les mêmes Japonais qui vivent au Japon aujourd'hui. Les Français
et les Allemands n'ont pas gardé cette rancune, s'ils l'avaient
gardé l'on aurait jamais pu faire l'Europe. L'envahissement du
Tibet est plus qu'une bonne chose d'après eux. Zhuo revendique
même Taiwan et la Mongolie. Je leur dévoile ce que l'on en
pense à l'étranger. J'essaie de leur expliquer qu'ils sont
dans un système de propagande (il y a sans arrêt des pubs
pour donner une belle image de l'action du gouvernement à la télé
et le long des routes [photo1,
photo2]). Ils
sont bien sûrs contre mes idées. Pour détendre l'atmosphère
je vais leur montrer les plus belles photos de mon voyage à la
télé. Ca va plus ou moins les intéresser.
Je vais dormir avec eux dans ce local chinois donc bruyant... donc mauvaise
nuit !
- Vendredi 18juin04,
réveil à 6h (horriblement tôt pour moi !). Les filles
partent à 7h30 [photo]
sans nous attendre. Je bricole le vélo de Rudy, puis l'on part
ensemble vers 8h30. Comme notre cher chinois n'avance pas assez vite,
je sors ma corde pour le tirer afin de rattraper les filles : [photo].
Dur, dur à plus de 4500m d'altitude ! Bizarrement, je souffre moins
ici du manque d'oxygène qu'au Pérou. Mais c'est vrai que
depuis Beijing (Pékin), je suis plus ou moins en altitude (2000-3000m).
Vers 13h, on rattrape enfin les filles, ma souffrance est finie. On mange
des espèces de raviolis, ce qui n'est d'après moi pas une
bonne idée car pour digérer ça, l'estomac va prendre
aux muscles des jambes beaucoup d'énergie. On repart tous ensemble.
Hier soir, j'ai osé dire qu'ils auraient du mal à me suivre
car je serai probablement trop rapide. Zhuo, fille toujours extrêmement
fière, part à toute allure sans nous attendre. Je la rattraperai
quand même ! Le bent est définitivement plus rapide. Même
en montée, je suis souvent en tête, alors qu'ils n'ont qu'à
peine 10Kg de bagage, contre 50Kg pour moi.
En fait, ils n'ont pas de tente et dorment dans des locales publics (pour
la réparation de la route par exemple) ou dans des petits hôtels
[photo]. Résultat,
ils n'ont pratiquement aucun contact avec la Nature. La journée
on se paye la pollution et le bruit des camions, le soir et la nuit, on
est entre 4 murs dans des lieues sordides près de la bruyante route.
Donc je vais finir par les quitter pour retrouver un peu de silence et
de Naature !
- Samedi 19 juin04,
deuxième nuit que je dors pendant seulement 6h (alors qu'il m'en
faut 9 !) à cause du bruit (Rudy ronfle+coup de marteau à
0h dans la pièce d'à côté !). Les filles partent
à 7h, elles n'attendent pas qu'il cesse de neiger... (et tous les
jours elles prendront le mauvais temps du matin, en s'arrêtant vers
14h sans profiter de la belle lumière de soirée). Moi je
vais suivre Rudy qui part vers 8h30, aussi sous la neige... Je rattrape
rapidement les filles, les dépasse et continue ma route seul. Le
soir, je rencontre 2 jeunes Allemands de 20 ans qui font leur première
grosse randonnée à vélo de Xining à Lhasa
puis jusque Kathmandou. On mangent et campent ensemble [photo,
photo1]. Je
leur montre les endroits que j'ai le plus aimé à vélo
durant ce grand voyage autour du monde. Puis leur transmet une partie
de tout ce que j'ai pu apprendre sur les pays, les gens, le matériel
du tourdumondiste, etc.
- Dimanche 20 juin04,
départ vers 11h30, nos amis allemands ont des horaires de vie très
correctes, semblables aux miens ! On laisse passer le mauvais temps du
matin et on attend qu'il fasse un peu chaud pour partir. On va retrouver
Zhuo et son amie coréenne dans un petit village où ils viennent
de manger. On continu le chemin ensemble [photo].
Mais cela ne dur pas longtemps. Autant Zhuo et son amie ne s'arrêtent
absolument jamais, autant les 2 Allemands s'arrêtent sans arrêt
! Moi je suis entre les deux, et n'aime pas trop m'arrêter plus
de 10mn car dans ces cas là, le corps s'arrête d'alimenter
les muscles des jambes et le re-départ est dur. Le soir, les Allemands
vont dans un petit hôtel, moi je continu la route pour profiter
de la belle lumière du soir [photo
yak] et camper dans la Nature.
Toujours beaucoup de camions et de coups de klaxon sur cette route, il
faut absolument s'en éloigner pour bien dormir (avec les boules
quiètes, c'est la Chine !).
- Lundi 21 juin04
En début de journée, la police me double et essaie de m'arrêter.
Les 2 Allemands qui sont derrière moi croient bien sûr au
BSP (Bureau de Sécurité Publique), aux lourdes amendes,
au retour en bus à Golmud, etc. Moi j'entends que les policiers
m'appellent par mon prénom... bizarre ! Je m'arrête enfin,
ils me donnent une petite lettre. C'est juste un mot de Rudy, qui est
derrière et qui espère me revoir bientôt ! Vraiment
paradoxale cette chine. On vous dit que le Tibet est interdit à
vélo, mais la police se charge de transmettre des messages à
vos compagnions de route interdite !
Vers 15h, passage du premier col à 5200m (sur la photo suivante
[photo] c'est
écrit 5070m alors que sur tous les livres il est écrit 5231m...
Les gars qui ont fait ce panneau avaient probablement un altimètre
chinois, de la camelote !).
Après avoir évité la première pluie (les filles,
qui partent toujours trop tôt, vont se la prendre...), l'on n'échappe
pas à la seconde. On va donc se réchauffer dans la tente
de Tibétains éleveurs nomades. On est très bien accueilli.
L'on nous offre de l'eau chaude, du lait de yak et du thé au beurre
de yak (du beurre fondu dans de l'eau chaude, vous pouvez essayer chez
vous, la première fois c'est bon, mais à force, ça
devient écoeurant). Pour nos 2 Allemands, c'est merveilleux, c'est
la première fois qu'ils sont accueillis comme ça chez des
gens d'un autre monde. Pour moi, bof... Puis ce qui m'inquiète,
c'est l'étalage de notre richesse (appareil-photo, vêtements,
etc.). Un moment, nos 2 allemands montrent des cartes postales, sur l'une
d'elles se trouvent l'hotel de ville de Hambourg (un superbe batiment),
les Tibétains pensent que c'est leur maison : "Ils vivent
vraiment dans un suberbe royaume là-bas..." A force, ces relations
favoriseront une certaine jalousie. [photo]
Descente du premier col à 5200m (Km640 depuis Golmud), on retrouve
les filles qui ont déjà fini leur journée (Zhuo a
tout planifié sur un papier, plus de place pour l'aventure...),
il est 16h, je continue ma route pour passer le deuxième col à
5000m. Les Allemands croient qu'il est trop tard, mais partiront quand
même 30mn après moi, pour rouler jusque 23h !
On va avoir du très gros vent glacial. Même sur le plat,
ma vitesse sera limitée à 10Km/h... La pluie viendra. Mais,
pieds et mains gelées, je passerai (Km 690, col à 5000m
d'altitude). 20h40, je trouve enfin une place tranquille pour camper.
Je n'ai pratiquement rien mangé depuis ce matin, je me demande
où mon organisme va chercher l'énergie pour pédaler
et réchauffer mon corps ?!
- Mardi 22 juin04
Départ 12h, je voie passer les filles sur la route et les rattrape.
Elles viennent de passer le 2ème col à 5000m (celui que
j'ai passé hier), sous la neige et le vent (elles partent toujours
trop tôt...). J'apprends que les allemands ont passé ce col
sous la grêle et ont campé environ 10Km avant moi sous un
pont avec le vent (à 23h...).
On va se retrouver tous à Amdo (km760 depuis Golmud). D'après
le livre "Cycling on Tibet" des allemands, il y a un check-post
à Amdo. Etant le premier arrivé, je m'arrête à
l'entrée et déjeune dans un petit resto en attendant les
autres. Zhuo discute avec les locaux et nous apprend qu'il n'y a plus
de contrôle ici à Amdo mais aussi à Nagqu (qui était
un passage très difficile). Par sécurité, Zhuo part
en première et revient nous informer : il y a 3 policiers qui ne
l'ont pas arrêté et on peut les éviter en contournant
par la ville. On contourne donc par la ville. On y fera nos courses. Comme
c'est jour de fête, il y aura plein de policiers partout ! Certains
rigoleront de mon vélo et diront bonjour, d'autres auront un regard
assez froid et suspect. Les Allemands décident de rester là
pour profiter de la fête. C'est assez risqué, mais j'apprendrai
plus tard qu'ils n'auront pas de problèmes.
Moi je continu avec les filles. On va éviter une très grosse
pluie en quittant cette ville. Ça va monter pendant 1-2h [photo]
jusqu'à 4800m. Puis l'on va dormir dans un local public (réparation
des routes) [photo,
photo2].
- Mercredi 23 juin04
Comme d'habitude, les filles partent sous la pluie et les nuages à
7h30. Moi je prends mon temps, attendant que mon linge sèche, partant
vers 11h. Dans la journée, je vais traîner pour laisser passer
les pluies devant moi. 20h30, j'arrive à Nagqu [km915 depuis Golmud],
mange rapidement des noodles à l'entrée de la ville et traverse
cette zone encore pleine de flics sous le soleil qui se couche et me permet
une relative discrétion. En sortie de ville, il y a un local de
surveillance sur la droite avant une longue montée, mais rien ne
se passe.
J'irai camper 10Km après, sous la pluie. On dirait qu'il pleut
toujours ici !
- Jeudi 24 juin04
J'attends jusque 15h pour remballer la tente entre 2 averses. 17h très
grosse averse de grêle, je me protège derrière le
vélo, les pieds trempés et gelés. 20h30, alors que
je campe assez loin de la route, je voie passer Rudy qui essaie toujours
de me rattraper. Il n'entend pas mon sifflet. A force de vivre dans le
bruit, les Chinois n'entendent plus...
- Vendredi 25 juin04
Départ 11h, 17Km plus loin je retrouve Rudy qui mange dans un petit
resto, il m'y invite. Après avoir discuté avec des jeunes
(24-26ans) tibétains qui sont très content que la Chine
est envahi ou plutôt "libéré" le Tibet.
On repart vers 14h sous un terrible vent de face. Je ralentis pour que
Rudy puisse me suivre, mais il lâchera quand la pluie tombera. En
fin de soirée, je vais encore traverser une grosse pluie/grêle
[photo], mais
derrière, le vent tournera et j'en profiterai pour foncer jusque
20h30. Je me pose sur le plus grand terrain de camping du monde, parfaitement
plat : [photo]
- Samedi 26 juin04
Il a fait "chaud" cette nuit (3°C). Je traîne pour
que Zhuo, son amie et Rudy me rattrapent, mais je ne les verrai pas.
Je vais démonter mon pneu arrière 3 fois aujourd'hui : première
en réparant un rayon cassé, la fusée (écrou
du rayon) tombe dans la jante profilée. Après, ce sera une
crevaison. Puis finalement le pneu qui s'arrache... Il y a des jours c'est
comme ça !
Pendant que je petit-déjeune, une dame de 45 ans env. vient s'assoire
juste devant moi. Elle ne répond pas à mon "Ni Hao"
(bonjour), et me regarde en souriant plutôt bêtement. D'habitude
j'ai droit à la visite de gars qui viennent voir le vélo
de près, mais des femmes jamais. D'autant plus que celle-là
ne s'intéresse à rien et a l'air d'attendre quelque chose.
Ca me rappelle des situations dans les Andes péruviennes. Quand
le matin, des adultes envoyaient leurs enfants (parfaitement habillés
d'habilles neufs) me demander de l'argent. Bizarre, je n'ai pas encore
connu ça en Chine ou au Tibet. Au bout de 20mn à me regarder
toujours avec le même sourir, cette bonne femme s'en va. Arrive
un gars plus jeune. Il sort une fine boîte métallique à
stylos. L'ouvre de manière assez maladroite en faisant tomber de
la terre partout et me propose le verre qu'il y a dedans. Je lui fais
comprendre gentiment que ça ne m'intéresse pas. Il reste
là 15mn à me regarder démonter ma roue. Comme rien
n'arrive, il finit par partir dans la même direction que la bonne
femme, toujours sans dire au revoir. Et dans cette direction, une heure
plus tard je vais croiser un énorme camion/bus [photo,
photo2] à
touristes avec remorque venant de décharger ses "riches bêtes
curieuses". Bêtes curieuses qui se baladent autour des tentes
ex-nomades tibétaines. Je dis ex-nomade car j'imagine qu'il ne
faut surtout plus bouger de cet endroit où l'argent tombe toute
seule. Je comprends mieux. Il est clair que l'organisateur du Tour, qui
n'est là que pour faire du fric, ne demande pas à ces Mr
et Mme "Billet" de ne pas étaler leur richesse, de ne
rien donner aux autochtones, ou d'arriver avec des vieux vêtements.
Les gens d'ici vivent comme dans les années 1500 en France. Ils
se lavent à peine une fois par an et passent leur vie à
suivre des troupeaux de yaks ou de moutons... Imaginez le décalage
!
Je me dis : "Vive le Tibet libéré à la Chinoise
et interdit aux touristes" ! Quoique, comme ce n'est pas interdit
aux touristes chinois (et c'est les pires), ça n'arrange pas grand
chose !
Plus loin, en allant vers le lac "Nam Co" ce sera des enfants
qui me couriront après pour me demander de l'argent... Ah, le tourisme
! Peu de gens savent à quel point ça pollue !
Le lac Nam Co est maintenant payant (40Y). c'est une piste assez difficile
sur laquelle je vais d'ailleurs, à peine commencée, y arracher
un pneu. Quand on m'arrête à l'entrée (qu'il bétonnent,
pour détruire un peu le paysage !) en me demandant 40Y, je fais
demi-tour ! Pour un européen, c'est pas beaucoup 40Y ! Mais je
vis ici avec 10Y par jour, donc c'est quand même beaucoup. Puis
c'est pluss le principe qui m'embête. J'ai horreur d'être
pris pour un billet ambulant et je suis contre la marchandisation du monde.
S'il y a un bois à côté de chez vous et que vous aimez
vous y balader, méfiez vous, il se pourrait que dans quelques années
ce bois soit racheté par une entreprise privée et que l'entrée
devienne payante !
- Dimanche 27 juin04
Jour du seigneur ! Interdit de travailler ! Les chinois derrière
moi s'en foutent, ils n'ont pas de religion et bosse sur la ligne de chemin
de fer qui commence déjà à dévisager tout
le paysage (énormes ponts pour franchir les rivières ou
la route, etc. Une horreur !). Remarquez, les moines tibétains
qui font leur pèlerinage (route de prières jusque Lhasa
avec des espèces de sabots aux mains qu'ils font claquer avant
de s'allonger sur le sol en les faisant glisser, mais ce n'est pas si
sérieux que ça, quand ils me voient sur mon vélo
de clown, ils arrêtent leur prière pour rigoler [photo])
profitent bien de cet espace, c'est nettement moins dangereux que de prier
sur la route entre les camions qui foncent à 80Km/h. Je reste sous
la tente toute la journée pour écrire ce que vous venez
de lire, en levant la tête de temps en temps pour apprécier
le paysage et surveiller les espèces de petits cochons d'Inde ou
grosses souris sans queue qui me surveillent doublement : "qu'est-ce
que c'est que cet intrus ?" [photo]
- Lundi 28juil04
Je vais à Lhasa. Après l'entée du lac "Nam Co"
payante et l'apparition de la pollution touristique, j'ai bien faillit
ne pas y aller...
Lhasa (3685m
d'altitude)
L'arrivée à Lhasa
fut agréable et facile puisque l'on passe de 4500m à 3600m
d'altitude [photo].
Ca descend doucement. La température, elle, monte. Il fait même
un peu trop chaud la nuit ici. En y entrant par l'ouest, j'essaie de me
faire raser la barbe dans une petite boutique, mais non ! On ne le fait
pas pour les étrangers ! C'est un peu trop chinois par ici ! Au
deuxième essai, comme l'on me refuse encore, j'emprunte la tondeuse
de madame et me rase moi-même !
Lhasa : à l'ouest, ville Chinoise sale, laide et capitaliste (grands
magasins partout, [photo]).
A l'est, vieille ville Tibébetaine, charmante mais très
touristique (quoique j'ai déjà vu bien pire... comme à
Cuzco au Pérou). Les prix des lieux touristiques augmentent d'ailleurs
chaques années. C'est la marchandisation du monde ! Certains se
sont accaparés ce qu'ont construit nos ancêtres et se font
de l'argent dessus. Mais il y a toujours plus de "tourichtes"...
Attention au poteau là ! J'y fais un tour, au Palais du Potala
[photo, photo2].
C'est l'édifice le plus impressionnant de Lhasa (premières
constructions de 1645). ll abrite les appartements du Dalai-Lama (actuellement
refugié dans le Nord de l'Inde), et les tombeaux des anciens Dalai-Lama.
C'est un grand temple de prière pour tous les bouddhistes. J'y
vois surtout beaucoup de billets que les gens déposent devant les
statues. Le dollar américain est souvent mis au dessus des autres
billets. Il a l'air plus important, tant pis pour l'Euro. C'est marrant
comme la religion est toujours très fortement liée à
l'argent et au pouvoir...
Le prix de l'entrée : 45Y en 2001, 100Y (10euros) en 2004 !
A Lhasa, je vais retrouver les amis chinois croisés en route qui
m'en présenteront d'autres. Mais depuis mon arrivée dans
cette ville (sale comme toutes les villes), j'ai une très grosse
diarrhée et je sais que le meilleur moyen pour me guérir,
c'est de reprendre avec force le vélo. Après 6 jours, je
pars. Ca me guérira.
Le
Tibet et la Chine
En fait, depuis l'occident,
l'on n'a pas une bonne vision et l'on ne comprend pas forcement tout ce
qui se cache derrière ce problème d'envahissement du Tibet
par les Chinois. C'est beaucoup plus compliqué que ce que l'on
peut penser. Et j'ai bien l'impression que la majorité des Tibétains
sont ravis de cette intrusion. Comme le dit si bien le guide Lonely Planet,
et contrairement à ce que prétendent certains occidentaux,
entre 1911 et 1950, le Tibet n'était pas une démocratie
libérale mais une théocratie des plus répressives
fondée sur le servage. C'est aussi ce que me disent les jeunes
Tibétains. Et c'est l'argument premier des chinois pour justifier
cette "libéralisation" à la chinoise (encore de
la camelote libérale "made in china"...).
Quelques chiffres tout de même : entre 1950 et 1970, les Chinois
causèrent, en "libérant", la mort de 1, 2 millions
de Tibétains et détruisirent la majeure partie de l'héritage
culturel du pays. C'est la "libération" culturelle à
la Chinoise !
Aujourd'hui, je crois que le Tibet est surtout pour la Chine une bonne
"pompe à fric" (de ce que j'en sais pour le tourisme).
Maintenant, moi-même j'ai beaucoup de mal à en dire quoi
que ce soit car les jeunes Tibétains qui vont dans des écoles
dirigées par des Chinois sont forcément manipulés.
Ce que je vois c'est que le long des routes, il n'y a pas de publicité
pour Coca-Cola comme partout dans le monde, mais il y a de la pub qui
met en valeur tous les grands travaux qu'effectue le gouvernement chinois
au Tibet, bref de la propagande. Des travaux qui gâchent tout le
paysage mais personne ne s'en souci pour le moment [photo1,
photo2].
Carl Georg me disait que le tibétain était encore plus fermé
que le Chinois par rapport à l'étranger. Qu'il refusait
toute amélioration.
Et c'est vrai que probalement, si la Chine n'avait pas envahi le Tibet,
la vie ici serait encore plus moyenâgeuse qu'elle ne l'est. Il n'y
aurait pas de route bitumée, pas d'électricité, pas
d'hôpitaux, pas d'aéroport, et pratiquement pas d'infrastructures
touristiques. Pas de poteaux électriques partout qui dévisagent
le paysage, pas les coups de klaxons permanents de ces pu..ains de conducteurs
chinois, pas de pollution, etc.
Maintenant, qu'est-ce qui est mieux pour la population locale ?
- Le progrès : le bruit
des voitures et camions sur les routes, la pollution atmosphèrique
qui va tous nous réchauffer (et ce n'est qu'un infime début
!), les déchets nucléaires (si vous avez lu les sites webs
en référence au début du chapitre Tibet, vous savez
que les chinois les enfuissent ici...), le pouvoir de l'argent, la corruption,
la mafia, la sur-population, l'égoisme (puisque tout repose sur
l'argent, l'on a plus besoin de l'aide des autres), etc.
- Ou le moyen-âge avec
des gens accueillants fraternels, solidaires les uns des autres, une vie
physiquement plus difficile mais psychologiquement plus facile, une vie
lente, proche et respectueuse de la nature car c'est elle qui nous nourrit
directement (sans passer par le supermarché et le portefeuille...),
etc.
Un
long email de Fred Ferchaux en reponse à ce paragraphe.
Un
très bon article sur le Tibet et l'envahissement chinois (http://amis.univ-reunion.fr/Conference/Complement/175_tibet/)
40 000Km
et 2 ans de voyage
Le vendredi 18 juin 2004, j'ai
passé la barre des 40 000Km. Le 25 juin 2004, je passe la barre
des 2 ans de voyage. Tout roule. Pas de nouveau accident depuis celui
du Salvador fin décembre 2002. En Nouvelle-Zélande, j'ai
pu remplacer les pièces très usées du vélo.
Je suis en fait sur le chemin du retour. Tous les soirs, quand je regarde
le soleil se coucher, je sais que la France est en dessous...
RECORDS:
Plus haute température : 45-50ºC en Amérique centrale
principalement.
Plus basse température : -16ºC en dehors de la tente, une
nuit au Salar d'Uyuni, sud Bolivie.
Plus haute altitude à vélo : 5220m col "Jia Tsuo La"
au Tibet.
Le plus de kilomètres en un jour : 190Km (lac Qinghai Hu, Tibet).
Le plus de temps passé sur le vélo à pédaler
: 9h38 (6h30 à 19h, après Golmud, Tibet. Avec montée
de 2600m à 4700m d'alt.).
Vitesse maxi en descente : 90Km/h (Santa Fe, USA).
Le meilleur pneu : 14 800Km (dont 2700Km à l'arrière) effectués
par un Michelin 26×1.5.
1er cassette qui dure pendant 26 500Km !
66 crevaisons réparées.
26 rayons cassés et changés sur roue arrière.
Route Lhasa - Katmandou, 3juil2004 [carte
chinoise, carte
english, 280Ko]
Départ de Lhasa vers
11h. L'ami Rudy m'accompagne à vélo jusqu'à la sortie
de la ville. Pas trop de trafic.
Quelques heures plus tard, je rattrape un jeune chinois croisé
hier à l'hôtel, qui va aussi vers l'ouest. En me voyant,
ça lui donne le moral et il essaie de me suivre [photo].
Mais avec son vélo, il aura du mal... L'on ne pourra rouler ensemble
bien longtemps. Je le recroiserai plus tard, après la route en
construction ; où il prendra un camion.
Donc j'arrive à cette route en construction... En fait, j'étais
censé prendre une route plus au sud. Et en suivant les panneaux,
je suis tombé dans une sacrée galère ! Mais ça
fait partie de l'aventure. Puis c'est agréable de faire un peu
de cross de temps en temps. Tant que la mécanique tient le coup
! Avec les fabrications Challenge, j'ai confiance...
Avant d'entrer sur ce terrain miné de pierre qui cherche à
exploser mes pneus, un gardien chinois posté près d'une
barrière essaie de m'expliquer que la route est bloquée
et qu'il vaut mieux passer par la route du nord de Lhasa. En 2 ans de
voyage, j'ai toujours su passer partout. Très confiant, je continu.
Premier obstacle, une grosse rivière qui dévale de la montagne.
J'enlève mes chaussettes, ferme soigneusement mes sacoches étanches,
puis avance doucement. De l'eau jusqu'aux genoux, un fort courant essayant
d'emporter le vélo, un 4×4 bloqué au milieu, j'arrive
sur l'autre rive au bout de 15mn [photo].
Le bent grince un peu, il me demande de l'huile.
Puis suivront des petites montées à 15%, des passages de
grosses pierres [photo],
des passages de gadoue [photo],
des passages de gros bruit [film
compresseur sans pot d'échappement 3,3Mo], et tous les 100m,
des groupes de chinois qui s'arrêtent de travailler pour regarder
le spectacle de l'étranger sur son vélo de clown, tout en
criant "Hello, Hella, Ok, etc." [photo1,photo2].
Sur cette route en construction, je vais bien croiser 300 personnes par
jour ! Ce qui fera tout de même plus 1000 "Hello" par
jour !
Il pleuvra pratiquement tous les soirs. J'irai parfois m'abriter sous
les tentes de chantier où l'on m'offrira une fois à manger
(pas des frites...).
Dimanche 4 juillet, au soir, un dynamitage bloque la route. Je suis obligé
de planter ma tente sous la pluie et attendre jusqu'au lendemain 17h la
ré-ouverture de cette route [photo].
Une longue file de camionneurs attendra aussi : ils prostituent au passage
les jeunes filles tibétaines qui vivent dans les montages.
Lundi soir, gallère finie, je retrouve enfin la route bitumée
à "Dagzhuka". Après 3 jours de galères
dans ce chantier chinois, je crois que de toute ma vie, je n'ai jamais
autant apprécié le silence !
A Xigazé, il y avait avant un check-post, mais aujourd'hui plus
rien. Je prends quand même la précaution d'éviter
de passer devant le BSP (Bureau Sécurité Publique) en contournant
par le sud de la ville. Puis l'on retrouve la piste avec de la légère
tôle ondulée. Je vais encore rouler tard ce soir. Dans les
villages tibétains que je traverse, je n'ai pas le courage de m'arrêter
pour faire le plein d'eau. Il y a toujours plein de monde qui cri et rigole
à mon passage. Et les enfants qui me courent après pour
me demander de l'argent. Si je m'arrête, je suis tout de suite entouré
par 20 personnes qui commencent à toucher à tout sur le
vélo, tirer sur tout, tout essayer. Il y a moins de monde mais
c'est bien pire qu'en Chine car il n'y a plus d'éducation ici.
De Lhasa jusqu'à la frontière Népalaise, 99,9% des
enfants (de 0 à 20ans) me couriront après pour me demander
de l'argent ! Ils font parfois 1 ou 2 Km en courant comme des fous dans
la montagne pour arriver jusqu'à la route en tendant la main et
en criant "money, money, money". Je leur dis maintenant bonjour
en tendant la main !
Il est clair que les touristes polluent !
Au Népal, ils diront bonjour avant de demander, il y aura du progrès...!
Ne donnez rien quand vous allez à l'étranger dans un
pays en "voie de développement" !!! Juste un bonjour
!
40Km
avant Lhazé, ca va monter assez longuement (10%). La descente se
fera en soirée, sous la pluie. Je pense à m'arrêter
mais ne trouve que de l'eau boueuse pour me laver et cuisiner. Donc je
continue la descente sous la pluie. Je retrouve des villages pour faire
le plein d'eau claire (les Chinois ont installé des robinets d'eau
potable dans le centre des villages). Puis cherche un endroit pour camper.
Mais même dans l'obscurité de la nuit, les gamins tibétains
me voient et me courent après pour me demander de l'argent. Je
vais donc rouler encore et encore dans le noir et sous la pluie jusque
23h30 ! Il n'y aura pas de check-post à Lhazé. Je finirai
par planter la tente sous une très forte averse au bord de la route.
Lendemain matin, j'attends comme d'habitude que le soleil se montre pour
sécher mes affaires. 11h45, il apparaît enfin ! Mais à
13h, les pluies recommencent ! Je suis déjà reparti. Pas
la peine d'attendre que ça passe, ça ne fera que s'aggraver.
On est début juillet et les mois les plus pluvieux au Tibet sont
juillet-aout.
De 13h jusque 21h, je vais tirer mes 140Kg sur une sale piste à
5-12% et sous la pluie. Passage de 4000m à 5220m d'altitude. Quand
mes pieds deviennent trop froid, je marche en poussant le vélo
(le sang redescend et l'effort me réchauffe).
Arrivé en haut épuisé [photo],
il pleut encore plus et la descente se fait sur une piste de gadoue...
mais l'on verra ça demain. Il est temps de dormir !
Vendredi 9 juillet 2004. Ce matin, la piste est encore plus mauvaise qu'hier
puisqu'il a neigé toute la nuit ! Heureusement de 12h à
13h le soleil fait une apparition pour sécher mes affaires. [photo]
Merci soleil ! Puis la pluie recommence...
Pour ne pas tomber sur cette gadoue : je limite la vitesse à 10Km/h.
Autant être en montée !!!
Arrivée à "Xégar" [photo]
vers 17h. Ville touristique tibétaine en construction sous décision
chinoise à priori. Je retrouve un ami chinois qui vient d'aller
au camp de base du "Qomolangma Sagarmatha", Everest (8848m),
plus haut sommet du monde. Il ne l'a vu que 5mn et aujourd'hui, il est
invisible à cause de la pluie... C'est encore un attrape tourichtes
à 100 yuans l'entrée. Je n'irai pas.
Dans la montée (5-10%) du dernier col à 5050m, je vais dépasser
un couple chinois sourd-muet qui vient de Beijing (Pékin) à
vélo. Lui, "Jin Zhong Fu", 60 ans, a déjà
beaucoup voyagé à vélo aux US, Canada, Japon, Australie,
etc. Elle, "Zhan Jie", 36 ans, n'en est qu'à ses débuts.
[photo]
Comme ils n'ont pas assez de vitesses/développement, ils poussent
le vélo ; et finiront d'ailleurs par prendre un des nombreux tracteurs
ou motoculteurs qui sont censés entretenir la route. Je crois que
le gouvernement chinois essaie d'embaucher des Tibétains pour l'entretien
de la route. C'est pas gagné ! Toute la journée, à
chaques fois que je les croise, ils sont allongés au bord de la
piste à discuter en buvant le thé...
J'arrive en haut de ce dernier col à 5050m d'altitude vers 20h.
Le vent souffle très fort. Je réussis quand même à
planter la tente (expérience Patagonienne oblige) [photo]
. Je vais très mal dormir. Il ne fera que 0°C, mais je serai
glacé. Le manque d'oxygène se fera beaucoup plus sentir
aussi. Peut-être à cause du vent qui m'apporte un air venant
des hauts sommets à plus de 8000m et quasi vide en oxygène.
J'aurai toute la nuit une forte sensation d'étouffement. Le lendemain
matin, je reverrai passer pour la dernière fois un groupe organisé
de 8 slovènes qui faisaient aussi le trajet Lhasa-Kathmandou en
VTT léger et camion de ravitaillement. Comme ils roulaient de 7h
à 14h (sous le mauvais temps) et moi de 12h à 20h, on se
croisaient tous les jours.
Lundi 12 juillet 2004, le vrai départ du Tibet. Après Nyalam
(ville très chinoise avec base militaire, les
poubelles partent au Nepal...), ca ne fait plus que descendre (jusqu'à
500m d'altitude). On quitte les plateaux désertiques pour entrer
dans une profonde gorge où la piste longe la montagne, et où
l'eau se met à tomber de tout côtés. Le changement
est émouvant. Toute cette vie, cette eau, cette verdure qui apparaît
en quelques kilomètres ! C'est magnifique ! [photo,
film
1,3Mo ]
Arrivé à la frontière [photo],
la route est bloquée à cause des pluies, j'attends le lendemain
pour passer. La piste de gadoue (parfois 30cm) à 10-15% est dans
un état catastrophique. Surtout ne pas trop s'approcher du bord,
ça glisse et l'on serait vite dans le ravin... Il y a déjà
eu des cyclistes occidentaux tués. [photo]
Au Népal, à 1000m d'altitude, avec l'extrême chaleur
et l'humidité, je vais souvent éviter l'insolation de justesse.
C'est la mousson, la mauvaise saison.
Conclusion
Tibet
Je quitte le Tibet en me disant
que tous comptes fait ce n'est pas si mal que la Chine l'est envahi, ca
fera un pays hyper-sous développé en moins. Car je comprends
maintenant un peu l'état d'esprit des Tibétains. C'est pire
que l'Afrique, ils se foutent de tout et ne cherchent pas à améliorer
les choses. Ils pensent surtout à s'amuser. Et je n'ai pas l'impression
que le bouddhisme puisse les aider à avancer. C'est même
plutôt le contraire... Ca me fait penser au "Inch Allah"
(si dieu le veut) d'Afrique... Pour les chinois, ça a du être
très facile de s'emparer du Tibet.
Au niveau paysage, ce n'est que vers la frontière Népalaise
que je l'ai trouvé très beau. Au milieu du Tibet, on est
en général sur un grand plateau à 4000-5000m. Pas
de vue spectaculaire. Les pics des montagnes sont très loins. C'est
assez nuageux voir pluvieux.
42000Km.
Pour ceux qui partent
Le trajet que j'ai pris de
Beijing jusqu'à Lanzhou n'est pas très agréable.
La muraille de Chine après Badaling c'est ça : [photo].
Il y avait quand même beaucoup de monde dans les endroits où
je suis passé. Mais c'est peut-être pire dans le sud-est.
Pour les bentrideurs, quand vous en avait marre des curieux, vaut mieux
faire le mort. Si vous montrez votre énervement, ça va très
probablement les encourager à vous embêter davantage. C'est
comme avec des enfants. Il ne faut pas entrer dans leur jeu ou ils iront
jusqu'à l'affrontement. N'oubliez pas ma pancarte "marre des
curieux" [photo].
Pour camper pas vraiment de problème, les gens ne disent rien,
mais il y a souvent du bruit (camions, quelques chiens, etc.). N'oubliez
pas votre casque antibruit ou des boules quiètes ; vous pourriez
fortement le regretter...
Peut-être que le seul intérêt de ce parcours est qu'il
n'y a pratiquement pas de touristes, et que la population est encore authentique.
Le bent ou un vélo bizarre, c'est un bon atout pour entrer en communication
avec les autochtones.
La nourriture, rien à voir malheureusement avec les restos chinois
européens. Plutôt que du doux et sucré, c'est du piquant.
Et principalement des noodles, noodles, noodles... L'eau est souvent trouble.
J'ai quand même tenu 3 semaines sans diarrhée. En entrant
au Tibet, très grosse diarrhée à cause d'oeufs avariés
(souvent difficile à voir, et je les avais bien cuit). Fini les
oeufs !
Après Xining, le
paysage vaut vraiment le coup et la circulation diminue (15 véhicules
par heure). Il y a parfois 120Km sans rien, mais de l'eau tous les 50Km
au moins.
Après Dulan et Xiangride, c'est le désert [photo]
avec du gros vent d'ouest. Si vous n'avez jamais roulé dans un
désert, vous aimerez peut-être. Pour moi, c'était
horriblement laid et long. Attention, avant Golmud, il y a un endroit
avec 140Km sans rien, peut-être juste une rivière à
mi-parcour. Et un autre endroit avec 78Km sans rien... même pas
d'eau. Avec le vent de face, il vaut mieux partir très tôt
pour être sûr de ne pas manquer d'eau.
Pour la route Golmud-Lhasa,
voir plus haut. [carte
chinoise, carte
english, 280Ko]
Résumé :
- un check-post à 35Km du centre Golmud à passer avant
7h.
- Amdo, plus de check-post ou possibilité de contourner par la
ville et traverser plus loin la rivière en marchant.
- Naqgu, qui était un gros check-post, plus rien. Je suis passé
vers 20h30. Beaucoup de pluie dans cette zone.
- Un contrôle de pesée pour les camions avant Lhasa, où
les policiers me regardent passer en rigolant du bent.
Personnellement, j'ai trouvé qu'il y avait beaucoup trop de trafic
sur cette route. Puis il pleut assez régulièrement. Le ciel
est souvent très nuageux. Bizarrement (mais pas si bizarre que
ca puisque l'on est en Chine) pour trouver de l'eau potable c'est pas
évident. Dans les Andes, je buvais l'eau des chutes et des petites
rivières sans aucun problème. Ici, il y a des déchets
partout, parfois des piles qui pourrissent dans les rivières, puis
aussi les excréments des yaks ou des moutons. Donc les gens font
bouillir l'eau. Mais l'eau que l'on vous donne dans les petits restos
est rarement claire et personnellement j'ai encore eu pas mal de diarrhées.
[Un petit texte à propos
de l'eau]
Pour la route Yunan(par
Dali et Kunming)-Lhasa : [carte
chinoise, carte
english, 280Ko]
D'après ce que m'ont dit des Allemands à Lhasa :
- un check-post avant et après Yanjing, à passer de nuit
avant 7h.
- un check-post à Markam, à passer de nuit avant 7h.
- des risques de contrôle à Nyingch, mais ils sont passés
en plein jour sans problème.
- des risques de contrôle à Bayizhen, mais ils sont passés
en plein jour sans problème.
D'après tout ce
que j'ai pu lire ou entendre, la route par le Yunnan est la plus belle
pour aller au Tibet. Mais c'est probablement aussi la plus dure. Le trajet
de Hong-Kong à Kunming est sans intérêt.
A Lhasa, il y a un gars
qui peut vous aider à trouver des pièces de vélo
de qualité. C'est un jeune de 26ans qui a tenu plusieurs magasins
de cycles. Il vit prêt du Yak hotel : lishuiqing1978@yahoo.com.cn
(en anglais ou chinois)
Pour la route Lhasa-Kathmandou
(juil2004) : [carte
chinoise, carte
english, 280Ko]
En quittant Lhasa, il y a 3 possibilités (voir carte
english):
- remonter vers le nord-ouest de Lhasa (Yangbajain), pour redescendre
vers le sud-ouest (Margyang) en passant le col de Suge La (5300m). Il
paraît que c'est une route en bon état.
- descendre au sud de Lhasa vers l'aéroport et prendre au premier
carrefour (avant un grand pont) la direction de Xigazé. C'est une
route assez plate qui suit une gorge. Elle était en construction
quand je suis passé, mais devrait être finie à partir
de 2005.
- dernière solution. Toujours au sud de Lhasa, au lieu de prendre
la direction Xigazé au carrefour, vous passez le pont et allez
vers Gyangzé. Il paraît que le paysage est beau. Mais comme
c'est une route qui va vers l'Inde, il pourrait y avoir un peu plus de
trafic.
De Lhasa à Kathmandou,
pas vu de check-post. Juste un contrôle de passeport 6Km après
Xégar.
Comparé à la route Golmud-Lhasa, il n'y a plus de trafic
(1 véhicule/3-4mn). Voir récits ci-dessus pour détails.
Si vous vous faites prendre
par le PSB ("Pas Sans Billets"), sachez qu'avec les chinois,
les lamentations, pleurs, etc. ça ne marche pas trop. Ne jamais
perdre la face... Montrer que vous êtes fort, poli, courtois et
résigné à ne pas payer. Comme dans les autres pays
que j'ai parcouru, le meilleur moyen de s'en sortir est encore de faire
semblant de ne rien comprendre. A quelqu'un qui vous cherche des problèmes,
posez-lui en d'autres... comme celui de ne pouvoir se faire comprendre...
N'oubliez pas de préciser que ça fait une bonne 10aine d'année
que vous voyagez à vélo autour du monde (Amériques,
Afriques, etc.), et que vous êtes habitué à résister...
Que vos parents sont décédés, que vous n'avez plus
d'argent de côté, etc.
Un dernier conseil, ne
donnez jamais votre passeport à qui que ce soit ; donnez plutôt
une photo-copie, ou alors, suivez à la trace celui à qui
vous venez de le donner. Sans passeport, vous êtes foutu et victime
potentiel de tout chantage...
Un site sur les routes
au Tibet, avec les cols, kilomètrage, etc. (mais je crois qu'il
y a des erreurs) : http://www3.utsidan.se/corax-e/
Les cols franchis au
Tibet :
De Golmud à Lhassa (cliquez
ici) :
col Kunlun à 4850m (km170 depuis Golmud)
col du Fenguo 5080m
col Tanggula 5359m
Katmandou vers Lhassa :
col Gyatso 5220m
col Lalung 5050m
col Yarlung 5200m
http://www.chez.com/fredocol/coltibpr.htm
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